Le château de Hurle.... Ou Calficer à toi de faire !....
Alors j'ai vraiment eu un coup de bol immense hier... j'ai réussi à trouver ce bouquin ( épuisé chez l'éditeur depuis des lustres).. je suis arrivée dans ma librairie habituelle ( je cherchais des bouquins de Rousseau et de Platon pour ma môme), j'ai fait un détours par le rayon jeunesse, et j'ai demandé à la libraire
« Vous avez le château de Hurle? »
« Vous avez de la chance, je viens d'en rentrer un... » elle part chercher le bouquin, le livre nickel, comme neuf, le prix ridicule. Allez hop... un truc magique, une histoire de destinée... Mais avec les sorciers et les histoires d'amour il faut s'attendre à tout..^^
Donc coup de bol hier, livre lu aujourd'hui...
Pitch :.... mais si un coup de pitch, histoire de... quand même...^^
Ingary monde magique, dans la ville de la Halle-Neuve la population est en émoi, au loin sur les collines surplombants la ville le château du magicien Hurle rode et répand ses fumées... et c'est pas une bonne nouvelle... Hurle est dangereux, c'est un monstre qui dévore les coeurs des jeunes filles sans plus de cérémonie...
Les ragot et les avertissements vont bon train...
Tout cela importe peu à Sophie, Sophie s'ennuie... Elle rêve d'être autre chose même si elle ne sait pas quoi... Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle est l'aînée, et ça la gonfle... impression de vie prédestinée, de choix inexistants, de poids sur ses épaules... Papa est modiste, enfin papa avait une une boutique de chapeau, donc à sa mort elle deviendra modiste... et ça loupe pas.... c'est un peu moche... même si elle ne dit rien et plie l'échine, c'est comme ça avec les aînés, on attend toujours des trucs d'eux...
Et puis un jour entre dans sa boutique, une femme d'une beauté merveilleuse, un peu hautaine et carrément imbuvable... et sans savoir vraiment le pourquoi de la chose, elle, Sophie elle n'a rien demandé ( faut dire qu'elle demande jamais rien non plus). Voila ti pas qu'on lui jette un sort en plein la gueule... et qu'elle se retrouve transformée en une vieille grand-mère de quatre-dix ans au moins, pleine de rhumatismes.. ça fait un peu désordre, si... Pourtant elle s'en accommode, elle n'a pas trop le choix non plus. Et elle s'en va et ses pas claudicants vont la porter devant une demeure bien étrange...
Nous voici un plein conte... Un conte moderne, mais un conte quand même.
Un vrai conte, dans un un monde enchanté, on nous parle d'aînée, de bûcheron, les mamans passent l'arme à gauche et les papas se remarient, pour finir par passer eux aussi ad patres ^^... Les sorciers et magiciens pullulent, les sorcières aussi... et donc les malédictions, les mauvais sorts et les enchantements.
Je vais être assez franche il m'est très difficile de faire cet avis sans faire le parallèle entre le livre et l'adaptation cinématographique... Donc je préviens qu'il va y avoir du spoilage (du gros sans doute) au niveau de l'histoire.... et pour les deux livre/film.
Les adaptations cinématographiques de livres sont très souvent décevantes comparées au livre ( en générale) et c'est assez normal d'ailleurs, un livre peut tout se permettre, alors qu'un film non ( et il y a donc bien souvent des coupes de trucs) et cela en soi ne me choque pas, du moment que la substance, les éléments narratifs d'importances et le fond sont respectés...
Une adaptation n'est qu'une vision autre et personnelle d'une histoire donnée.
Et pour ce château et bien c'est une bonne, une très bonne adaptation, tout en ayant pris pourtant énormément de libertés, fait énormément de changements... dont des choses pourtant d'une très très grande importance au niveau de ce conte ( qui font partis aussi bien de sa substance que de sa trame narrative importante, sa colonne vertébrale narrative).
Alors oui je ne suis pas objective ( tout en l'étant pourtant beaucoup.. comprène qui pourra ^^)
je ne suis pas objective, parce que j'aime, d'un amour profond, sincère, et le terme amour n'est pas là par hasard.. je ne suis pas fan... j'aime d'amour le film de Miyasaki, et ce malgré ses défauts ( et y en a un certain nombres et je les vois ( et des gros gros problèmes de narration d'ailleurs))... et l'amour est rarement objectif.... bref.
Il est également très difficile de parler ce conte sans en dévoiler vraiment l'histoire, la trame narrative, vu le parallèle bouquin/film et donc le changement.
Il faut également se mettre en tête que le château de Howl, conte contemporain anglais a été écrit et édité pratiquement dix ans avant Harry Potter, et cela à je crois son importance.
Car Howl's moving castel utilise un ressort narratif qui sera reprit par Rowling ( même si d'autre l'on fait avant Diana Wynne Jones et que ce n'était pas nouveau)
Le ressort narratif du monde parallèle quant à notre propre monde. Élément d'importance (de très haute importance, tant au niveau des portes du château, que pour la compréhension de Howl, par ce fait : Howl vient de notre monde, l'auteur explique un trait de caractère du personnage du sorcier sans avoir au final besoin d'expliquer quoi que ce soit au lecteur, le lecteur connaît, sait et peut donc se projeter dans ce personnage ou tout du moins le comprendre)
Élément que Miyasaki va complètement effacer, occulter, choisir de ne pas utiliser. Et à mon sens c'est un choix judicieux, car Jones n'utilise pas ce ressort narratif à bon escient, ne le creuse pas, ne l'explique en rien (le pourquoi du comment y a un Gallois qui c'est retrouvé là, dans ce monde et est devenu magicien... c'est comme ça, point.) et franchement ça tombe comme un cheveux sur la soupe, et au lieu de donner de la force à son récit, cela l'appauvri, une sensation de facilité scénaristique, non travaillée et non creusée. Qui ôte le côté magique, et le côté conte dans lequel elle nous avait plongé dés le départ. Et qui amène autant des questions aux lecteurs qu'à ses protagonistes (Sophie), questions auxquelles Jones ne répond jamais.. ce que ne fera pas Rowling d'ailleurs.
La porte noire, notre monde, le pays de Galles...
et Miyasaki... je vois Miyasaki se dire non, non ça non. Mais quoi faire avec cette porte noire, partie intégrante, et mystérieuse du sorcier Howl ?... Partie sensée dans le livre lui donner sa substance, sa profondeur, et des explications sur ce personnage aux lecteurs. Et par son choix Miyasaki aussi bien de ne pas utiliser notre monde, tout autant que de garder l'importance de cette porte (cette porte noire, s'ouvre sur l'essence même de Howl). Miyasaki donne plus de relief, plus d'humanité, va plus loin, pour Howl, donne au récit plus de profondeur, de plus grands enjeux narratif.
Tout le thème du conte de Jones se repose sur l'apparence, celle que l'on a de soi et celle qu'on renvoi aux autres. Là est le message de Jones, la vanité, l'orgueil, les destinées qu'on croit tracées et les actes qui en découlent. Un jeux de dupe auquel tous les personnages participent, tous se cachent, se transforment (pour une raison ou pour une autre, voulue ou non), pour être autre chose. Sophie, Howl, La sorcière du désert, les soeurs de Sophie, l'épouvantail, le chien, etc... tous paraissent être autre chose que ce qu'ils sont réellement, et au final seule l'honnêteté envers les autres, mais surtout envers eux-même les délivre tous.. oui c'est un conte pour gamins. Seulement, il manque de noirceur, les contes qui fonctionnent vraiment, et qui s'inscrivent en nous, ont toujours une grande part de noirceur, ce que Miyasaki a ajouté au final. Le château de Miyasaki est beaucoup sombre, plus noir, avec de réels enjeux aussi bien quant au monde dans lequel évoluent les protagonistes que pour les protagonistes eux-même.
Jones pourtant connaît bien les contes, et suit son récit, la fin, au niveau des personnages annexes (le chien, le magicien Sulliman, l'épouvantail, les recherches de Howl, les frangines, la sorcière...) m'ont fait penser aux explications données par un Hercule Poirot, le côté : « c'est lui le coupable et voilà pourquoi et comment il a fait », il ne faut pas oublier que l'auteure est Anglaise. Ce que ne fait pas Miyasaki, à ce niveau-là ( vu qu'il n'a pas utilisé la plupart), il se débarrasse, et nous laisse avec un sentiment de rapidité, et d'une fin choubidou à mort...
Et là nous nous rendons compte que nous venons de voir/lire deux histoires complètement différentes. Car tout ce que Jones explique à ses lecteurs, il n'en reste rien dans le Miyasaki... Sauf la malédiction de Sophie/Howl, et la levée de la malédiction de Sophie/Howl, et l'amour que se porte Howl et Sophie... mais le reste ( l'homme chien... non... heu oui y a un homme-chien dans le bouquin. L'épouvantail vite fait pirouette de Miyasaki comparé à Jones... Sulliman l'enchanteur.. complètement transformé dans le Miyasaki, rien à voir... la sorcière pareil... etc)
Même si le décors, et quel décors ! (des deux côtés d'ailleurs) reste le même, et que les trois protagonistes principaux (Howl, Calcifer, Sophie) restent les mêmes... les deux histoires sont complètement différentes, tant par le message que par leur dénouement. Pourtant le thème principal du conte de Jones, l'acceptation de soi et le renvoi aux autres est complètement respecté.
Les deux sont chouettes...
J'ai passé un très bon moment en lisant le conte de Jones, même s'il y a à mon sens des problèmes ça et là et des choses qui marchent plus ou moins bien...
Comme je passe toujours un moment merveilleux en regardant le Miyasaki, même s'il y a des choses qui marchent plus ou moins bien, et quelques problèmes ça et là...
Mais la perfection n'existe pas.. du moins pas pour nous humains...
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