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Citations sur Le Négus (10)

Sa bienveillante Majesté ne se laissait jamais guider par le principe des compétences, elle ne se fiait qu'au principe de loyauté.
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Un jour j'ai vu une vingtaine ou une trentaine d'ouvriers déblayer des gravats et des pierres qui encombraient la cour devant l'entrée du Palais, sous la direction d'un contremaître arménien. Le travail consistait à charger la pierraille dans des civières en bois puis à les vider dans une décharge située à une cinquantaine de mètres. Le contremaître tournait au milieu des ouvriers en brandissant un long bâton. Quand il s'éloignait, l'activité cessait aussitôt. Je ne veux pas dire que les hommes s'asseyaient , se mettaient à discuter, à s'étendre par terre, non, ils se figeaient simplement sur place, comme des vaches dans un pré, parfois même ils tombaient en léthargie avec un bout de brique à la main. Quand le contremaître revenait, ils se mettaient à bouger, mais avec apathie, comme des silhouettes dans un film tourné au ralenti. Quant ils recevaient un coup de bâton, ils ne criaient pas au secours ni ne protestaient, ils accéléraient seulement un peu leurs mouvements. Dès que les coups cessaient, ils reprenaient leur rythme d'escargot. Mais, à peine le contremaître était-il reparti qu'ils s'immobilisaient et se pétrifiaient de nouveau.
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C'était un chien de race japonaise. Il s'appelait Lulu. Il avait l'autorisation de dormir dans la couche royale. Pendant les cérémonies, il s'échappait des genoux de l'Empereur et allait pisser sur les souliers des dignitaires. Ces messieurs n'avaient pas le droit de sourciller ni de faire le moindre geste quand ils sentaient leurs pieds s'imbiber d'urine. Mon rôle consistait à passer entre les courtisans au garde-à-vous et à essuyer leurs chaussures. Un chiffon en satin était affecté à cette tâche. J'ai assumé cette fonction pendant dix ans.
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« Qu'en est-il de la famine meurtrière ? » demandèrent-ils. « Je ne suis absolument pas au courant », répondit le ministre de l'Information. Je reconnais, mon ami, qu'il n'était pas loin de la vérité. Premièrement, depuis des siècles, la famine était un phénomène quotidien et naturel dans notre Empire. Personne n'avait jamais eu l'idée d'en faire toute une affaire. De manière cyclique, la sécheresse sévissait, la terre séchait, bétail crevait, les paysans mouraient ; c'était l'ordre des choses, naturel et éternel. Jamais aucun notable n'aurait osé importuner Sa Très Haute Majeste avec des nouvelles de la famine dans ses provinces,
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Quel désordre aurait régné dans l'Empire ! Au lieu d'un seul soleil, il y en aurait eu cinquante, et chaque sujet aurait rendu hommage, en privé, à l'astre de son choix. Non, mon cher ami, une telle liberté ne peut être que funeste, on ne peut exposer le peuple à un tel danger. Il ne peut exister qu'un seul soleil. Tel est l'ordre de la nature, toutes les autres théories ne sont qu'hérésie. Vous pouvez être assuré que Sa Majesté brillait au firmament. Elle brillait par sa grandeur et sa magnanimité, et le peuple savait, à coup sûr, de quel côté se trouvait la lumière et de quel côté se trouvait l'ombre.
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Hailé Sélassié vivait au milieu de ses ombres, sa suite n'était rien d'autre que son ombre démultipliée à l'infini.
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Le peuple ne s'insurge jamais parce qu'on lui fait porter un fardeau trop lourd, il ne s'insurge jamais parce qu'on l'exploite, car il ne connait pas de vie sans exploitation, il ne sait pas qu'on peut vivre sans être exploité. Comment peut-on aspirer à quelque chose qui n'existe pas dans son imagination ? Le paysan se révolte seulement quand brusquement, on essaie de lui jeter un deuxième sac sur les épaules. Il est alors incapable de se retenir, il tombe le visage dans la boue, certes, mais il se relève et s'empare d'une hache. Non pas, mon très cher monsieur, qu'il se sente incapable de soulever ce deuxième sac, non, il est en tout à fait capable. Il se redresse parce qu'il sent qu'en voulant lui imposer ce poids supplémentaire, sans ménagement, brutalement, on a essayé de le rouler, on l'a traité comme une bête de somme stupide, on a piétiné le peu de dignité qui lui restait, on l'a pris pour un idiot qui ne voit rien, ne sent rien, ne comprend rien. L'homme prend une hache non pas pour défendre sa poche, mais pour défendre son humanité, oui, mon très cher monsieur. Ceci explique donc pourquoi Sa Majesté réprimanda les fonctionnaires qui, pour leur propre confort et par pure vanité, au lieu d'alourdir la charge progressivement, petit sac par petit sac, essayèrent de la jeter de manière grossière, d'un seul coup, sur les épaules des paysans. Ainsi, pour assure un avenir paisible à l'Empire, Sa Vénérable Majesté demanda aux fonctionnaires d'ajouter les sacs un par un, avec une pause entre chacun, tout en surveillant, d'après l'expression de son visage, si le paysan pouvait tenir le coup, s'il était encore possible d'ajouter quelques grammes ou s'il fallait le laisser souffler.
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Feu le ministre Makonen était un drôle de personnage. Favori et véristable chouchou de sa majesté, jouissant de son oreille impériale à volonté, il ne pensait jamais à se remplir les poches. Son Altesse avait beau ne apprécier les saints dans son entourage, elle lui pardonnait cette faiblesse, car elle savait que cet excentique n'avait pas la tête à s'enrichir, tout absorbé qu'il était par une idée fixe : celle de servir au mieux l'empereur.
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L'argent, dans un pays riche et dans un pays pauvre, ce n'est pas du tout pareil ! Dans un pays riche, l'argent, c'est un bout de papier avec lequel on peut acheter des produits au marché. On est tout simplement un client. Même un millionnaire n'est qu'un client comme les autres. Il peut acheter plus de choses, mais il reste un client et rien de plus. Mais dans un pays pauvre ? Dans un pays pauvre, l'argent est une haie merveilleuse, touffue, odorante, éternellement fleurie, qui protège de tout. Grâce à elle, on ne voit pas la pauvreté rampante, on ne sent pas la puanteur de la misère, on n'entend pas les vois provenant des bas-fonds. On sait pourtant que ce monde existe, et la haie procure une fierté immense. On a de l'argent et donc des ailes. On est un oiseau du paradis qui suscite l'admiration.
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La vie humaine- quelle valeur a-t-elle ? L'autre n'existe que dans la mesure où il nous résiste. La vie ne signifie pas grand-chose, mais mieux vaut en priver l'ennemi avant qu'il ait le temps de lever la main sur nous.
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