Bleu
Comme une brume de beau temps qui se lèverait, qui effacerait les aspérités du paysage. Et le regard, un instant, peut voler dans cet espace. Il dessine cette demeure.
Tout ce qui était perdu, que l’on disait distance, tous ces lointains ne forment plus qu’une poudre bleue, diluée dans le bleu.
La preuve est là, dans cette grande douceur. Un acte désespéré pour nous approcher. Sans image vraiment : simplement parce que quelque chose s’inscrit, s’efface, pour nous montrer que de plus hauts degrés sont possibles. Qu’il est possible à ce corps de les gravir. Tu pourrais naître dans ce bleu.
Incartade. Tu peux rêver sur ce mot comme s’il t’aidait à te défaire de ce fardeau
des acceptations répétées creusant un espace sans saveur. Tu peux rêver ce brusque saut s’il approche de cette vérité enfouie dans les herbes, dans les ronces. Si bien distante qu’elle ne rôde plus qu’aux confins.
Dans les paysages de Pierre-Albert Jourdan