La robe allait à merveille à Moiraine, qui ne s’en étonna pas. La Tour Blanche, disait-on, en savait plus long sur une initiée que sa coiffeuse ou sa couturière. Depuis son arrivée, la jeune femme n’avait plus ni l’une ni l’autre, mais elle espérait bien que ça changerait. Au moins pour la couturière. Avec le temps, elle s’était habituée à porter les cheveux défaits. En revanche, avant de quitter Tar Valon, il lui faudrait plus que quatre robes, et dans un matériau plus noble que la laine. La soie coûtait peut-être les yeux de la tête, mais elle était extraordinairement seyante.
Des douves asséchées défendaient l’accès de la cité, elle-même protégée par trois murs circulaires dotés chacun d’une seule porte surveillée par une citadelle. La Flétrissure étant beaucoup moins proche qu’à Canluum – et le trafic dix fois plus dense –, les sentinelles se montraient peut-être moins vigilantes, mais traverser le pont du Soleil Levant demandait cependant pas mal de temps. Dans un flot de chariots, de charrettes et de piétons – un double flot, en réalité, puisqu’on entrait et sortait par là de la ville –, il fallait savoir s’armer de patience.
Pour une fois, justement, Lan semblait en manquer. Une fois à l’intérieur du premier mur, il slaloma entre les véhicules des marchands avec un manque de retenue peu coutumier.