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Citations sur L'Enfance est un rêve d'enfant (2)

Le Général était triste. Les larmes perlaient aux coins de ses paupières. Il allait droit devant lui, sa tête perchée en haut de son corps immense heurtant parfois les lampes des réverbères.
Les plus matinaux commençaient à sortir des immeubles, leurs visages semblaient avoir été modelés par un sculpteur qui à force d’aigreur aurait pris en grippe l’esthétique. Les yeux étaient plantés dans les pommettes, la bouche flottait sous le menton, le nez se descellait sans cesse comme une pièce rapportée, et ils étaient obligés de le ramasser quand il tombait dans le caniveau.
De Gaulle se demandait pourquoi ils étaient à ce point abîmés, alors que les bambocheurs qu’il avait vus tout à l’heure conservaient au moins l’apparence humaine. Il traversait les places, longeait les avenues, fendant une foule de plus en plus dense d’individus de plus en plus laids, certains traînant leur tête derrière eux comme un boulet, d’autres courant après leur conscience matérialisée par un nuage gris, des nounous innommables traînant dans des poussettes des rejetons liquides au regard exorbité qui surnageaient comme des croûtons.
La foule se faisait poisseuse, visqueuse, le Général luttait en vain pour s’en extraire, on l’escaladait comme un arbre, les uns se penchant sur ses épaules, sa tête portant le poids des autres. Il avançait, mastodonte chargé de la descendance infâme de ces innocents qu’il avait arrachés au bain de lave, planète douloureuse, honteuse, noire de se sentir coupable, car il se reprochait de les avoir négligés pour s’occuper du monde et l’arracher à l’obscurantisme, à la cruauté inhérente à l’état de nature, le trimballant de révolutions en guerres mondiales avec l’abnégation d’un père, d’un Christ, l’opiniâtreté d’un raisonnement mathématique qui va jusqu’au bout de sa démonstration, refusant malgré les écueils de se faire dictateur, axiome imposé aux peuples comme un pronunciamiento.
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Alors que je voyage sans doute en plein dans mon enfance, éternelle comme une matinée de juillet, si claire, si éclatante, qu'aucune après-midi, aucune nuit ne la suivra jamais. Le temps est bon pour les fous, les montres, les paléontologues, le temps est pédant comme un lévrier afghan, imaginaire comme un souci, je n'y crois pas davantage qu'aux sourires qui s'étiolent, aux caresses qui s'envolent, aux baisers qui s'enfuient comme des voleurs pour échapper à la lueur de l'aube, aux étreintes ankylosées des corps aux désirs depuis longtemps évaporés, à l'amour fugace, incertain, apparu l'espace de l'instant où il a disparu.
Je serai toujours là-bas, l'enfance est un lieu, ce n'est pas une époque.
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