La végétarienne

Sous le soleil déclinant de cette fin d'après-midi, les feuilles encore mouillées brillent d'un éclat qui semble vouloir exalter leur résurrection. (P. 207)

Avant qu' elle ne commençât son régime végétarien, je n'avais jamais considéré ma femme comme quelqu'un de particulier. Pour être franc, je n'avais pas été attiré par elle quand je l'avais vue pour la première fois. Ni grande ni petite, des cheveux ni longs ni courts, une peau jaunâtre qui desquamait, des paupières lourdes, des pommettes un peu saillantes et une tenue aux couleurs ternes qui semblait dénoter un souci de fuir toute marque d'originalité. Chaussée de souliers noirs du modèle le plus simple, elle s'était approchée de la table où je l'attendais, d'un pas qui n'était ni rapide ni lent, ni énergique ni indolent.

Une fois, une seule fois, j'aimnerais pousser un grand cri. J'aimerais sortir en courant dans l'bscurité, de Tautre côté de la fenêtre. Cela pourrait-il évacuer cette masse ? Est-ce que c'est possible? Personne ne peut m'aider. Personne ne peut me sauver. Personne ne peut me faire respirer.

-Il n'y a pas de chemise repassée ?
Pas de réponse. Fulminant, j'ai fourragé dans le panier à linge posé devant le salle de bain et j'en ai extrait la liquette que j'y avais jetée la veille. Heureusement, elle n'était pas trop froissée. J'ai posé une cravate autour de mon cou, comme une écharpe, j'ai enfilé mes chaussures, pris mon agenda et mon portefeuille. Ma femme, toujours dans la cuisine, restait invisible. Pour la première fois en cinq ans de mariage, je partais au travail sans qu'elle m'ait aidé et dit au revoir. (p.19)

Elle avait enfin compris sur ce quai de gare, par un après-midi de printemps alors que la mort lui paraissait proche, une affaire de quelques mois, avec ce sang qui n'arrêtait pas de couler de son corps. Compris qu'elle était morte depuis longtemps. Que sa vie épuisante n'était qu'une pièce de théâtre, une illusion.

Elle portait un chemisier noir assez près du corps, qui laissait apparaître très nettement les contours des deux mamelons. Sans aucun doute possible, elle ne portait pas de soutien-gorge ! Me retournant pour juger de l'éventuel effet sur l'assistance, j'ai noté le regard de la femme du directeur adjoint, j'ai décrypté dans ses yeux du mépris mêlé de curiosité, de stupéfaction et d'un brin de perplexité.

La seule chose à laquelle je fais confiance, c’est ma poitrine. J’aime mes seins. Ils sont parfaitement innocents. Les mains, les pieds, les dents et la langue, même le regard sont des armes qui peuvent blesser, voire tuer. Mais pas les seins. Tant que je les ai, tout va bien pour moi. Pour le moment.

"Tu aimais ça quand tu étais enfant, non ? Tu en voulais toujours..."
"Oui, je men souviens aussi", a interjeté In-hye, soutenant sa mère, comme si le fait que ma femme ne mange pas d'huîtres était la chose la plus importante au monde. "Je pense toujours à toi quand je vois des huîtres, Yeong-hye."
Alors que les baguettes contenant les huîtres marinées s'approchaient lentement de la bouche détournée de ma femme, celle-ci a détourné la tête d'un coup sec.
"Mange, vite ! J'ai mal au bras..."
Le bras de ma belle-mère a même tremblé. Finalement, ma femme s'est levée.
"Je ne mange pas ça."
Pour la première fois depuis longtemps, elle pouvait être entendue haut et fort.
"Quoi ?" ont crié à l'unisson le père et le frère de ma femme, tous deux aussi coléreux l'un que l'autre. La femme de Yeong-ho a rapidement attrapé le bras de son mari.
"Mon cœur va se briser si cela dure encore plus longtemps", a hurlé mon beau-père à Yeonghye. "Ne comprens-tu pas ce que ton père te dit ? Quand il te dit de manger, tu manges !"
Je m'attendais à une réponse de ma femme du genre : "Je suis désolée, papa, mais je ne peux pas manger ça," mais tout ce qu'elle a dit, c'était "Je ne mange pas de viande" - clairement articulé et sans la moindre excuse.

(Ma traduction du texte néerlandais)

Le lendemain matin, le soleil était levé depuis un moment quand il a sorti la bande maîtresse et a éteint l'ordinateur.
Les cassettes étaient meilleures que ce qu'il avait prévu. L'éclairage, ses mouvements, l'atmosphère qu'ils créaient - tout était fascinant. Il réfléchissait à la possibilité d'ajouter de la musique avant de décider de rester discret et de donner l'impression que tout se passait dans une sorte de vide. La façon prudente dont elle se retournait, son corps nu parsemé de belles fleurs, la tache mongole - sur un fond de silence, une harmonie silencieuse qui avait quelque chose de primal, d'éternel.

(Ma traduction du texte en néerlandais)

Il l’a vue juste avant de sortir de son petit somme.
Sa peau était vert clair. Son corps était vautré devant lui, comme une feuille qui venait de se détacher de la branche et de commencer à se flétrir. […]
Il l’a retournée. Une forte lumière qui semblait provenir de son visage l’a ébloui, l’empêchant de voir la partie supérieure de sa poitrine. Il a écarté de ses deux mains ses cuisses dont l’élasticité lui disait qu’elle n’était pas endormie. Quand il l’a pénétrée, un liquide vert comme provenant d’une feuille écrasée a commencé à couler du sexe de la jeune femme. Une odeur d’herbe, à la fois agréable et âpre, rendait sa respiration difficile. Se retirant juste avant l’orgasme, il a découvert que son pénis était teinté de vert. Un jus frais, dont il était difficile de dire s’il venait d’elle ou de lui, avait colorié ses parties intimes jusqu’aux cuisses.