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Citations sur Si un inconnu vous aborde (21)

Plus aucun doute. Ils fonçaient. La blondeur de sa fille deviendrait aussi terne qu'une eau de vaisselle, comme avec sa soeur. Ses cheveux d'ange de bébé avaient disparu. Ils étaient plus raides, aussi. Fini les anglaises. Il ne restait pas même une boucle. La délicatesse s'en était allée. Des années plus tôt, quand Tony avait réalisé pour la première fois que sa fille ne porterait peut-être pas ces boucles d'or toute sa vie, il s'était dit - quelle pensée horrible, impardonnable ! - qu'il ne l'aimerait plus si elle se transformait en adolescente aux épaules carrées, à la peau abîmée et aux cheveux châtains éteints comme ceux de sa soeur. Il l'avait observée sur la plage, et avait projeté sa petite fille dans l'avenir [...].
Serait-il capable de l'aimer autant qu'il l'aimait maintenant ?
Mais bien sûr que oui ! Il l'avait aimée sanguinolente, la tête en forme de banane, gigotant et hurlant à pleins poumons, toute jaune et édentée, un paquet terrifiant qui leur avait été maladroitement adressé à sa naissance. Il l'aimait totalement. Monstrueusement. Un amour absolu qui annihilait tout. Comment pourrait-il jamais arrêter de l'aimer ?
(p. 43-44)
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A cet instant, [il] aurait 'tout donné' pour pouvoir entrer dans l'une de ces maisons et poser quelques questions à ceux qu'il y aurait trouvés. A quoi ressemble votre vie ? Que regrettez-vous ? Avez-vous déjà fessé votre enfant ? Combien d'argent avez-vous sur votre compte en banque ? Vos revenus annuels ? Votre plus grande peur ? Faites-vous souvent l'amour à votre femme ? Vous sentez vous nul ? Etes-vous l'homme (ou la femme) que vous pensiez devenir ?
Quel soulagement incroyable ce serait d'avoir les réponses à ces questions données par une poignée d'inconnus - une poignée de réponses à une poignée de questions posées aux résidents de ces maisons proprettes.
Tout semblait si parfait. Tellement fait d'espoir et d'exclusion arrivés à maturité. Mais Tony repérait de petits problèmes ici ou là - une gouttière décrochée que personne ne s'était donné la peine de fixer, une boîte aux lettres bourrée de prospectus que personne n'avait vidée - l'indice que tout n'allait pas si bien, que les gens ne pouvaient avoir une véritable idée de ce qui se passait derrière cette porte.
(p. 50-51)
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Ils lui avaient bien dit, tous, de ne pas fouiner. A quoi bon lire le journal intime de ta fille adolescente ou fouiller dans les tiroirs de sa commode si tu ne sais pas quoi faire de ce que tu risques de découvrir ? Ne serais-tu pas plus sereine en ne sachant rien au cas où il y aurait quelque chose que tu ne voudrais pas savoir ?
(p. 17)
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Lorsqu'on commence à chercher au-delà de chez soi ce qu'on a perdu, y compris le vide, cette chose ultime que l'on peut revendiquer, le monde nous l'arrachera des mains.
(p. 49)
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Karen ne réaliserait que bien des années plus tard combien elle avait été égoïste en ayant cette liaison avec un homme marié. L'enchaînement d'événements que cela avait peut-être provoqué. Elle s'aperçut qu'à cette époque, elle ne savait presque rien de l'amour. Ni de la famille. Ni de ces voeux humbles et pleins d'espoir que les gens forment pour traverser la vie intacts. Qu'une trahison, même de la part d'une étrangère, était comme un petit point de rouille qui finit par tout corroder.
(p. 106-107)
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Ici, pas besoin de rappeler aux gens de s'occuper de leurs affaires. On pouvait bien agoniser sur sa pelouse, ils étaient du genre à tirer poliment les rideaux pour ne pas nous offusquer en remarquant quoi que ce soit. C'était le genre de banlieue où, tous les dix ans environ, se produisait quelque chose d'abominable. Découverte d'un réseau pédophile. D'un cadavre dans une bâche, abandonné au bout de l'allée en attendant le passage des éboueurs. Et quand la presse, la télévision ou la police interrogeait les voisins, ceux-ci disaient : "Je n'ai jamais rien remarqué d'inhabituel. Ils avaient l'air de gens très bien."
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Les gens se mariaient, divorçaient. Ils faisaient toute une histoire de leur mariage. Des kilomètres de satin blanc, de la mauvaise musique, toute la pompe religieuse, le riz sur les marches du temple. Les conserves accrochées au pare-choc de la voiture. Des milliers de dollars à boire et à manger. Toute une clique de vieux amis en smoking et de demoiselles d'honneur affublées de meringues en dentelle. Des montagnes de cadeaux. De grandes et belles promesses scellées par un galimatias et des mains qui s'agitent, l'invocation de Dieu, des quatre vents et de l'esprit des ancêtres – et puis, un jour, l'un d'eux vous dit : « Bon, il serait peut-être temps de passer à autre chose. »
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Tout ça était bien sûr ordinaire, mais son ordinaire à lui était animé par un amour extraordinaire. Personne n'avait jamais aimé de la sorte. En Technicolor ! Tony était ensorcelé ! On l'avait choisi ! Un pékin moyen qui débordait de lumière et d'oxygène et qui planait à quatre mille.
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Il continua d'avancer, mais son pas avait perdu en vitesse, comme si ses jambes avaient leurs propre projets et qu'elles questionnaient les siens.
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Karen acquiesça tristement, sentit les larmes monter aux coins de ses yeux, mais fut aussi gagnée par l'émerveillement devant l'étrangeté de la vie et le rôle qu'elle-même y jouait.
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