AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,5

sur 14 notes
5
2 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ce petit recueil était dans ma PAL depuis quelques années , et c'est suite à la lecture du roman d'Erri de Luca, le tort du soldat, que j'ai décidé d'hâter cette lecture.

Drôle d'histoire que celle de ce recueil, retrouvé "par hasard" dans le camp de Vittel, il consigne les dernières images et ressentis d'Yitskhok Katzenelson quelques mois avant sa déportation -et mort- à Auschwitz.
Alors qu'il a perdu sa femme et deux de ses enfants (sur trois..), il témoigne. Sans doute pour ne pas sombrer, dans le désespoir, la dépression ou l'oubli.

On retrouve dans ces poèmes en prose l'oralité et les rythmes du klezmer et le sens de la formule du théâtre yiddish.
Comme dans tout témoignage, nous assistons à la chute du poète. De l'exil du quartier de Lodz au ghetto de Varsovie, de l'anéantissement à la colère, de la torpeur au désespoir, et de la résistance à la mort : il témoigne.
Même si dans ce chaos, il tente de se remémorer ce qui était bon dans cette vie qui n'en est plus une... Même s'il tente par tous les moyens de ne pas se résigner (l'écriture, le souvenir, la résistance), la mort reste omniprésente.
Comme dans le Journal d'Anne Frank, nous lecteur, savons que la fin du livre signifie la fin de la vie.
Contrairement au journal de l'adolescente, il y a bien plus de fusion ici, c'est le chaos qui est décrit. Des scènes de terreur où la Terre perd son humanité et le Ciel contemple, aveugle et sourd.

Ce qui ressort malgré tout, c'est que ce qu'il reste d'humanité dans l'horreur : c'est la compassion pour ses semblables, le combat pour la dignité quand tout est perdu et surtout, l'amour pour les siens.. même s'ils ne sont plus.
C'est là sans doute la motivation profonde de ces poèmes : l'amour pour la femmes et les enfants disparus. Ceux pour qui ont veut laisser une trace, même si eux n'ont pu le faire...
Commenter  J’apprécie          182
Enoch a plu à Dieu, et il a été transporté dans le paradis, pour exciter les nations à la pénitence (Si 44,16)

Je boirai tes flacons de mots,

je me désaltérerai de tes eaux de mort,

O ! Yitshok Katzenelson,

metteur en vers d'un peuple assassiné

en disant la fin du rêve d'éternité.


Après la traversée des époques vaines

un rêve a submergé mon âme naine,

j'ai alors imaginé nos aujourd'hui

et tous ces jours et ces heures

si tu n'avais pas écrit ces mots là;

nous, innocents ne saurions pas

ce que sont toutes ces douleurs

qui ont noirci l'histoire de nos vies.


Il y avait un peuple naguère;

quatre-vingt millions assassinèrent

la gravité d'un enfant et il n'y a plus rien,

disais-tu à un dieu lointain

et grincheux

et silencieux

sur des fils de fer barbelés,

sous des nuages de lâchetés.


L'histoire qui commença avec Hénok,


elle ne s'est pas arrêtée, et même,

il n‘est pas impossible qu‘on l‘aime,

parce qu'aujourd'hui, Yitshok,

et demain

et sans fin

nous lirons les vers que tu as embouteillés

pour être la survie de nos rêves d‘humanité.


Metteur en vie de la fin des hommes

avec tes mots de poète assassiné,

O ! Yitshok Katzenelson,

nous boirons tes flacons d‘eau de mort,

nous donnerons au Temps tous tes mots,


et survivra ta mémoire…

et avec elle nos désirs de vie.



Yitzhok Katznelson, poète et dramaturge Juif, né près de Minsk en 1886, mort gazé à Auschwitz, après avoir pu écrire le Chant pour le peuple Juif assassiné, long poème qu'il  mit dans des bouteilles enfouies dans le camp de Vittel.

Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60
"Puissant."

Voilà le mot que je choisirais pour décrire ce tout petit livre, pourtant si grand pour ce qu'il raconte! ...

La tragédie de la Shoah, de l'extermination de juifs... de l'assassinat de milliers d'Hommes...

C'est la première fois que je lis un texte sur ce sujet... adoptant la forme de poèmes.

Qui plus est... de poèmes écrit par un juif, et à cette époque précisément!

le texte ainsi rédigé nous emmène dans la peau d'un peuple poursuivi, battu et écrasé impitoyablement.

Nous donne envie de pleurer,
ou de se terrer dans un trou
en attendant que la folie des hommes passent...
et souhaitant qu'elle ne nous atteigne jamais! ...

Ces témoignages d'Yitskhok Katzenelson, qui ont été caché sous terre dans une bouteille avant de nous parvenir, sont terriblement durs mais extrêmement beaux.

A lire pour les passionnés ou intrigués de cette période.
Commenter  J’apprécie          60
Une longue et glaçante complainte d'un poète qui voit disparaître son peuple, sa femme et ses enfants face à la machinerie destructrice si bien réglée du nazisme.

Immensément tristes et révoltantes, on ne peut qu'acquiescer bassement aux lamentations d'Itzhak Katzenelson et à sa colère contre les hommes, contre les cieux et contre Dieu lui-même...Le dossier de Rachel Ertel faisant suite au chant permet de mieux comprendre dans quelles circonstances le poète écrivait, et son obsession, la même que pour d'autres auteurs juifs, à transmettre et à témoigner par écrit de la destruction de sa culture et de ses coreligionnaires dans l'Europe de l'Est.

Si le texte rebute parfois par les horreurs qu'il décrit et que la traduction ne peut fidèlement rendre l'exploit stylistique dont parle Rachel Ertel, le Chant du peuple juif assassiné n'en demeure pas moins une trace indélébile d'une tentative d'épuration totale d'un peuple. A lire.
Commenter  J’apprécie          40
Ce petit livre est original, tant par la nationalité de son auteur, que sa couverture et sa forme. L'auteur, qui est biélorusse, écrit en langue yiddish, autrement dit, la langue utilisée par les juifs dans l'Europe centrale et de l'Est. Oui c'est important de connaître la différence entre l'hébreu et le yiddish, culturellement parlant.
Ce petit livre est un témoignage. Un cri. Sous forme de poèmes en prose. C'est très particulier. Contrairement à son manuscrit, l'auteur n'a pas réussi à ressortir vivant du camp de Vittel. Parce qu'effectivement, il raconte, en une dizaine de poèmes (ou chapitres) l'extermination des juifs. Enfin, il ne raconte pas, il dénonce, il s'insurge, il se met en colère.

Je vous le conseille vraiment. C'est rapide à lire (aucune excuse) et c'est fort
Commenter  J’apprécie          40
Très belle et très juste critique de Lunoelle.
A travers l'horreur de la Shoa, cet immense et intense poème méditatif et souffrant nous fait pénétrer dans la douleur humaine aux prises avec l'insupportable violence que les hommes font aux hommes, ignorants qu'ils sont de la vraie richesse qui fait la beauté de l'homme: la paix.
Qui plus est, il y a une grande profondeur des images et un ton élégiaque qui captivent immédiatement le lecteur et l'emmènent dans ce que vit Yitshak Katsnelson qui s'être trouvé sous l'occupation nazie dans le ghetto de Varsovie, où il n'a pu empêcher la rafle de sa femme et de ses deux plus jeunes enfants (exterminés à Treblinka). Il fuit et se retrouve prisonnier à Vichy, avec son fils aîné, où il écrit ce poème avant d'être déporté à Aushwitz où il est immédiatement gazé. Son poème est retrouvé enterré dans le camp de transit de Drancy après la guerre.
Lien : https://fr.wikipedia.org/wik..
Commenter  J’apprécie          20
Je connaissais bien évidemment Yitskhok Katzenelson, poête oh combien célèbre pour ses oeuvres et résistant du ghetto de Varsovie, mais jusqu'ici je n'avais pu lire son oeuvre celle-ci n'étant pas rééditée.

Ce recueil, est le reflet, mis en poêmes de ce qui se passa pendant cette période sombre mais également le récit d'une partie de la vie du poête.

Commenter  J’apprécie          10

Autres livres de Itzhak Katzenelson (1) Voir plus

Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1227 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}