Citations sur Nos vies désaccordées (96)
Il y a des larmes sans partage possible.
Je haïssais la campagne, et cette longue traversée autoroutière avait eu tout le temps de me le rappeler. La vraie campagne, j'entends, pas celle que tout le monde aime, la Toscane ou le Lubéron, entre piscines, chianti, cigales et huile d'olive. Je parle de la campagne sinistre d'octobre à mai, plate et nue, ombreuse et détrempée, là où les arbres déplient leurs capillaires sur des ciels blancs, de la campagne grise avec des vaches boueuses et ses bâtiments d'élevage, de ces lieux où l'on attend le printemps comme une délivrance, et un miracle dont on doute, chaque année, le retour.
Je ne m ennuyais pas, l ennui réside dans une absence d attente, de tension, de désir. C était loin d'être mon cas. Je vivais dans la seule impatience d un lendemain supportable.
Qu'as-tu fait de ton talent ? J'ai joué, Seigneur, j'ai joué. Je voudrais aussi pouvoir répondre que j'ai aimé, et au-delà de moi-même, lorsque la question me sera posée, le jour de la pesée des âmes.
Tosca, c'est aussi la tristesse, en russe. Un des rares mots que je connaisse dans cette langue que je me suis promis d'apprendre un jour. On retient parfois des choses étranges.
Aujourd’hui encore, je réalise combien ces terres ingrates me sont pénibles à traverser. Ce sont des terres où pendant des siècles les hommes se sont pendus de désespoir dans des granges sombres comme des ventres, et où les femmes, vaincues par l’épuisement, les grosses sans fin et l’absence d’amour, ont un jour préféré le creux d’un puits ou d’un étang.
Du jour où j’ai pu vivre ailleurs, j’ai choisi des lieux où la vie ne s’arrête jamais, rassuré par la disponibilité, l’abondance des êtres et des choses, par l’illusion des innombrables possibles à portée de main, et par l’irremplaçable liberté de l’anonymat. P 16
La gérante de l'hôtel m'avait conseillé de ne pas tarder si je voulais dîner. " C"est lundi, vous savez. Il y a moins de facilités qu'en semaine." j'appris donc qu'ici, le lundi n'était pas un jour de la semaine.
"La musique était essentielle à Sophie, d'une façon charnelle, intuitive, sensible..."
Elle avait des rejets, des emballements, des coléres,des émerveillements, capable de chercher pendant des heures, parmi les multiples interprétations d'une même pièce, celle qui répondrait enfin à sa perception intérieure."
Le lit ouvert, la fenêtre ouverte. Elle, endormie.
La vie légère comme une hirondelle, parfois.
Il descend en évitant une marche qui grince, s'assied, étend les mains sur le clavier, un allegro vivace dans la tête. Attend. Le silence est déjà plein.
Aimer comme on écrit une icône. On l’écrit avec du temps, du temps infini, avec des couleurs comme du rouge, de l’orange, du brun, avec des traces d’or et infiniment d’amour.