Enoch a plu à Dieu, et il a été transporté dans le paradis, pour exciter les nations à la pénitence (Si 44,16)
Je boirai tes flacons de mots,
je me désaltérerai de tes eaux de mort,
O ! Yitshok Katzenelson,
metteur en vers d'un peuple assassiné
en disant la fin du rêve d'éternité.
Après la traversée des époques vaines
un rêve a submergé mon âme naine,
j'ai alors imaginé nos aujourd'hui
et tous ces jours et ces heures
si tu n'avais pas écrit ces mots là;
nous, innocents ne saurions pas
ce que sont toutes ces douleurs
qui ont noirci l'histoire de nos vies.
Il y avait un peuple naguère;
quatre-vingt millions assassinèrent
la gravité d'un enfant et il n'y a plus rien,
disais-tu à un dieu lointain
et grincheux
et silencieux
sur des fils de fer barbelés,
sous des nuages de lâchetés.
L'histoire qui commença avec Hénok,
elle ne s'est pas arrêtée, et même,
il n‘est pas impossible qu‘on l‘aime,
parce qu'aujourd'hui, Yitshok,
et demain
et sans fin
nous lirons les vers que tu as embouteillés
pour être la survie de nos rêves d‘humanité.
Metteur en vie de la fin des hommes
avec tes mots de poète assassiné,
O ! Yitshok Katzenelson,
nous boirons tes flacons d‘eau de mort,
nous donnerons au Temps tous tes mots,
et survivra ta mémoire…
et avec elle nos désirs de vie.
Yitzhok Katznelson, poète et dramaturge Juif, né près de Minsk en 1886, mort gazé à Auschwitz, après avoir pu écrire le Chant pour le peuple Juif assassiné, long poème qu'il mit dans des bouteilles enfouies dans le camp de Vittel.
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