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Critique de Charybde2


Entre lieux et humains, lignes de fuite et d'installation, le tracé poétique d'un questionnement inlassable de la possibilité fragile de l'habitation. Une somptueuse et surprenante itinérance aux confins, ici et là-bas.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/06/note-de-lecture-explorizons-florence-jou/

Un peu plus d'un an après « Alvéoles ouest », Florence Jou nous revient en ce mois d'octobre 2021 avec cet « Explorizons », toujours publié chez Lanskine. Conservant une capacité rare à produire des facettes à partir d'un terrain volontiers proliférant mais néanmoins circonscrit, moins liées – fort logiquement, puisque son prédécesseur se devait d'être ancré dans un territoire singulier identifié – à une matérialité unique en apparence, davantage virevoltantes même s'il s'agit bien de jouer en toute ruse avec les concepts même d'exploration et d'horizons, ces 70 pages nous offrent à nouveau, et certainement avec une puissance discrètement explosive encore plus affirmée, une poésie toute nourrie de paradoxes, de chocs feutrés de l'intime et du politique, du dedans et du dehors, de la mise en danger productive et de la confrontation à des récits qui ne se laissent pas nécessairement faire, ou discipliner.

Marchant sur des traces souvent plus robustes que leur premier abord si ténu ne le laisse supposer, d'un foyer d'accueil à Villeparisis (au contexte physique tirant curieusement – et d'emblée poétiquement – vers le « Paris est un leurre » de Xavier Boissel et sa psycho-géographie par delà les décennies) à une lente traque de météorite tombée en Vendée en 1841, de la résonance multi-critères du travail photographique de Véronique Ellena aux bribes rencontrées presque par hasard (mais c'est bien la possibilité même du hasard qui hante ce parcours initiatique à plus d'un titre) de celui de Grégory V., convergeant subtilement vers le point de fuite lourd de sens que peut être Fordlandia, l'utopie marchande conçue par Henry Ford aux confins de l'Amazonie et de son caoutchouc (que l'autrice, également performeuse, avait su dévoiler et questionner, déjà, en création musicale, avec Dominique Leroy, à découvrir sur le catalogue sonore des éditions Jou – pas de lien familial avec Florence ! – ici), « Explorizons » constitue une approche rare du lien à la fois simple et complexe qui unit ou désunit les lieux et celles et ceux qui les habitent, ou tentent de les habiter. On songera sans doute, dans un autre secteur de ce spectre incertain et stimulant, au travail d'Hélène Gaudy (dans son « Grands lieux« tout particulièrement, peut-être), qui, comme Florence Jou, distille de nouveaux carburants poétiques au sein d'une géographie des imaginaires et des expériences, transformant le coeur même de la notion d'urbex (fût-elle rurale) pour en extraire un singulier levier.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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