Qu’est-ce qui se cache derrière les couleurs ?
Est-ce l’absence de la couleur et de la lumière ?
Ou peut-être une autre couleur inconnue ?
Ou simplement
un commencement des choses que nous ne savons pas ?
Car toute couleur dissimule quelque chose,
le revêt d’un jeu pour l’oeil,
d’une chanson qui ne se chante pas,
d’une consolation dans les ombres.
Mais s’il existe une autre couleur de fond,
y aura-t-il aussi un oeil qui la voie ?
Ou derrière les couleurs n’y a-t-il rien d’autre qu’un oeil
qui nous regarde à travers elles ?
Le puzzle de nos prétendues réussites
et de nos apparentes erreurs,
semble conçu par un maniaque anonyme
qui aurait abîmé en jouant toutes les figures
et ne veut ou ne sait les recomposer,
sans permettre non plus qu'un autre le tente.
C'est le regard qui écrit et efface en même temps,
qui dessine et suspend les lignes,
qui délie et unit
rien qu'en regardant.
Le regard qui n'est pas différent
hors du rêve et en lui.
Le regard sans zones intermédiaires.
Le regard qui se crée lui-même en regardant.
Le centre de l'amour
ne coïncide pas toujours
avec le centre de la vie.
Qui donc est au-dedans,
en plus de moi ?
Ou peut-être n'y suis-je pas,
peut-être ai-je laissé la place
pour qu'un autre me dicte ?
Il faut en finir avec l'illusion
d'une réalité à un seul sens.
Il importe à présent
que chaque chose en ait au moins deux,
bien qu'au fonds nous sachions
que si une chose n'a pas tous les sens
elle n'en a aucun.
...nous ouvrons les yeux au moment exact
où chacun doit inaugurer son propre jour.