AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Journal, tome 1 : 1939-1940 Jardins et routes (8)

Le poêle en tôle qui me chauffait dans la hutte aux roseaux était en métal très ordinaire. Mais l'ardeur du feu faisait virer sa couleur à un rouge transparent et fort beau. De même, la vie et les choses recèlent des vertus que le cours ordinaire ne nous dévoile pas, mais qui se révèlent à l'instant où nous nous élevons d'un degré ou accedons à un temps nouveau.
Commenter  J’apprécie          50
Ensuite au jardin. Semé petits pois, salade, bettes, oignons, navets. Comme les petits pois brillaient, rangées d'un vert gris et mat, dans les sillons plus sombres ! En pensant, à les voir, que j'allais les recouvrir de terre, je réalisai soudain combien ce travail sur des plates-bandes est étrange, voire presque magique.
Lorsqu'on fouille dans la terre, celle-ci transforme les mains, les dessèche, les ronge, et, dirait-on, les spiritualise. La main subit dans la terre une purification. Mouvoir ses doigts dans un terreau lâche et tendre, que le soleil et la germination ont réchauffé, est une sensation fort agréable.
Commenter  J’apprécie          30
4.V.1939 - Parce que mon cabinet de travail était trop central dans la maison, je me suis aménagé, avec l’aide de Perpétua et de Louise, une cellule d’ermite au grenier. J’ai toujours eu du goût pour les greniers poussiéreux ; on y rêve comme dans le royaume de l’oubli.
Une certaine substance s’amasse, me semble-t-il, dans les pièces inhabitées, un humus spirituel d’où l’imagination tire une riche nourriture. C’est ainsi que les rêves affluaient, lorsque je couchais à Ueberlingen dans la cave. Cette influence devint presque monstrueuse, pendant la guerre; lorsque je m’installai à Douchy, dans un abri abandonné, qui était situé au milieu des jardins et que je quittai après ma première nuit. Ici seraient sans doute à leur place des histoires de visiteurs qui couchent dans des chambres poussiéreuses de vieux châteaux et qui voient les apparitions mystérieuses. Dans les pièces que nous avons longtemps habitées, cette force étrangère s’épuise ; elles ressemblent à un sol depuis longtemps cultivé. On s’explique aussi que le peuple attache à la première nuit passée dans une nouvelle demeure et à ses songes la signification d’un présage.

251 - [Le Livre de Poche biblio n° 3006, p. 49]
Commenter  J’apprécie          30
Sous le soleil brûlant, je songeais à l’enchaînement des livres d'un écrivain. L'oeuvre est comparable à une maison où l'on accède par la route de tout le monde. Les premiers ouvrages d'un auteur, s'inspirent des modèles généralement reconnus et ce n'est qu'au cours des années que se forme le style personnel. L'auteur mène le lecteur jusqu'à son propre univers en traversant des enfilades qui se transforment peu à peu.
Commenter  J’apprécie          20
Il m'a fallut surmonter cette répugnance - mais aujourd'hui il faut prendre la vérité où elle se trouve. Tout comme la lumière, elle n'éclaire pas toujours l'endroit agréable.
Commenter  J’apprécie          20
Kirchhorst, 3 avril 1939 : Travaillé pour la première fois dans la nouvelle maison. La Reine des serpents, - peut-être trouverai-je un titre meilleur, de peur que l’on ne nous tienne pour des Ophites. Il me semble, lorsque je relis cet écrit en pensée, qu’il ne produit pas sur moi son plein effet. Il arrive qu’une phrase brève me paraisse inachevée, bien que je sache que la concision a souvent une force efficace. La phrase, telle que l’écrit l’auteur, se distingue de la phrase telle que son lecteur la lit. Lorsque je rencontre des notes ou des lettres dont je ne sais plus que ma plume les avait tracées, la prose m’en paraît meilleure, plus vigoureuse.

299 - [Le Livre de Poche biblio n° 3006, p. 23]
Commenter  J’apprécie          20
17.V.1939 : Après le coucher du soleil, planté des tomates. Les plants reprennent sans s’être fanés pourvu que l’on trempe les mottes dans une bouillie d’eau, de tourbe fumée et de terre. C’est une recette que je dois au courtier de Belz, d’Ueberlingen. Nous avons ainsi, dans l’école de la vie, bien des maîtres, et à nombre d’entre eux nous ne devons qu’un enseignement particulier.

250 - [Le Livre de Poche biblio n° 3006, p. 53]
Commenter  J’apprécie          10
La récupération doit être soumise à certaines limites, que je m'efforce d'inculquer à mes hommes. C'est ainsi que le soldat a le droit de s'approprier une cuiller lorsqu'il a perdu la sienne - et même à l'occasion une cuiller en argent s'il tombe dessus par hasard, mais non s'il trouve à côté d'elle une cuiller en fer blanc.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (85) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz: l'Allemagne et la Littérature

    Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

    Hoffmann
    Gordon
    Grimm
    Marx

    10 questions
    415 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}