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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Soulignons les éditions Marchialy créées en 2016 et déjà sur le piédestal littéraire.
Remarquable et remarquée, cette ligne éditoriale singulière est un gage de textes forts et rares.
La magnificence graphique et topographique qui élève le livre dans l'orée perfectionniste.
Ici, il s'agit d'une non-fiction de Kapka Kassabova, traduit de l'anglais par Morgane Saysana.
« Élixir » Dans la vallée, À la fin des temps ». le troisième ouvrage de cette autrice après Lisière (Prix Nicolas-Bouvier et mention spéciale du prix du Livre Européen) paru en 2020. « L'écho du lac » (prix du Meilleur livre étranger) paru en 2021. »
« Élixir » est une déambulation apprenante et spéculative dans la vaste forêt bulgare. La canopée immensément nourricière et ésotérique.
Kapka rassemble l'épars. La collecte magique, essentialiste.
Ici, il n'y a pas de hasard. Les rencontres sont bienveillantes et enrichissantes.
L'élixir bienfaiteur, les morceaux d'architecture à l'instar d'échappées sylvestres.
Les quatre éléments sont fusionnels. Reliés à l'intrinsèque des transmissions allouées.
Vieux bois / Feu
Les Bouleaux / Terre
Source / Eau
Pirin / Air
Ce livre est une respiration. Les hôtes des pages sont contemporains. Nous sommes dans un espace initiatique. Les herbes comme des promesses. Les fusions à l'instar de la prodigalité. « Dans la vallée à la fin des temps », bois, et fleuve, la vie comme un feu de bois qui délivre le message du vivant, de l'utile. Des croyances ancestrales, senteurs, saveurs, et rites confondus.
« La vérité, c'était que les Pomaks étaient un peuple autochtone enraciné en profondeur dans le tissu même de la terre. « Nous sommes des Bulgares portant des noms arabo-turcs qui fréquentons la mosquée au lieu de l'église, » résumaient nombre de jeunes Pomaks. La plupart d'entre eux étaient laïques en terme de croyance, mais musulmans en terme d'identité. »
Les sociologies et les habitus, la quête comme une source salvatrice. le renom d'une géographie dans toute son idiosyncrasie.
Les rencontres sages, les vieilles femmes âgées et quelque peu sorcières. Habitées par cette force végétale. le devoir de la parole. Kapka est en collecte. Ne rien perdre de ce qui infuse en cette région cosmopolite et vivifiante.
Rien n'est perdu et rien ne s'égare. Les cueillettes des plantes, aux destinées voyageuses, les promesses d'élixirs salvateurs. le langage intrinsèque, l'alphabet-vie.
L'oralité qui assigne le pouvoir des êtres jusqu'aux alentours du monde-plein.
Apprendre de lui. Ne rien laisser s'échapper de cette vertueuse terre. Elle est un don.
Nous sommes dans l'espace où tout change. Les hommes et les femmes, dans ce périple végétal et humaniste. Ici, c'est l'Histoire de la vie. « La verveine est une des rares choses qui soulagent la périodontite, expliqua Rocky. Mélangée avec de l'armoise. » « En tant qu'herboristes, Rocky et Nafié s'inscrivaient dans la traditions sédentaire. »
« L'Élixir » est à l'instar du Graal. « Il reste toujours l'élixir, avait dit Rocky. Él-iks-ir. Un mot semblable à un mantra oublié. le mot est la chose. Même sans savoir l'orthographier, vous pouvez le goûter . »
L'ethnologie est inscrite entre ces pages. Les sciences-humaines en apogée, telles des rémanences en mouvement. le pouvoir de la science dans l'aube d'une terre retournée avec ferveur. Tout est alliance, fusions et paroles. Un kaléidoscope dont l'enseignement est vertueux. L'arborescence en puissance. Les philosophies, devenues des recettes à transmettre.
« Son visage portait les traces d'une vie à la dure et elle était grand-mère, mais sa nature sauvage n'avait pas d'âge. »
Kapsa Kassabova est dans une posture où le macrocosme est une montagne vertigineusement savante. Ne rien perdre du passage du gué. Dans cette vallée bulgare, entre les plantes, les sourires, les mains tendues, tous et toutes, ici, connaissent les gammes sachantes, les ancestrales tisanes salvatrices, les gestuelles comme un don de la nature, les miracles et les coutumes innées et perpétuelles. Poètes et guérisseurs, les remèdes à l'instar de miscellanées qui s'élèvent. Les connaissances, la traduction sur les lèvres. L'oralité magnétique et boréale. Les entendements du monde vivant. Comprendre les signes et les sylvestres prières, atteindre la cime et rapporter comme une collecte rare et précieuse les essences et les palpitations d'une terre nourricière.
Cet essai érudit et riche est un voyage au centre de la vie-même.
Pas à pas Kapka, est une main en coquille qui cueille les savoirs et offre, dans cet ouvrage précieux, la compréhension de la vie et ses pouvoirs sur l'humain.
Magistral, « Élixir » est un livre salutaire. Écologique, il en est que plus signifiant.
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J'aurais aimé que ce livre ne finisse pas, et j'ai ralenti mon rythme de lecture au fur et à mesure, pour que nous restions ensemble le plus longtemps possible...
L'auteure parcourt les vallées reculées de son pays natal, la Bulgarie, à la rencontre des femmes et des hommes qui y vivent. Elle nous livre le récit de ses rencontres mélées, plantes, montagnes, rivières, femmes, hommes, vestiges de l'histoire, chevaux, etc.
Madame Kassabova, vous le dites vous même : "cet ouvrage entremêle un certain nombre de domaines d'expertise complexes : l'ethnobotanique et la médecine populaire, l'ethnographie, la naturopathie, la psychologie, l'histoire des religions et de la magie, la spiritualité, la notion de la conscience, et l'écopsychologie. le seul domaine dans lequel je pourrais revendiquer une précision absolue, c'est celui de l'expérience personnelle et transpersonnelle."
J'ajouterais que vous maniez la prose en poétesse, et l'humanisme comme un coeur pur.
Merci Maman pour cette découverte qui me touche tant,
Et merci Madame Kassabova pour ce partage précieux de votre regard et vos savoirs sur cette Terre et ses habitants. Littérature fusionne avec écologie (étude des êtres et des liens qu'ils tissent), et devient mycélium de liens.
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Je remercie Babelio de m'avoir offert l'opportunité de lire Élixir de Kapka Kassabova. J'avais déjà eu le grand plaisir de lire (et de rédiger une critique) de son roman L'Écho du Lac qui était consacré à la quête des origines et aux questions d'identité. Élixir est une véritable promenade enchantée à travers l'Ouest de la Bulgarie, le pays d'origine de l'autrice. Celle-ci effectue un retour à ses origines et à la nature en partant à la rencontre de diverses personnes résidant dans des villages reculés, situés non loin du fleuve Mesta. Néanmoins, les véritables personnages du roman sont en fait les herbes médicinales qui sont soigneusement décrites, tant pour leur apparence que leurs innombrables propriétés. L'ouvrage fourmille de détails sur l'histoire de la région et de son peuplement, l'évolution du paysage ou bien encore les coutumes locales. le style de l'autrice est toujours aussi agréable, à la fois précis et fluide. Il s'agit d'un livre qui invite à la contemplation. Ce n'est pas forcément un ouvrage qu'il faut lire du début à la fin. Il est également agréable de piocher quelques passages afin de ressentir la nature et pourquoi pas de repenser notre rapport à elle.
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Elixir est présenté comme une balade naturaliste pour découvrir les plantes et leurs usages traditionnels en Bulgarie mais c'est tellement plus en fait. L'autrice est bulgare mais vit en Ecosse. Elle effectue un retour aux sources en passant du temps dans les zones les plus reculées de Bulgarie. C'est ce voyage qu'elle nous raconte pas uniquement les plantes même si elles sont le prétexte pour amener l'histoire et la culture des peuples bulgares. J'ai adoré me laisser porter par ce récit touffu et souvent fouillis. Les informations ne sont pas regroupées par thématique, elles arrivent au détour d'un chemin, en fonction des rencontres du moment. Ca pourrait donner un sentiment de passage du coq à l'âne, de frustration car il n'y a pas moyen de savoir quand la suite des vertus d'une plante sera à nouveau abordée mais c'est si bien fait qu'on se laisse porter.
Ce choix donne un aspect carnet de voyage d'une grande douceur. On voit les paysages, on imagine les plantes, on est avec l'autrice au milieu des montagnes avec des personnes qui font survivre une tradition par vocation ou par défaut.
L'écriture/la traduction est belle, il y a une poésie dans le texte qui fait écho à celles des paysages.
Avec la quatrième de couverture, je m'attendais à quelque chose de très guide naturaliste avec la description morphologique des plantes, leur répartition géographique… et ce n'est pas du tout ce qu'on a. Les plantes sont vues d'un point de vue de récolte et de vertu thérapeutique et surtout permettent de donner accès à la vie des gens. Découvrir la vie actuelle et passée de ce pays aux communautés plus variées que ce que j'imaginais. 
C'est une magnifique découverte qui m'a fait voyager sans quitter mon fauteuil.
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J'ai découvert il y a quelques années les Éditions Marchialy par le biais du premier titre de Kapka Kassabova Lisière qui m'avait enchanté, j'avais acheté sa publication suivante L'écho du Lac sans en avoir pris le temps de le lire. Quand j'ai lu que l'autrice d'origine bulgare sortait un troisième titre lors de cette rentrée d'hiver, je m'en suis réjouie. Et très enthousiaste quand Babelio m'a proposé de porter ma candidature afin que je le reçoive et le lise dans le cadre de l'une de ces Masses Critiques spéciales qu'ils organisent régulièrement. Avant de parler du texte par lui-même, il faut absolument s'arrêter quelques instants sur la couverture et le graphisme intérieur d'une beauté rare, que l'on doit au talent de Guillaume Guilpart : au premier regard posé sur la première de couverture, on sait immédiatement que Marchialy en sont les éditeurs. C'est en grande partie pour l'illustration de première de couverture que j'ai d'ailleurs découvert Lisière dans les rayons de la librairie et que je l'ai acheté.

Retour en Bulgarie, direction l'ouest du pays en direction des frontières grecque et macédonienne, au sein d'une vallée, le bassin de la Mesta, qui confine des coins de nature seuls connus par les autochtones et les curieux qui n'hésitent pas à délaisser grandes routes et lieux archi-touristiques pour s'aventurer dans l'arrière-pays bulgare. Kapka Kassabova se concentre cette fois-ci sur la flore locale, fruit de plusieurs séjours dans la région, qu'elle a décidé d'étudier en relevant les propriétés curatives de chacune des plantes médicinales qui poussent à l'écart des villes et autres formes de civilisation. Elle refait ses périples dans ce biotope exceptionnel aux côtés du lecteur, expliquant les particularités de son pays de naissance, qui compte parmi les plus importants exportateurs de plantes médicinales et culinaires. du patrimoine précieux que constitue sa flore et sa faune (les forêts du pays sont peuplés par loups et ours), la Bulgarie compte un patrimoine géographique et historique d'une variété qui reste unique au sein du territoire européen.

Plus de cinq cents pages sur la botanique des sols bulgares, cela semble un poil exagéré, mais ce livre est bien plus que cela. Kapka Kassobova s'introduit dans le folklore balkanique par les plantes, la mémoire des lieux où elles croissent et s'épanouissent et les coutumes et légendes ancestrales qui y sont liées : tout ce qui a été, que l'on retrouve dans les murs des églises, des maisons, des ruines. J'ai débuté ce récit en me questionnant sur la capacité à remplir 500 pages sur le pouvoir des plantes et des fleurs, et pourtant cela fonctionne parfaitement, je me suis délectée du récit de Kapka Kassabova, quand bien même elle a consacré des pages à décrire et expliciter les qualités des plantes qu'elle a ramassées. Je ne suis pas spécialement portée sur la phytothérapie, je sais tout juste que la valériane possède des vertus sédatives et que le datura et la belladone ne sont pas à laisser entre toutes les mains, je dirais que je trouve cela un brin rébarbatif. Pourtant, cela devient passionnant à travers la voix de l'autrice, peut-être parce qu'elle-même est passionnée par la science des plantes qu'elle avoue utiliser au quotidien pour se soulager des maux dont elle est atteinte.

Une ode à la nature et à ce coin de Bulgarie, qui porte encore ses stigmates, visibles dès lors que l'on se donne la peine de chercher, qui porte son histoire comme on porte ses tatouages, certains visibles, d'autres cachés, affadis avec le temps, mais toujours ancrés dans la peau et dans la terre. Une terre fertile mais maltraitée par la surproduction, chérie par ses autochtones, eux-mêmes, une partie d'entre eux appartenant à l'ethnie des Pomak, musulmans des Balkans du Sud constamment persécutés, dont Kapka Kassabova nous relate morceau par morceau l'histoire entre deux balades phytologiques dans la vallée. On ne peut pas réduire ce texte à un simple traité de botanique car de fil en aiguille, l'évocation des plantes et des herbes de la vallée donne lieu à convoquer différents pans de l'histoire bulgare, notamment le fait que sa production a fait la richesse de groupes mafieux qui ont vite compris qu'au vu de la quantité et la qualité des plantes, il y avait de quoi se faire un bon pécule. La corruption du pays revient souvent dans le récit de l'autrice, comme en contrepoint à la pureté des lieux, parfois profanée par le communisme et autres avides peu consciencieux. Point femmes : C'est un récit qui célèbre particulièrement la population féminine qui peuple vallées et montagnes environnantes, des guérisseuses qu'on appelle Baba, consacrées le jour du Babinden au mois de janvier, de ces extralucides et autres femmes chamanes.

Ce titre possède exactement le même charme mystérieux que le premier récit Lisière, envoutant, magnétique, et même addictif à l'image de ces lieux presque oubliés de tous, des quelques témoins du passé qui y vivent encore, qui y conservent jalousement leur mode de vie ancestral, loin du wi-fi et d'Elon Musk, cultivant la mémoire des leurs prédécesseurs, leurs anecdotes, leurs mythes, le mystère de leur identité, de leur culture et traditions qui s'éloignent bien du matérialisme de la vie citadine. Je suis vraiment reconnaissante à Kapka Kassabova de me faire découvrir les trésors inestimables de son pays, de ces personnalités que je ne rencontrerai jamais, mais que j'ai eu le temps de m'imaginer et qui constituent quelque part la mémoire bulgare. Ce texte fort fleure bon la fraicheur de l'air pur et le mélange des effluves des plantes qui croissent en bon voisinage, de ces odeurs de retour aux sources et à l'essentiel, qui donné envie de partir seule à la cueillette des herbes.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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L'autrice d'origine bulgare retourne à plusieurs reprises dans son pays sur les traces de sa grand-mère et sa grand-tante qui l'ont initiée à la vie végétale.
Une carte au début du livre situe les lieux de ses recherches de la Vallée de la Fin des Temps au Parc national de Rila.
Grâce à son climat, sa géologie, son relief la Bulgarie a été le terreau idéal pour le développement des espèces végétales, du moins jusqu'à l'ère communiste.
kapka Kassabova va au contact de ceux qui connaissent encore ces plantes et peuvent transmettre leur savoir.
En 4 parties, Feu, Terre, Eau, Air, elle rassemble tous les éléments connus, de l'Antiquité à nos jours, sur l'usage des plantes et des champignons - utilisation, recettes, bénéfices, rituels qui s'y rattachent, éventuellement légendes. Elle raconte aussi la vie des hommes et des femmes qui les cueillent, les cultivent, les exportent. Une somme de connaissances mais aucune lourdeur dans le récit qui fourmille d'anecdotes, de descriptions poétiques, de rencontres improbables.
En filigrane, l'histoire d'un peuple, les Pomaks, qui a beaucoup souffert.
Grand merci aux éditions Merchialy et à babelio pour cette lecture si enrichissante.




























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