Je n'avais encore rien lu de cette auteure mais j'avais repéré de bonnes chroniques sur son dernier roman,
Les oubliés de la lande.
J'ai très vite compris ce qui séduisait tant les lecteurs : le style , le ton, l'importance de chaque chose que l'on voit ou l'on sent.
L'histoire est osée puisqu'elle raconte le passage sur terre et plus particulièrement dans une famille d'un "étrange étranger" . Julius, un homme noir vêtu d'un pantalon large en lin et d'une chemise de coton blanc qui lui donne l'apparence d'un ange, d'un éphèbe ou d'un flibustier.
Le récit commence par la fin, l'enterrement de Julius et la présentation succincte des différents membres de la famille ( la grand-mère Léonie, Marie, Alban, Lola, Brian) qui suivent le cercueil sur un chemin en bordure de falaise.
Puis, chacun raconte la première rencontre avec Julius, la première fois qu'ils ont partagé une journée, une passion avec lui et leur premier échange amoureux.
Car il faut savoir mettre le coeur à la place du cerveau et pour Julius tout est amour. Il prend du temps pour chacun, respecte leur différence, chaque membre de cette famille ayant sa particularité.
Et pourtant, malgré ces échanges, ces dons d'amour de Julius, la vie et l'habitude reprennent facilement le dessus.
" Pourtant, vous avez puisé dans mes veines la force qui vous faisait parfois défaut. J'ai été un viatique et un phare, un plaisant compagnon de délassement. Une sorte de Phénix. Et mon amour pour vous était incommensurable.
Mais vous n'avez cru à l'amour que durant le temps où il se donnait, et vous en avez pris votre parti."
Derrière cette parabole, on comprend aisément que l'auteur revisite à sa matière la figure du Christ rédempteur et la perte inéluctable des hommes qui "ne savent pas ce qu'ils font".
Le thème va inévitablement agacer un certain lectorat mais sans parler de religion, recentrer nos vies modernes sur les valeurs simples de la nature et de l'amour ne peut que nous faire réfléchir utilement.
Fabienne Juhel nous fait découvrir les bonheurs de la nature comme une ballade à vélo, l'écoute du chant des oiseaux, la vue d'une biche esseulée, la cueillette des fraises du jardin. On entend le parler des gens de la campagne.
En très peu de pages, elle parvient à nous faire découvrir et aimer les cinq personnages de cette famille grâce à la qualité de description des scènes de vie, l'humour du langage ou des situations.
Si, comme moi, vous ne connaissiez pas cette auteure, je vous invite à la découvrir et je pense que vous ne serez pas déçus.
Lien :
http://surlaroutedejostein.w..