Ouest-France, 16 juin 1997
Elle a huit ans, des yeux bleus, des cheveux blonds, un T-shirt vert et un jean. Voici le portrait d’Aurore Boulanger lorsqu'elle a été vue pour la dernière fois, hier après-midi à Trémenc, dans les Côtes-d'Armor.
La fillette a disparu alors qu’elle jouait près d’un terrain de sport où se déroulait un match de football intercommunal. Des dizaines de policiers sont à pied d'œuvre pour la retrouver. Avec l’aide de la population, ils ratissent les alentours sur un rayon de plusieurs kilomètres.
La famille de la petite Aurore affirme qu'il ne s’agit pas d’une fugue. Le père déclare : «Aurore est toute petite et c’est une enfant heureuse, bien dans ses baskets. Il faut la retrouver au plus vite. Nous comptons sur toute personne pouvant faire avancer les recherches. Je vous en supplie, contactez la gendarmerie si vous avez la moindre information.»
Les enquêteurs privilégient l’hypothèse d’un enlèvement. Une information judiciaire pourrait être ouverte dans les heures à venir. p. 56
La souffrance de uns creuse la lâcheté des autres.
Accepter qu’il n’y a pas qu’une vérité mais plusieurs qui s’entrelacent. Le contraire de la vérité, ce n’est ni le doute ni l’erreur. C’est la bêtise.
Les évidences sont les miroirs les plus trompeurs. Elles nous confortent dans ce que nous voulons voir.
Au rendez-vous des souvenirs, les absents ont toujours tort. Le vide qu’ils laissent, on le remplit de tas de certitudes qui ne ressemblent à aucune réalité. De mensonges aux autres, et surtout à soi-même.
Georges aura passé sa vie à tenter de réparer quelques minutes d'inattention. Et à rater toutes les suivantes.
Assise sur le trottoir, les deux pieds dans le caniveau, je ne parviens pas à arrêter les larmes qui dévalent mes joues. Cette place qu'on m'accorde pour la première fois, cette place qu'on avoue, c'est aussi le lit de ma souffrance.
Une famille prend la forme que l'on lui donne. Ma mère est la seule à avoir su bricoler la nôtre, à coups de gros scotch marron et de petits bouts de ficelle. Rien que pour ça, elle mérite qu'on la laisse en paix.
"Les parents sont, parmi tous les êtres humains, les derniers à qui l'on devrait confier l'éducation des enfants." Kafka
Les souvenirs, ça se tord, ça se mâche, ça se suture. Mais ça ne s'échange pas.