AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Sa préférée (202)

Si j’aime tant Lausanne, c’est d’abord par lui, le lac Léman. Il est le symbole de mon exil. (…)
Cent kilomètres. Une peccadille. Pourtant, l’un après l’autre, ces kilomètres ont poli mes origines jusqu’à les rendre invisibles. En surface.
Commenter  J’apprécie          20
En une soirée, j’ai su ce que je n’avais jamais vu. Je n’avais rien senti, pas même supposé : « Ça a commencé le soir où il t’avait tapée et que le docteur était venu, tu te souviens ? »
Si je me rappelle…
« Bon, pas trop souvent, dix fois peut-être.
– Dix fois quoi ? »
Elle dont il se moquait à table ou devant les rares personnes qu’on croisait – la bécasse, il disait. La bécasse, il la violait.
« ll t’a violée ?
– Violée ? Euh, non, pas vraiment. Je crois pas. Il me touchait, il m’embrassait. Une fois, j’étais déjà grande, je lui ai… enfin bref. Après ça, il a plus rien fait.
– Et maman ?
– Elle sait rien. Il me disait que c’était moi, que je l’excitais, que je faisais exprès. Mais je faisais pas exprès, je te jure. J’avais des seins. Il les adorait. »
Elle a dit ça : il les adorait.
« Tu déconnes, là ? Un père qui adore les seins de sa fille ! Tu te rends bien compte de ce que ça veut dire ?
– Je sais que c’est mal. Mais j’étais sa préférée… »
L’abject et l’obscénité m’étouffent. J’ai mal pour elle, je le hais, lui. Plus encore. Et ma mère, muette, sourde et aveugle, la sainteté dont je la parais et que je vénérais, ma famille plus miséreuse que ce que je pensais. Je voudrais la consoler de sa peine. J’en suis incapable.
Sa préférée.
Commenter  J’apprécie          20
J’ai traversé ces années, égoïstement, soulagée par cette trêve. Comme en convalescence. Mais c’est à cet âge-là, quand le peu d’innocence qui me restait est définitivement mort, que je me suis racornie. Pour survivre, pour me protéger des dégâts paternels que j’avais fuis, mais qui continuaient de me tourmenter.
Commenter  J’apprécie          20
Ces années-là ont été un purgatoire. Un répit sans sérénité ni rutilance après quinze ans à vivre dans cette terreur quotidienne, qui s’immisçait dans le banal. Je restais paralysée par les bruits – une porte qui claque à cause d’un courant d’air bloquait ma respiration, les tiroirs des commodes, que mes voisines de chambre fouillaient le matin pour se vêtir, me renvoyaient illico à ces fins de nuit où mon père, qui partait tôt au travail, ne trouvant pas une chaussette ou un pull, arrachait les tiroirs et hurlait contre ma mère « feignasse qui fout rien même pas la lessive pour son mari qui bosse comme un con ». Il faudrait une décennie pour que je ne voûte plus mes épaules, n’enfonce pas mon cou au moindre grincement d’un meuble ou un pas sur un plancher. Une vie entière ne suffirait pas à soigner mon ventre détraqué et mon estomac douloureux.
Commenter  J’apprécie          20
Mon père était inculte, mais il avait l'instinct des méchants et des animaux. (19)
Commenter  J’apprécie          20
En septembre, j'entamais les cinq années. Ces années-là ont été un purgatoire. Un répit sans sérénité ni rutilance après quinze ans à vivre dans cette terreur quotidienne, qui s'immisçait dans le banal. Je restais paralysée par les bruits -une porte qui claque à cause d'un courant d'air bloquait ma respiration...........il faudrait une décennie pour que je ne voûte plus mes épaules, n'enfonce pas mon cou au moindre grincement d'un meuble ou un pas sur un plancher. Une vie entière ne suffirait pas à soigner mon ventre détraqué et mon estomac douloureux.
Commenter  J’apprécie          20
Mes origines m'obsèdent, me salissent, hurlent la nuit, surgissent quand je ne m'y attends pas. Il suffit d'un éclat de voix, d'une bousculade dans la rue, d'une assiette qui se brise, pour que la peur et la haine remontent. Ce que tu vois de moi, ce que je montre de moi, je l'ai dompté. J'ai vampirisé ce que des femmes m'ont donné, je me gargarise de la violence de mon père alors que je devrais grandir.
Commenter  J’apprécie          20
Mon père, chauffeur routier, gagnait un salaire convenable, ce qui aurait dû nous éloigner de la pauvreté. Notre misère familiale venait d’ailleurs. Dans les agissements violents et l’inculture paternels, dans l’obscénité verbale, dans la fermeture d’esprit.
Commenter  J’apprécie          21
Moi, je vivais sur mes gardes, je n'étais jamais tranquille, j'avais la trouille collée au corps en permanence. Je voyais la faiblesse de ma mère, la stupidité et la cruauté de mon père. Je voyais l'innocence de ma sœur aînée. Je voyais tout. Et je savais que je n'étais pas de la même trempe qu’eux. Ma faiblesse à moi, c'était l'orgueil. Un orgueil qui m'a tenu vaillante et debout. Il m'a perdu aussi point j'étais une enfant. Je comprenais sans savoir. p.11
Commenter  J’apprécie          20
De mes quinze mille jours, combien disent l'espérance de vie? Combien en ai-je retenus? Tout me ramène dans cet endroit que j'ai fui. Alors que maintenant je pourrais tourner la page, vivre sans la peur, ne plus sursauter à chaque bruit, chaque appel téléphonique, chaque éclat de voix, car il n'est plus là. Il est toujours là. Et des milliers de pages lues et des centaines de chansons? Qu'est-ce que je retiens? Si peu . Alors je sais. Je sais que je n'ai jamais trouvé de sens. Je n'ai pas fait semblant, j'ai vécu un jour derrière l'autre sans qu'aucun ait pu effacer la peur et la rage de mon enfance. Mais c'est tout ce qui subsiste pour moi. Je ne sais pas me réfugier ailleurs.
Commenter  J’apprécie          20





    Lecteurs (2115) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3724 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}