Ils étaient passés maitres dans l'art de suivre une piste. leurs vies avaient plusieurs fois dépendu de leur capacité à déchiffrer la signification d'une pierre retournée, d'une brindille cassée, d'une feuille froissée.
Vous vous imaginez peut-être que c'était excitant de convoyer des troupeaux volés. Ça ne l'était pas. Vus à travers la poussière soulevée par les chevaux, les bouvillons ressemblaient trait pour trait à ceux que je conduisais quand j'étais un citoyen respectueux des lois. Pourquoi auraient-ils été différents ? C'était souvent les mêmes bêtes.
Quand il était volé, le bétail devenait plus facile à déplacer. Avec un troupeau honnête, les convoyeurs n'arrêtaient pas de tomber sur des représentants de la loi trop zélés ou des colons qui disaient : "Vous ne pouvez pas faire passer le troupeau par ici", ou encore "Vous n'avez pas le droit de franchir cette ligne". Mais quand le Rough String déplaçait des troupeaux, les représentants de la loi étaient partis régler des affaires urgentes et les colons accueillaient la bande à bras ouverts.
J'ai commencé à penser que c'était ça, la vraie vie. Plus sûr et plus peinard que d'être un honnête cow-boy. Personne ne s'approchait d'assez près pour vous pointer une arme sous le nez.
Je haïssais les Indiens et j’étais impatient de grandir pour les rayer de la carte, définitivement.
Une poignée d'or ne peut pas rembourser la bonté, pas plus qu'on ne peut soustraire trois cochons de cinq pommes.
Aucune des trois sœurs, mes tantes, n’avait jamais vu tante Bessie. Elle avait été capturée par les Indiens avant leur naissance.
La nuit avant mon départ, elle a pleuré dans mes bras parce qu’on allait être séparé tout l’hiver. Ça allait être un hiver atroce, long et sinistre. Il a duré quarante ans.
Etre un hors-la loi, c'est terriblement fatigant pour les muscles faciaux.
C'était effectivement un homme dangereux, un homme fier, un chef, un oiseau de proie dont l'armée, après plusieurs années de tentatives infructueuses, avait finalement rogné les ailes.
La Femme à la Bonne Etoile courait vers lui. Sans trébucher, sans hésiter, sans peur et sans trésor, elle gravissait la colline vers l'arbre aux pendus. Son visage était pâle, mais ses yeux brillaient.
Il comprit alors qu'il n'allait pas descendre. En bas, il ne voyait plus la jeune fille, mais l'incarnation de la patience. Il ne voyait plus le rougeoiement des flammes, mais la lueur de la foi éternelle. Il voyait l'amour près du feu, et il ne pouvait supporter de le regarder, de peur de voir s'étioler durant la nuit ou les années à venir.