Le passé composé est un temps impur comparé au passé simple qui, lui, est devenu au cours des siècles le temps pur du récit littéraire, « le rituel des Belles-Lettres […] l’image d’un ordre […] il est un mensonge manifesté ; il trace le champ d’une vraisemblance qui dévoilerait le possible dans le temps même où elle le désignerait comme faux.
La femme est comme un livre qui, bon ou mauvais, doit commencer à plaire par le frontispice ; s’il n’est pas intéressant il ne fait pas venir l’envie de le lire, et cette envie est égale en force à l’intérêt qu’il inspire. Le frontispice de la femme va aussi du haut en bas comme celui d’un livre, et ses pieds, qui intéressent tant des hommes faits comme moi, donnent le même intérêt que donne à un homme de lettres l’édition de l’ouvrage.
Une femme est à conquérir, il faut briller, il lui faut être le plus fort, le plus riche.
La fusion amoureuse, c’est le moment où les deux partenaires perdent le sens de leur différence.
On pourrait aujourd’hui prendre le confidente pour un mouchard, un indicateur de police. Mais la République est fière de son bon gouvernement et de la fidélité de ses citoyens. Les codes de l’honneur d’alors ne sont pas les nôtres. Si l’on accepte de jouer le jeu, on est plutôt bien considéré. Dans le secret des nobles, dans les petits papiers des Inquisiteurs.
Il y a donc un savoir à puiser dans les femmes, un savoir parallèle à celui qu’on peut trouver dans les livres mais distinct sans doute.
Il a compris que toutes ces femmes s’ennuient profondément. Vierges enfermées dans des couvents par leurs parents, mariées plus ou moins recluses, femmes oubliées, tyrannisées par les lois, leurs familles, leurs maîtres ou leurs amants, il suffit de très peu pour les faire sortir de cette mélancolie qui est leur lot. Les femmes perçoivent vite qu’elles sont en présence d’un homme peu ordinaire. Avec Casanova, pas d’ennui, pas de tristesse, pas de ressentiment, pas de sentimentalisme, pas même de mélancolie, la désinvolture, la dilapidation, les jeux, les plaisirs…
Je sanglotais, je pleurais comme un enfant qu’on mène par force à l’école. » L’image est étrange. Que la joie excessive l’étouffe, on le comprend. Mais « l’enfant qu’on mène par force à l’école », voici qui semble contradictoire. À moins que l’évadé, du fond de son bonheur, ne mesure soudain l’effroi de ce qui l’attend. Contre son gré il doit quitter sa mère patrie, ou plutôt il est encore une fois abandonné par elle. Et il doit retourner à l’école du monde, découvrir de nouveaux décors, de nouveaux acteurs.
Il suffit de se comporter en calquant un roman, un grand roman, pour composer soi-même un autre grand roman.
Il écrit sa vie en la vivant. Son écriture, c’est sa parade quotidienne, l’entrecroisement de toutes les combinaisons, la musique des histoires. Un art de vivre polyphonique.