Alice Kaplan nous livre une biographie de Camus avec comme ligne directrice la conception, la maturation, l'écriture et la publication de « l'Etranger », premier livre publié de l'auteur.
J'ai beaucoup aimé voir les doutes et les critiques qui ont poussé Camus à remiser son premier livre et à se plonger dans l'écriture de l'Etranger.
Le cheminement que va faire le manuscrit de l'Etranger pour être publié dans la France occupée, passer la censure allemande et collaboratrice est très intéressant à lire tout comme de voir les différentes critiques, positives ou négatives que ce manuscrit a inspiré aux proches de Camus et aux auteurs contemporains.
Néanmoins, je trouve que cet essai fait 50 à 70 pages de trop : à trop s'étaler sur la question, l'attention finie par s'émousser. J'ai eu beaucoup de mal avec les notes : d'abord je n'ai pas apprécié de devoir à chaque note me reporter à la fin du livre, plutôt que d'avoir les notes en bas de page ; ensuite j'ai trouvé ces notes la plupart du temps inadaptées. A chaque fois que je m'attendais à avoir une précision sur ce qui avait généré le renvoie à la note, je me suis retrouvée face au titre d'un livre et de son auteur. J'aurais préféré une explication, avant que la source ne soit citée car je ne vais pas lire 15 livres pour avoir des explications. du coup, très vite, j'ai cessé d'aller voir les notes car ces deux défauts étaient pour moi trop gênants.
A plusieurs reprises, j'ai lu que « En quête de l'Etranger » était la biographie de l'oeuvre. Je ne suis pas d'accord. D'une part parce que pour moi on explique une oeuvre mais on n'en fait pas une biographie, d'autre part parce que j'en ai plus appris sur Camus, sur ses difficultés, ses aspirations, son caractère que sur l'oeuvre en elle-même.
Pour autant, après avoir lu cet essai, je pense que je ne vais pas lire l'Etranger, en tout cas pas dans un avenir proche. Voir le livre ainsi résumé en long, en large et en travers, la fin dévoilée, les divers développements aussi, m'ont fait perdre l'envie de le lire. Et contrairement à ce que pense
Alice Kaplan, tout le monde n'a pas lu ce livre dans le milieu scolaire. Peut-être aurai-je du le lire avant de me plonger dans cet essai.
La « vraie » identité de « l'arabe » m'a semblée de trop. Peut-être que Camus s'est effectivement inspiré de ce fait divers là pour créer le personnage de « l'arabe », mais s'il a décidé de ne pas lui donner de nom, de le réduire à sa nationalité, pourquoi dénaturer ses choix en cherchant à toute force à identifier l'homme ? Lui ou un autre, cela change-t-il le sens du roman et de l'acte commis ? A trop vouloir expliquer, analyser, on finit par obtenir l'effet inverse de celui recherché et, au lieu de donner envie de se plonger dans le roman, on en détache les lecteurs qui se retrouvent avec un livre vidé de sa substance à force d'être mâché et régurgité.