Jours de sable

Comme je fais un remplacement en médiathèque cet été, je suis chargée du prix en Bulles, avec plusieurs autres bibliothécaires. J'ai donc décidé de lire la sélection, autant que possible. C'est ainsi que j'ai découvert Jours de sable d'Aimée de Jongh (dont j'ai lu un livre qu'elle a fait avec Zidrou, L'obsolescence programmée de nos sentiments, un ouvrage que j'avais beaucoup aimé).

Dans cette histoire, qui se déroule en 1937 aux États-Unis, nous suivons le photographe John Clark. Il est envoyé par un organisme gouvernemental dans le Dust Bowl, un lieu où la sécheresse, les tempêtes de sable et de poussière font vivre un enfer aux habitant•es de la région - et notamment aux agriculteurs•rices !

Cette histoire était intéressante, avec un personnage dont nous suivons l'évolution de pensée, dans un environnement hostile aux conditions de vie difficiles et assez dangereuses (pour la santé des personnes, pour l'agriculture...).

C'est une bande dessinée qui évoque avec brio le Dust Bowl et le désespoir des habitant•es, un évènement que je ne connaissais pas et que j'ai découvert grâce à cette histoire aux illustrations et aux photographies saisissantes sur cette époque des années 30 !

Lecture intéressante,

Suivre ce jeune personnage, possédant le même nom que son père. Une personne non appréciée du personnage - je fais l'hypothèse d'un facette narcissique du pere ?
Ou alors de l'espoir que son fils vive la vie qu'il n'a pu faire. Une sorte de vie désirée et projetée sur son fils par la transmission du même prénom.

Enfin la mise en avant des profondeurs des choses et non de la superficie qu'elles peuvent laisser paraître . Ce que nous voyons n'est pas forcément la réalité , aller plus loin pour « comprendre » l'autre réellement.

J'ai le sentiment que c'est toujours les expériences de la vie qui nous fait vivre et non l'observation de celle ci.

Ps: je pense quand même que la photo est un art et qu'elle peux permettre d'exprimer des choses que la parole ne peu faire parfois.

Je n'ai personnellement été ni touchée ni transportée par ce livre qui aurait pourtant eu tout pour me plaire et dont je ne peux nier la qualité. le dessin est joli mais l'écriture un peu minimaliste, simple, manque de relief.

Le sujet a cependant, pour la défense de son autrice, une grande importance puisqu'elle y aborde le Dust Bowl (dont les les lecteurs de Steinbeck auront déjà bien entendu parler), cette zone fantôme des Etats Unis recouverte par la poussière dans les années 30 à cause de la sécheresse et d'une agriculture inadaptée. Aimée de Jongh rend donc ce phénomène visible à un public plus large et de façon très accessible.

Elle ne sera néanmoins pas parvenue à me toucher, fait dont elle se remettra aisément...

Quelques jours passent et je ne sais toujours pas trop quoi penser de cette BD.
J'ai à la fois été touché par moment, mais il me reste un sentiment d'attente, un sentiment qu'il manque beaucoup de choses dans ce titre et que la lecture a été très inégale.

Dans les points positifs, il y a ce graphisme et ce jeu de couleurs qui marche très bien. A la fois pour l'ambiance mais également pour l'immersion lors de la lecture. On se retrouve projeter dans cette région désertique et dans ces tempêtes de sable et surtout chaque planche nous appelle à tourner la page d'après.
Il y a également une réflexion sur le discours rapporté au contexte de l'histoire. Evidemment, le titre se veut à la fois démonstratif d'une réalité mais également dénonciateur d'une politique et d'une société.

Mais qu'est-ce qu'il me manque du coup ? de la profondeur j'ai envie de dire. Que cela soit dans les personnages comme dans les idées, il y a une forme très simpliste je trouve. On retrouve certains codes déjà vu à maintes reprises. (Je pense notamment au dialogue "oui mais est-ce que la photo n'est-elle pas déjà de la mise en scène ?", ou qu'est-ce que la photo peut faire bouger dans le système, y compris la scène de fin par exemple)

Le titre est à mon goût plein de bonnes intentions, des intentions très louables notamment, mais trop superficiel pour que je le garde comme un chef d'oeuvre. J'aurais aimé quelque chose de moins convenu, de moins attendu et avoir un sentiment de surprise lors de ma lecture.

Bien que le coup de crayon de Aimée de Jongh soit absolument magnifique, je dois avouer que j'ai été un peu déçu par Jours de sable - j'ai trouvé le personnage principal assez plat et vide de personnalité, et le déroulement m'a semblé un peu simpliste, sans surprises ni éléments réellement accrocheurs.