Bon ben, voilà, c'est officiel, les Beatles se séparent.
Moi je m'en fous, j'ai jamais trop aimé leur musique, ni leurs tuniques indiennes à la con, mais pour Solange, c'est toute une histoire.
Je crois même qu'elle a versé une petite larme.
Du coup on se farci leur double album toute la journée, Ob-La-Di, Ob-La-Da, et entre deux shampoings on se demande comment on va faire pour vivre sans eux.
La vérité c'est qu'on vivra très bien, avec ou sans les Beatles, et qu'on n'a jamais été aussi heureux ...
Il y a des gens, c'est pas la peine de leur expliquer. C'est trop tard. Faut juste qu'ils débarrassent le plancher. (p 144)
Il sait qu'elle hésite, c'est normal qu'elle hésite. Comme un oiseau dont on ouvre la cage. C'est difficile de s'envoler, quand on a passé sa vie entre les barreaux. La plupart restent là, dans leur prison, les yeux fixés sur une porte ouverte.
Je ne sais pas pourquoi, c'est toujours pareil, même une crevette finit par peser le poids d'un âne mort. Ça doit être un truc religieux, plus t'es chargé en péchés, plus tu pèses.
Si c'est ça, je plains le mec qui me mettra dans le trou. (p 186-187)
On est comme des papillons, des putains de papillons noirs qui viennent se brûler sur la lumière.
Parce que c'est lourd, une petite fille, ça empêche de s'envoler. Ça empêche de renaître. De partir ailleurs, d'oublier, de penser ses blessures. De vendre des bonnets, de trouver un travail. C'est un boulet, une bouche à nourrir, un cartable à remplir, et tous ces foutu tablier qu'il faut laver, repasser, repriser, encore et encore, jusqu'à en voir la trame.
Mais avec Solange, c'est dur de savoir, elle est comme un bouquin avec des pages qui manquent.
Et puis on ne fait pas ça tout le temps, non plus. Juste quand on tombe sur un con. Un vrai. Un con plus con que les autres.
"On est comme des papillons, des putains de papillons noirs qui viennent se brûler sur la lumière."
Si ça ne tenait qu'à moi, on viendrait ici tous les ans, louer une baraque dans l'arrière-pays, mais avec nos petits dérapages, c'est difficile de se faire des habitudes.