Le repos de Madame PINCENGRAIN a toujours l’air provisoire et inquiet. p. 27
« Faire dépendre son bonheur d’un autre que soi-même, c’est n’y avoir plus droit. » p. 61
Son visage parlait de ses peines. Chaque ride en décrivait la courbe et la profondeur. Il n'y avait pas de place qui ne fût marquée sur son corps par la vie impitoyable. On y remarquait des taches bleues, violettes et noires comme des fleurs peintes, - des traces légèrement vertdegrisées ou incolores de morsures et comme l'empreinte même du fer rouge. Mais un sourire qui ne s'effaçait jamais, son regard dans le cadre de la coiffe blanche illuminait tout ce qui l'approchait. Chacun finissait par voir sa face comme on regarde d'affreuses ruines où le soleil avant de s'éteindre se reposerait dans la splendeur.
Elle serait patiente. Elle savait bien qu'elle possèderait la terre à force d'intelligence et d'humilité, - ce qui est la douceur.
Mlle Zéline n'aimait personne par principe, par orgueil peut-être, par ignorance, qui sait ? par sagesse, croyait-elle. Elle semblait ne pas connaître l'Evangile, quand elle suivait chaque matin la messe de la Providence [N.B. : un couvent]. Tout le reste du monde lui était indifférent, hormis elle-même. Il n'y avait au monde que Dieu et Mlle Zéline qui comptassent, et Dieu à cause de Mlle Zéline. Le reste des hommes était si ridicule, si vain, si vil, si attaché à n'importe quel plaisir, si insoucieux de son vrai intérêt, si peu réglé, si mal prudent, si déraisonnable qu'on n'avait plus aucun devoir envers personne.
Véronique aime l’ascétisme pour lui-même, ne connait que des émotions morales, trouve sa joie dans la rigueur de la justice où elle sa garde. p. 28
"Un jour, Eliane vient vers sa mère et lui dit : "Je veux être religieuse."
Sa mère pensa : "En voici une qui ne mourra pas de faim."
Elle lui répondit : "Choisis plutôt un ordre cloîtré. On ne voit pas clair avec ces cornettes. Je ne serais pas tranquille. Tu te ferais écraser par une auto."
La pire chose est bien d’être un homme raisonnable. Il faut que je sois « moi-même ». Si j’ai peur de ma propre étrangeté, qui n’en aura peur ?
Par quel prodige des yeux de chatte se blessent-ils aux épines de Dieu ?
Paul est nu et vrai. Il ne sent plus peser sur lui le vêtement qui le sépare et le distingue. Il est semblable à tout homme venant en ce monde, libre, d’un symbolisme moral qui lui fait dépasser les limites de l’humain et comprendre ce qui est Dieu. Il est la plus parfaite image de Dieu. Il est l’Homme.