Il arrivait des choses intéressantes dans la vie de tous les jours, mais toujours à d’autres qu’elle.
Une face de navet la lorgna curieusement. Une odeur de moisi frappa ses narines. Un bras en haillons terminé par un bout de bâton tournoya contre le ciel bleu en essayant de griffer. Un épouvantail. Un tas de chiffons sur des bâtons, mais vivant, et qui voulait entrer.
-Mais comment savez-vous qui je suis? demanda-t-il innocemment.
-Vous êtes l'objet de bien des ragots en ville, répondit Mlle Angorian en fouillant les papiers sur la table.
Au pays d’Ingarie où existaient réellement les choses telles que les bottes de sept lieues et les capes d'invisibilité, il était malvenu d'être l'aîné d'une famille de trois.
Nul n’est en sûreté, dans la maison d’un sorcier.
𝙿𝚞𝚒𝚜-𝚓𝚎 𝚜𝚊𝚟𝚘𝚒𝚛 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚚𝚞𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚛𝚊𝚒𝚜𝚘𝚗 𝚟𝚘𝚞𝚜 𝚊𝚟𝚎𝚣 𝚝𝚛𝚊𝚗𝚜𝚏𝚘𝚛𝚖𝚎́ 𝚎𝚗 𝚙𝚞𝚣𝚣𝚕𝚎 𝚖𝚘𝚗 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚋𝚎𝚊𝚞 𝚌𝚘𝚜𝚝𝚞𝚖𝚎 ? 𝙰̀ 𝚝𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍’𝚒𝚗𝚏𝚘𝚛𝚖𝚊𝚝𝚒𝚘𝚗 𝚊𝚖𝚒𝚌𝚊𝚕𝚎, 𝚋𝚒𝚎𝚗 𝚎𝚗𝚝𝚎𝚗𝚍𝚞.
Au pays d’Ingarie, où existaient réellement des choses telles que les bottes de sept lieues et les capes d’invisibilité, il était malvenu d’être l’aîné d’une famille de trois. Chacun savait qu’il serait le premier à échouer – voire pire – si toute la fratrie tentait de faire fortune. Sophie Chapelier était l’aînée de trois sœurs.
Sophie considéra la longue montée de marches avec un profond découragement. Fort heureusement, il n'y avait personne d'autre que des soldats sur les degrés. Avec la chance qu'elle avait aujourd'hui, elle n'aurait pas été surprise de voir Michael et Hurle les descendre. Mais, comme la sorcière avait visiblement l'intention d'attendre pour vérifier son histoire, Sophie n'avait pas d'autre choix que de gravir cet immense escalier. Elle s'exécuta donc, à grand-peine, passa devant les gardes en sueur, revécut le même calvaire jusqu'à l'entrée du palais. A chaque marche, elle haïssait un peu plus la sorcière. Au sommet elle se retourna, hors d'haleine. La sorcière était toujours là, flamme rousse tout en bas de l'escalier, en compagnie de deux minuscules silhouettes orange. Elle attendait de voir Sophie jetée hors du palais.
Il a le cœur tout tendre.
Sophie se regarda dans le miroir, et dut s'approcher pour voir. Le visage dans la glace était plutôt calme, car c'était ce qu'elle s'attendait à découvrir. C'était celui d'une vieille femme émaciée, usée, brunie, entouré de cheveux blancs. Ses yeux, jaunes et humides, lui rendaient tragiquement son regard.
« Ne t'en fais pas, vieille chose, dit Sophie à cette triste figure. Tu as l'air en bonne santé. Et ça ressemble beaucoup plus à ce que tu es au fond de toi. »