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Citations sur Sa préférée (202)

Tout à coup,il a un fusil dans les mains .La minute d'avant ,je le jure ,on mangeait des pommes de terre .Presque en silence.Ma soeur jacassait.Comme souvent. Mon père disait《 elle peut pas la boucler,cette gamine》Mais elle continuait ses habillages. Elle était naïve,joyeuse ,un peu sotte,drôle et gentille.Elle apprenait tout avec lenteur à l'école.Elle ne sentait pas lorsque le souffle de mon père changeait, quand son regard annonçait qu'on allait prendre une bonne volée. Elle parlait sans fin.Moi,je vivais sur mes gardes ,je n'étais jamais tranquille ,j'avais la trouille collée au corps en permanence.Je voyais la faiblesse de ma mère ,la stupidité et la cruauté de mon père. Je voyais tout.Et je savais que je n'étais pas de la même trempe qu'eux.Ma faiblesse à moi,c'était l'orgueil .Un orgueil qui m'a tenue vaillante et debout.Il m'a perdue aussi.J'étais une enfant .Je comprenais sans savoir.(Page 11).
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Je ne suis pas n'importe qui. Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa sœur, je suis la fille d'un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n'écoute pas sa compagne lui dire: «Fais la paix.»
Je suis la femme sans rémission.
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« Je sais que tu me détestes. Mais moi je t’aime » – une pause et puis : « Pardon. »
J’ai entendu le hoquet de Marine, derrière mon dos, qui ravalait des sanglots. Filmé, ça aurait filé la chiale à n’importe qui. Je ne suis pas n’importe qui. Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l’intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n’a sauvé ni sa mère ni sa sœur, je suis la fille d’un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n’écoute pas sa compagne lui dire : « Fais la paix. »
Je suis la femme sans rémission.
Je l’ai regardé, non pas regardé, toisé. Il y avait une pointe d’émotion et de peur dans mon ventre. Je l’ai regardé encore.
Je lui ai craché au visage.
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J’étais verrouillée, sans accès aux plaisirs, sauf à celui de nager, que j’avais découvert loin de mon père. Tout le reste confluait vers lui. Les besoins élémentaires, comme manger ou dormir, recelaient un danger. J’avalais la nourriture tout rond et somnolais sans tranquillité.
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DE L’ATTIRANCE, DU DÉSIR, ou même de mes goûts, je ne savais rien. Rien. Si, à vingt ans, j’étais si indifférente au sexe, c’est que j’étais imperméable à tous les plaisirs. Être aux aguets avait accaparé tout mon être. Esprit et corps. Chaque jour. Anticiper les gestes de mon père, avoir peur à chaque instant. Faut l’imaginer, ça, tous les jours, la trouille, tous les jours. En rentrant de l’école, se demander s’il sera là, s’il sera bourré, énervé. Avoir le souffle bloqué au moindre bruit ou, pire encore, au son de sa voix, à sa manière de poser ou de jeter ses chaussures, être en apnée à table ou dans la salle de bains, en faisant les devoirs ou en lisant. Mon corps est un rempart – jamais de nonchalance, de la nervosité dans les jambes pour détaler. Mon corps est un radar – détecter la présence de mon père, courber la nuque, mais garder les yeux levés, tête et épaules rentrées, la bosse de bison naîtra vite. Mon corps fait mal et je renie ses douleurs, brûlures d’estomac, ulcère à vingt ans, dos en pagaille. Mon corps n’existe pas, mon corps ne connaît ni la consolation ni la jouissance. Mon corps ne m’appartient pas. Mon cœur a été évidé. Le rêve est dans la tête, l’espoir est dans l’esprit, plus puissant que moi, que tout : partir.
Quand, bien plus tard, j’avais avoué à Marine n’avoir jamais eu la moindre pensée sexuelle pendant mes années adolescentes, elle s’était exclamée :
« Mais, c’est impossible… tout le monde pense au sexe ! C’est la vie, le sexe ! »
Moi, je suis née morte.
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Tout à coup, il a un fusil dans les mains. La minute d’avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. Presque en silence. Ma sœur jacassait. Comme souvent. Mon père disait “elle ne peut pas la boucler, cette gamine”. Mais elle continuait ses babillages. Elle était naïve, joyeuse, un peu sotte, drôle et gentille. Elle apprenait tout avec lenteur à l’école. Elle ne sentait pas lorsque le souffle de mon père changeait, quand son regard annonçait qu’on allait prendre une bonne volée.
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- J'ai le coeur tellement sec.
- Tu trouveras ton arrosoir, répond-elle du tac au tac.
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Mon corps n'existe pas, mon corps ne connaît ni la consolation ni la jouissance. Mon corps ne m'appartient pas. Mon coeur a été évidé. [...]Moi, je suis née morte.
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Je savais. Pas dans les détails, mais je savais, tout le monde savait pour ton père. Personne n’a rien fait. C’était comme ça. On ne disait rien, on ne se mêlait pas de la vie des autres. On se taisait. Mais, moi, j’avais une responsabilité, j’étais médecin. J’aurais dû vous aider. À cette époque, il n’y avait pas les moyens d’aujourd’hui. Mais j’aurais dû, j’aurais pu trouver une solution.
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– Jeanne, je suis désolé. Je l’aimais. Chuis tellement malheureux sans elle. »
La colère. La colère immense. Des années de colère qui montent.
« Comment tu oses ? dis-je en haussant le ton à chaque phrase. Comment tu oses ? Tu ne te souviens plus d’avoir jeté maman sur le sol de la cuisine, de t’être assis sur son torse, tes jambes emprisonnaient ses bras et tu la giflais ? Tu ne te souviens plus d’avoir trempé sa tête dans la baignoire, comme quand tu avais noyé le chat d’Emma ? Tu ne te souviens plus d’avoir tapé le visage de ma sœur dans de la purée chaude parce qu’elle parlait, à la fin la purée était rouge et son visage à elle aussi. Tu ne te souviens plus quand maman a lâché un paquet de riz et que tu l’as forcée à ramasser les grains avec sa bouche en la tenant par les cheveux, tellement que tu en avais arraché des poignées ? Tu te rappelles plus tout ça ? Moi, oui ! En boucle, ça tourne. Ah ! et Emma, Emma, EMMA, tu t’en souviens ? Emma que tu violais ? Tu t’en souviens ? Tu t’en souviens, salopard ? »
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