AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Découvrez les meilleures listes de livres


LIRE, PENSER, RESISTER
Liste créée par nath45 le 04/05/2017
80 livres.

Voilà bonne idée, 20 éditeurs se réunissent pour nous proposer une sélection d'ouvrages divers, essais comme fictions, pour nous aider à penser le monde et résister au défaitisme, au fatalisme et à la résignation. Cette idée est fédérée par nos libraires, une soixantaine en France, en Belgique et en Angleterre qui mettent en avant certains titres sous le slogan Lire/Penser/Résister.



1. Une saison de coton : Trois familles de métayers
James Agee
4.39★ (95)

Voici enfin publié pour la première fois, plus de soixante-quinze ans après sa rédaction, un reportage signé James Agee que l'on croyait à tout jamais perdu, une enquête sur le métayage du coton dans l'Alabama qui devait donner lieu, plusieurs années plus tard, au célèbre ouvrage Louons maintenant les grands hommes (1941). En 1936, le magazine Fortune, pour lequel Agee travaille, décide de l'envoyer dans l'Alabama afin de décrire les conditions de vie de trois familles de métayers du coton. Agee insiste pour que le photographe Walker Evans l'accompagne et c'est ainsi que les deux hommes vivront plusieurs semaines durant avec les Burroughs, les Tingle et les Fields. Tandis qu'Evans réalise certains de ses clichés les plus célèbres, Agee décrit minutieusement les existences de ces hommes, femmes et enfants, afin que nous en comprenions parfaitement chacun des aspects, qu'il s'agisse du travail, de la nourriture, des maisons, des vêtements, de la santé, de l'éducation ou des loisirs. Profondément bouleversé et indigné par les conditions de vie ces trois familles de métayers, Agee a produit un compte rendu journalistique qui émeut par sa beauté et sa virulence, une charge contre le capitalisme qui explique, à n'en pas douter, pourquoi Fortune rejeta l'article et qui demeure, de nombreuses décennies plus tard, d'une féroce actualité.
2. Retour dans l'oeil du cyclone
James Baldwin
4.12★ (66)

Les quatorze essais regroupés dans ce volume, publiés à l'origine dans divers journaux et revues, couvrent une période allant de 1960 à 1985. James Baldwin y évoque les marches pour les droits civiques, les raisons de son exil en France, ses rencontres avec Martin Luther King, sa critique de l'éducation aux États-Unis ou encore sa célébration de la langue noire. Explorant les tensions et non-dits qui touchent son pays, Baldwin offre une analyse pertinente, sévère et subtile de la société américaine qui n'a rien perdu de son actualité ni de sa nécessité. Ces textes dressent le portrait d'un homme dont la perspicacité, l'engagement et l'écriture ont ouvert la voie à de futurs grands écrivains noirs américains. « Je suis entièrement redevable à la prose de James Baldwin. » Toni Morrison
3. Par Ailleurs, (Exils)
Linda Lê
4.43★ (21)

« Répondant à une enquête sur le nationalisme et la littérature, André Gide fit valoir que la France dans laquelle il vivait devait beaucoup à "un confluent de races" : il était à considérer que les plus grands artistes sont le plus souvent des "produits d'hybridations et le résultat de déracinements, de transplantations". La valeur d'un homme, d'après Gide, se mesure au degré de dépaysement, physique ou intellectuel, qu'il est capable de maîtriser... » Sur le thème de la place de l'étranger et de l'exil sous toutes ses formes, cet essai revient sur certaines figures de la littérature mondiale : Gombrowicz exilé en Argentine, Cioran et Benjamin Fondane changeant de pays et de langue, mais aussi Marina Tsvetaeva ou Alejandra Pizarnik, en rupture totale avec ce qui les entourait, et bien d'autres écrivains qui ont vécu en faisant sécession, qu'ils aient quitté leur pays ou n'aient pas bougé de chez eux.
4. Le bruit du temps
Ossip Mandelstam
3.91★ (144)

Ce livre, paru en 1925, est bien plus qu'une autobiographie. Mandelstam y observe avec une acuité sans indulgence ce passé qu'il veut éloigner. Car sa mémoire n'est pas amie, mais ennemie du temps. Les quatorze esquisses qui composent cet ensemble " impressionniste" de souvenirs arrachés à la nuit de l'oubli sont parmi les plus belles pages en prose du grand poète russe. Fragments d'un monde englouti dans le tourbillon révolutionnaire, elles restituent, mieux que ne le feraient les compilations des érudits ou les analyses des historiens, le ton subtil d'une fin de règne qui prend, avec le recul des événements et les enseignements de l'expérience, des allures de Belle Epoque. On saisit mieux, à l'écoute de ce " bruit" d'un temps révolu, la secrète et inimitable substance dont était faite la Russie du début du siècle dernier, apparemment engourdie et mystérieusement palpitante.
5. Passeur
Raphaël Krafft
3.60★ (33)

Réalisant une enquête sur les réfugiés bloqués à la frontière des Alpes maritimes, entre Vintimille et Menton, un journaliste ressent l'impérieuse nécessité, par un acte de désobéissance civile, d'aider un Iranien et deux Soudanais à franchir la frontière, par une ascension en altitude dans le parc du Mercantour. Et où à cette occasion, il va écouter les « éléments de langage » d'un sous-préfet, croiser une militante engagée, et accompagner brièvement une avocate spécialisée dans les droits de l'homme. Avec la rencontre haute en couleurs d'Enzo et d'Hubert, de part et d'autre de la frontière.
6. Célébrations de la nature
John Muir
3.86★ (71)

Homme d'action avant tout, John Muir n'a, tout compte fait, publié que très peu de livres, et seuls ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse étaient conçus dès l'origine pour former un volume. Il a, en revanche, beaucoup écrit. Du corpus important que constituent ses carnets manuscrits, une petite partie seulement a été mise en forme et publiée - par lui-même (Un été dans la Sierra, Voyages en Alaska) ou, de manière posthume, par son exécuteur testamentaire (Quinze cents kilomètres à pied dans l'Amérique profonde, Journal de voyage dans l'Arctique). Et de la même façon, son énorme correspondance n'a fait l'objet que d'éditions très partielles. Dispersés dans diverses revues où leur impact sur l'opinion publique et les décideurs politiques était sans doute plus assuré et plus immédiat, ses articles représentent peut-être l'essentiel de son oeuvre. Qu'il s'agisse de portraits de plantes ou d'animaux, de récits de courses en montagne ou d'autres aventures vécues, on y retrouve toujours le passionné de la nature, qui jamais ne se lasse de la décrire, de la louer, de la célébrer. Parler de la nature est pour John Muir un plaisir toujours neuf, toujours renouvelé, un plaisir communicatif. Son enthousiasme lumineux gagne inévitablement son lecteur, qui le voit - et se voit avec lui - plongé dans les paysages grandioses qu'il dépeint, à l'affût d'un oiseau aussi étonnant que discret ou stupéfait devant une fleur jusque-là inconnue. Tout, en effet, dans la nature suscite l'admiration, et l'article qui restitue cette merveilleuse expérience vibre d'une intense émotion. Mais pas seulement. Il est aussi d'une extrême précision. Précision de l'observateur, précision de l'homme de plume. La sensation de plénitude qu'éprouve le lecteur vient de ce que l'auteur réussit à toucher simultanément le coeur et l'intellect. C'est au moment même où l'information qu'il reçoit est la plus précise que l'impression ressentie est aussi la plus vive, et les deux sont indissociables. Ce choix de textes majeurs, qui sont autant d'hymnes à la nature, vient ajouter au portait kaléidoscopique de John Muir, dont disposait déjà le lecteur francophone à travers les ouvrages traduits précédemment, une facette nouvelle et inattendue, celle d'un lyrisme flamboyant allié à l'information la plus rigoureuse. Mais il s'agit aussi de textes de combat, qui, un siècle plus tard, conservent toute leur pertinence. La question de la protection du milieu naturel ne s'est jamais posée avec plus d'acuité qu'à l'heure actuelle. Saurons-nous entendre une voix, qui, dans notre propre intérêt, nous demande d'ouvrir les yeux et de faire preuve de courage ?
7. Péosie complète
George Oppen
4.78★ (26)

Né en 1908 dans l'Etat de New York, George Oppen passe une partie de sa jeunesse en Californie. A la fin des années 1920, il rencontre Charles Reznikoff et Louis Zukofsky, avec lesquels il fonde la confrérie secrète des "objectivistes", dans le sillage d'Ezra Pound et de William Carlos Williams. Avec Mary, la compagne de sa vie, il s'établit près de Toulon en 1930 : c'est en France que seront d'abord imprimés les livres de l'Objectivist Press, avant le retour à New York et la publication de son premier recueil : Discrete Series, en 1934. L'année suivante, Oppen adhère au Parti communiste américain et cesse totalement d'écrire, pour se consacrer à ses activités militantes. En 1942, il s'engage dans l'armée américaine et sera grièvement blessé durant la bataille des Ardennes, seul survivant de sa patrouille. Après la guerre, victimes de la répression maccarthyste, George et Mary Oppen sont contraints de s'exiler au Mexique, où ils vivront jusqu'à la fin des années 1950. C'est là qu'Oppen renoue avec l'écriture, après vingt-cinq ans de silence. Il regagne le territoire américain en 1960 et son deuxième recueil : The Materials paraît en 1962, suivi de This in Which (1965), puis de Of Being Numerous (1968), son livre majeur, qui lui vaut le prix Pulitzer. Son influence s'étend sur une nouvelle génération de poètes, à mesure que les "objectivistes" reviennent sur le devant de la scène. Ses Collected Poems sont réunis en 1975. Un ultime recueil : Primitive, s'y ajoute en 1978. Il s'éteint en 1984, au terme d'une longue maladie.
8. Nous n'avons qu'une seule terre
Paul Shepard
2.50★ (16)

Donner une idée des écrits de Fredrik Sjöberg est à la fois facile et très difficile. Facile parce qu'il suffit d'évoquer la prose envoûtante et mélancolique de W. G. Sebald et de dire : voici la même famille d'esprits, en plus humoristique, plus ludique, mais tout aussi fascinant et profond. Difficile, parce que, comme chez Sebald, c'est une prose inénarrable : la décrire c'est comme décrire un morceau de musique, c'est-à-dire passer à côté de l'essentiel. L'histoire ? Bien sûr, il y a une histoire : le narrateur, un entomologiste (comme l'auteur lui-même) commence à s'intéresser au destin d'un homme à facettes multiples : un scientifique, spécialiste des vers de terre, qui fut également historien d'art, viticulteur de renom, photographe, aquarelliste, mais aussi théosophe, ami de Strindberg et un des pionniers du mouvement écologique aux Etats-Unis. Gustaf Eisen (1847-1940) est le nom de cet étonnant personnage dont Fredrik Sjöberg raconte la vie - et en faisant cela, il raconte également la sienne propre : sa passion de collectionneur (d'insectes et de destins énigmatiques), son rapport à son travail, scientifique et littéraire, ses méditations sur la nature, sur la collecte et les collectionneurs, l'art et la science. Point de spéculations abstraites, il ne s'agit pas de bâtir un système ; des histoires drôles, des anecdotes, des saynètes constituent la matière première de cette prose à la fois légère et profonde. Une pensée qui vagabonde sans jamais s'égarer ; des rêveries d'un « promeneur solitaire », mettant en scène une foule de personnages, aux destins souvent rocambolesques.
9. L'art de voler
Antonio Altarriba
4.16★ (574)

Le 4 mai 2001, le père d'Antonio Altarriba, âgé de 90 ans, saute du quatrième étage de sa maison de retraite... En relatant son existence intimement mêlée aux tempêtes qui ont ravagé l'Espagne et l'Europe du 20e siècle, son fils rend un vibrant hommage au courage, aux idéaux vaincus et à l'art si difficile de voler...
10. Une chambre à soi (Un lieu à soi)
Virginia Woolf
4.09★ (5619)

La nouvelle traduction du célèbre pamphlet féministe de Virginia Woolf par Marie Darrieussecq signe la rencontre de deux grandes romancières autour de la question des femmes et de l'écriture. Je me propose donc, en faisant usage de toutes les libertés et licences de la romancière, de vous raconter l'histoire des deux jours qui ont précédé ma venue ici - comment, courbée sous le poids du sujet dont vous aviez chargé mes épaules, je l'ai soupesé, je l'ai mis à l'épreuve de ma vie quotidienne. Virginia Woolf Publié pour la première fois en 1929, Un lieu à soi est composé d'une série de conférences consacrée au thème des femmes et de la fiction que Virginia Woolf donna à l'université pour femmes de Cambridge en 1928. La romancière explique dès les premières lignes comment ce sujet a fait naître une tout autre question, celle qui donne son titre à l'essai : « Une femme doit avoir de l'argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction. » Avec humour et ironie, et une saisissante honnêteté intellectuelle, Virginia Woolf propose de retracer les quelques jours qui ont précédé cette conférence. À la manière d'un roman, elle déroule ainsi le fil de sa pensée et le cheminement qui l'a conduite vers cette réflexion sur le lieu et l'argent.
11. Les prisons sont-elles obsolètes ?
Angela Davis
3.96★ (76)

"Comment et pourquoi plus de deux millions d'américains sont aujourd'hui derrière les barreaux ? Comment les entreprises font-elles profit du système carcéral ? Quels sont les mécanismes qui conduisent à criminaliser les communautés de couleur et à désaffilier politiquement de larges franges d'électeurs dans les minorités ? « Dans cet essai brillant et parfaitement documenté, Angela Davis pulvérise les soubassements racistes et sexistes du système carcéral américain. Elle n'appelle pas seulement à réformer la prison, mais, radicalement, à ouvrir de nouveaux terrains pour la Justice. » Cynthia McKinney"
12. C'est de l'eau
David Foster Wallace
3.99★ (172)

David Foster Wallace était invité à parler devant la promotion 2005 de Kenyon College sur le sujet de son choix. C'est la seule allocution de ce type qu'il n'ait jamais prononcée. Une vraie leçon de philosophie, profonde et inspirée pour garder la force de vivre et nous inciter à la compassion.
13. Violence : Six réflexions transversales
Slavoj Zizek
4.00★ (24)

L'avènement du capitalisme, voire de la civilisation, cause-t-il plus de violence qu'il n'en empêche ? Existe-t-il de la violence dans la simple idée du « voisin » ? Et se pourrait-il que la forme d'action la plus appropriée contre la violence soit aujourd'hui de la contempler, de penser ? Dans cet appel passionné à la prise de conscience, Zizek pose son regard implacable sur nos démocraties capitalistes et les soulèvements qui les ont marquées ces dernières années (émeutes des banlieues parisiennes en 2005, ou violences suivant l'ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans). Il explore les régimes totalitaires sanglants du siècle dernier et cette violence qualifiée de « divine ». En s'appuyant sur les cultures académique et populaire, Kant, Lacan, les blagues, la littérature et le cinéma contemporains, cet ancien universitaire, devenu icône philosophique, discute la violence inhérente à la mondialisation, au capitalisme, aux fondamentalismes et au langage. Cet ouvrage confirme sa position parmi les plus érudits, et les plus incendiaires, des penseurs actuels.
14. Une histoire populaire des USA pour les ados et les autres, Volume 1 : 1492-1898 - La conquête
Howard Zinn
4.19★ (52)

Howard Zinn retrace l'histoire des Etats-Unis du point de vue des esclaves, travailleurs, immigrés, femmes, Indiens, de tous ceux que l'histoire officielle oublie souvent. Une relecture originale des politiques et des résistances qui ont façonné les Etats-Unis. Ce premier volume s'ouvre sur l'arrivée de Christophe Colomb au Nouveau Monde, vue par les yeux des Indiens Arawak. Entre luttes anti-impérialistes et guerre hispano-américaine, le mythe de la conquête glorieuse laisse place à une réalité autrement amère.
15. Le gang de la clef à molette (Ne meurs pas, ô mon désert)
Edward Abbey
3.95★ (2240)

Révoltés de voir le somptueux désert de l'Ouest défiguré par les grandes firmes industrielles, quatre insoumis décident d'entrer en lutte contre la " Machine ". Un vétéran du Vietnam accroc à la bière et aux armes à feu, un chirurgien incendiaire entre deux âges, sa superbe maîtresse et un mormon, nostalgique et polygame commencent à détruire ponts, routes et voies ferrées qui balafrent le désert. Armés de simples clefs à molettes -et de dynamite- nos héros écologistes vont devoir affronter les représentants de l'ordre et de la morale lancés à leur poursuite. Commence alors une longue traque dans le désert. Dénonciation cinglante du monde industriel moderne, hommage appuyé à la nature sauvage et hymne à la désobéissance civile, ce livre subversif à la verve tragi-comique sans égale est le grand roman épique de l'Ouest américain. Ce classique, vendu à des millions d'exemplaires depuis sa parution au milieu des années 70, est devenu la bible d'une écologie militante et toujours pacifique... ou presque.
16. Mendiants et orgueilleux
Albert Cossery
4.16★ (735)

Dans les rues du Caire, Gohar, ex-philosophe devenu mendiant, sillonne avec nonchalance les ruelles de la ville et croise des figures pittoresques et exemplaires. Dans ce petit peuple où un manchot, cul-de-jatte, subit les crises de jalousie de sa compagne, on rencontre aussi Yéghen, vendeur de hachisch, laid et heureux, et Set Amina, la mère maquerelle. Il y a aussi Nour El Dine, un policier homosexuel, autoritaire mais très vite saisi par le doute à mesure que progresse son enquête. Un meurtre a eu lieu, celui d'une jeune prostituée...
17. L'oiseau du bon dieu
James McBride
3.83★ (641)

En 1856, Henry Shackleford, douze ans, traîne avec insouciance sa condition de jeune esclave noir. Jusqu'à ce que le légendaire abolitionniste John Brown débarque en ville avec sa bande de renégats. Henry se retrouve alors libéré malgré lui et embarqué à la suite de ce chef illuminé qui le prend pour une fille. Affublé d'une robe et d'un bonnet, le jeune garçon sera brinquebalé des forêts où campent les révoltés aux salons des philanthropes en passant par les bordels de l'Ouest, traversant quelques-unes des heures les plus marquantes du XIXè siècle américain. Dans cette épopée romanesque inventive et désopilante, récompensée par le prestigieux National Book Award en 2013, James McBride revisite avec un humour féroce et une verve truculente l'Histoire de son pays et de l'un de ses héros les plus méconnus.
18. La désobéissance civile
Henry David Thoreau
3.82★ (1905)

En juillet 1846, Henry David Thoreau est emprisonné pour avoir refusé de payer un impôt à l'État américain, en signe d'opposition à l'esclavage et à la guerre contre le Mexique. Cette expérience sera à l'origine de cet essai paru en 1849 et qui fonde le concept de désobéissance civile. Ce texte influença Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela et il ne cesse d'inspirer philosophes et politiciens depuis plus de 150 ans.
19. L'homme au marteau
Jean Amila
4.45★ (48)

Dans la veine de son roman Les coups, Jean Meckert décrit dans L'homme au marteau le quotidien répétitif et étouffant d'un employé du Trésor public, Augustin Marcadet, que ne distrait pas une morne vie de famille. On est en juillet, seules varient les étapes du Tour de France. Dans un sursaut, Augustin Marcadet insulte son chef et claque la porte. Il va tenter de fuir sa condition et de se laisser aller à un éclair de passion amoureuse. Mais l'échappée est éphémère. Meckert met en scène un personnage maladroit et indéterminé, aux prises avec sa médiocrité, ses rêves, et une révolte qui, quelle qu'en soit l'issue, donne un sens à sa vie. Le style vert et imagé, âcre et rageur à l'image de la vie du protagoniste, illustre le travail d'écriture cher à l'auteur.
20. Antigone
Jean Anouilh
3.90★ (27015)

Fils d'une famille franco-basque installée à Paris, Jean Anouilh commence des études de droit puis débute une carrière de publicitaire. Mais sa rencontre avec les pièces de Jean Giraudoux sont une révélation : il vivra par et pour le théâtre. Après avoir été secrétaire de Louis Jouvet jusqu'en 1932, il sort une première pièce, 'L'Hermine'. Le succès et la célébrité viennent avec sa deuxième pièce, 'Le Voyageur sans bagage', en 1937. Dès lors, il ne cesse de travailler et de rencontrer le succès auprès du public, malgré des critiques parfois sévères. Il a de plus participé à vingt-deux films, traduit sept pièces de dramaturges étrangers, et mis lui-même en scène onze pièces. Une trentaine de ses pièces ont été montées, notamment par George Pitoëff au théâtre des Mathurins, et interprétées par les plus grands comédiens, français ou étrangers. Ses pièces qu'il a catégorisées (pièces noires, roses, grinçantes, brillantes... ) donnent une image constante et pessimiste de la nature humaine, rongée par la nostalgie d'une pureté perdue.
21. La nuit des chats bottés
Frédéric H. Fajardie
3.81★ (185)

Par amour pour Jeanne, jeune femme désenchantée, Stéphan et Paul, deux anciens militaires, vont lancer la plus grande opération de plasticage de tous les temps. Jeanne a souffert de voir son père humilié par la société. Stéphan et Paul vont lui offrir une revanche posthume : "La vie est une opération de commando, c'est une razzia sur l'amour, l'amitié, la tendresse, la bagarre, le pouvoir...". Masqués de cagoules, ils vont s'attaquer à une banque, à un P.M.U, à une clinique, aux usines Renault, au ministère des Finances, et même au Sacré-Coeur. Livre fondateur d'un romantisme noir et anarchique, La nuit des Chats bottés est une oeuvre emblématique, un règlement de comptes phénoménal, saluée à sa sortie par une presse unanime.
22. Les cahiers de Justo Garcia
Andrés Trapiello
4.03★ (58)

Pour ceux qui perdent une guerre, la fin des combats n'est que le début de nouvelles épreuves, peut-être plus terribles encore. Lorsque Justo Garcia commence son journal, l'issue de la guerre civile ne fait aucun doute et son détachement, comme le reste de l'armée républicaine, est en déroute. Pour lui et des milliers d'Espagnols, le seul espoir de survie est désormais de fuir, vers la France d'abord, puis le Mexique. La faim, la saleté, la peur, le mépris, l'exil, Justo Garcia raconte jour après jour la débâcle, où seuls l'amitié et l'amour rencontrés en chemin lui permettent de conserver foi en l'humanité.
23. D'acier
Silvia Avallone
4.06★ (2138)

Découvrez D'acier, le livre de Silvia Avallone. Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.
24. Bilal sur la route des clandestins
Fabrizio Gatti
4.38★ (136)

Un faux nom, un petit tube dans lequel sont roulés quelques dollars, un gilet de sauvetage, trois boîtes de sardines, une bouteille d'eau, cela suffit à Fabrizio Gatti pour se glisser dans la peau d'un immigré clandestin, Bilal. Parti de Dakar pour rejoindre l'Europe, il a traversé le Sahara sur des camions, rencontré des passeurs sans scrupules, des esclavagistes nouveau modèle et, arrivé au camp de rétention de Lampedusa, il vit le quotidien des demandeurs d'asile. Certains seront renvoyés chez eux. D'autres, les plus chanceux, seront libérés avec une feuille d'expulsion. Feuille qu'ils se hâteront de déchirer en mille morceaux pour tenter leur chance en Italie, en France, en Allemagne...
25. Parce qu'ils sont arméniens
Pinar Selek
4.29★ (100)

Avril 2015 marquera le centenaire du génocide arménien. Une page noire de l?Histoire turque, toujours controversée, toujours taboue. Quel regard peut porter sur cette communauté et sur cet épisode une Turque née dans les années 70 ? Pinar Selek répond avec ce récit personnel et engagé, tissé de ses souvenirs, observations et rencontres. Avec elle, nous apprenons de l?intérieur ce que signifie se construire en récitant à l?école des slogans proclamant la supériorité nationale, en étudiant sur des manuels mensongers, en côtoyant des camarades craintifs et silencieux, en sillonnant une ville où les noms arméniens ont été effacés des enseignes, en militant dans des mouvements d?extrême gauche ayant intégré le déni. Un témoignage sensible et polémique de la part d?une femme engagée dont la personnalité et les écrits continuent d?être marqués par la question arménienne
26. Dites-leur que je suis un homme
Ernest J. Gaines
4.24★ (833)

Dans la Louisiane des années quarante, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d'avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l'avocat commis d'office. Si le verdict ne fait aucun doute, l'accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine...
27. Alamut
Vladimir Bartol
4.34★ (1539)

« ... je partage l'humanité en deux catégories fondamentalement différentes : une poignée de gens qui savent ce qu'il en est des réalités et l'énorme majorité qui ne sait pas. » Retranché dans sa citadelle dominant la plaine, le grand maître Hassan Ibn Sabbâh mène, à la fin du XIe siècle, une guerre sainte en Iran. Il n´a que peu de soldats et seuls ses proches le connaissent intimement. Parti de presque rien, sans armée, sans terre et sans guère d´appuis à la cour, il dominera le monde. Des hommes seront prêts à mourir pour lui avec le sourire aux lèvres. Des foules entières se prosterneront sans combattre. Un millénaire plus tard, la manipulation des masses, telle qu´il la pratiqua, continue d´ébranler les empires modernes. Mélange d´aventures et de philosophie politique, Alamut n´évoque la violence des complots d´alors que pour mieux renvoyer aux problèmes cruciaux des civilisations modernes.
28. Seul
Richard Byrd
3.92★ (82)

21 mars 1934 : l'automne austral commence. Le 28 mars, les cinquante-cinq membres de l'expédition Byrd prennent congé de leur chef Byrd pour 5 mois à 80° de latitude sud et regagnent la Petite Amérique, leur mouillage à dix jours de marche de là. Richard Byrd est seul, avec pour unique occupation, outre les relevés scientifiques, l'observation du ciel qui s'assombrit chaque jour, jusqu'à l'obscurité complète de l'hiver. Le solitaire pourtant ne chôme pas, la survie est une ruse de tous les instants, contre une nature qui semble ne connaître qu'un registre : celui de la violence. Naufragé volontaire au coeur de l'Antarctique, Richard Byrd devra affronter les éléments déchaînés, la peur, la folie. Lucidité et honnêteté : telles sont les maitresses vertus de ce récit qui ne nous épargne rien de ce qu'il advient à l'infortuné prisonnier de lui-même. L'expérience sera terrible. Byrd mettra quatre ans avant de se décider à la raconter. Un recul qui lui permettra de tourner le dos au style purement documentaire qu'attendaient sans doute ses lecteurs et de livrer l'un des plus grands livres jamais écrits sur la solitude.
29. Proust contre la déchéance : Conférence au camp de Griazowietz
Józef Czapski
4.04★ (113)

Joseph Czapski admirait profondément Proust, à tel point qu'il choisit de parler de lui lors des « causeries » que les prisonniers du camp de Griazowietz tenaient le soir pour échapper à leur quotidien : ces abstractions intellectuelles leur permettaient de survivre à l'horreur du camp. Il y parle de la vie et de l'oeuvre de Proust, de ses influences, de son époque. Un acte de résistance et une formidable description socio-historique de la littérature proustienne.
30. Une nihiliste
Sophie Kovalevskaïa
3.81★ (104)

Ce roman autobiographique, publié en 1890, nous conduit par des tours et des détours jusqu'au bout d'un engagement plus mystique que politique, celui de Vera Foi, jeune femme, fille d'un propriétaire terrien russe, qui reçut une éducation ouverte et libre. Le roman s'inscrit dans la Russie des années 1860 : après la mort du tsar Nicolas Ier, son successeur, le tsar Alexandre, abolit le servage ; Vera prit alors la décision d'éduquer les petits paysans en se faisant institutrice. Elle découvrit ainsi le malheur des hommes et la tragédie des pauvres et des opprimés. Convaincue par les idées révolutionnaires des premiers nihilistes à travers rencontres et dialogues, elle partit à Saint-Pétersbourg où elle espérait pouvoir agir. Déçu, elle prit le train pour la Sibérie afin de rejoindre un condamné politique au bagne. Elle épousa cet homme en prison sans même le connaître, l'ayant tout juste vu et entendu à son procès ; mais, Véra, princesse Barantsov, avait enfin trouvé « une cause » à laquelle consacrer sa vie.
31. Le village oublié
Theodor Kröger
4.17★ (191)

Que faire lorsque l'avenir ne propose plus que massacres, démences, colonnes de prisonniers et wagons à bestiaux ? A quoi se raccrocher lorsque triomphent les totalitarismes, les peurs et le froid ? Condamné à mort en 1914, puis au bagne, la pendaison étant "provisoirement commuée en bannissement perpétuel en Sibérie", le jeune Theodor Kröger, une fois libre, participe à l'extraordinaire aventure d'isoler un village russe du reste du monde. Cacher les chemins. Transformer les forêts en labyrinthes. Disparaître des cartes pour échapper au chaos... Combien de temps ? Le Village oublié, best-seller mondial à sa publication en 1950, témoigne de cette incroyable histoire. C'est aussi un chant dédié aux mystères de l'âme russe ainsi qu'à la taïga, seule capable de résister à la folie des hommes...
32. À marche forcée : À pied du Cercle polaire à l'Himalaya (1941-1942)
Slavomir Rawicz
4.15★ (1070)

Hiver 1941. Concevoir l'impossible. Refuser que d'autres choisissent pour vous une mort lente et fuir, fuir, en dépit de toute raison, poussé par une volonté farouche de reprendre sa liberté. Après avoir parcouru plus de 4 000 kilomètres en wagon plombé et à pied, à crever de froid pour rejoindre un camp au fin fond de la Sibérie glacée, un petit groupe de prisonniers décide de s'évader et de faire le chemin dans l'autre sens. Pour ces hommes venus de tous les horizons (un ingénieur américain, un droit commun russe, un officier de la cavalerie polonaise, un comptable...), s'échapper de cet enfer de glace ne sera que le début d'une aventure tout aussi extrême. Souvent affamés, potentiellement la cible des locaux qui touchent l'équivalent d'un an de salaire pour la capture d'un fugitif, ils vont parcourir ensemble plus de 10 000 kilomètres en près d'un an, à travers la toundra, traversant les plaines de Mongolie, les fournaises du désert de Gobi, les sommets de l'Himalaya jusqu'à la Grande Muraille de Chine. Certains n'y survivront pas. " Ce n'est pas de la littérature, c'est peut-être mieux que ça. " NICOLAS BOUVIER AUTEUR : Polonais né à Prinsk, officier de cavalerie en 1939, Slawomir Rawicz est fait prisonnier par les Soviétiques dès les premiers jours de la Seconde Guerre mondiale et sera envoyé dans l'un des camps les plus durs d'URSS. Fort de sa propre expérience, il a voulu qu'il reste une trace du courage de ces bagnards perdus au bout du monde et il a relayé, dans son roman, aidé par un jeune journaliste, des récits d'évadés qu'il avait entendu. Il est décédé en Angleterre en 2004.
33. Correspondance (1925-1941) : Stefan Zweig / Klaus Mann
Stefan Zweig
3.71★ (38)

'un - Klaus Mann -, le plus jeune, est fils d'un prix Nobel de littérature. La critique l'éreinte régulièrement, ne voit en lui qu'un dandy superficiel, un fils à papa et un écrivain médiocre. L'autre - Stefan Zweig - est un auteur célébré dans le monde entier. Leur correspondance échangée entre décembre 1925 et décembre 1941 illustre parfaitement les attitudes plutôt opposées que ces deux hommes de grand talent pouvaient prendre face à l'engagement. Là où Stefan Zweig témoigne d'une indulgence coupable à l'égard d'une jeunesse attirée par les sirènes du nationalisme, Klaus Mann, très tôt conscient du danger que représente le nazisme, se montre sans pitié pour les atermoiements de son prestigieux aîné. Voici l'édition la plus complète existant à ce jour de cette correspondance. Elle rassemble 82 lettres, dont douze inédites de Stefan Zweig, et cinq de Klaus Mann.
34. Le goût de la liberté
Georgia Makhlouf
En philosophie, en sociologie, en droit et en politique, la liberté est une notion majeure : elle marque l'aptitude des individus à exercer leur volonté. Définie et étudiée inlassablement par les philosophes, anciens comme modernes, cette notion perpétuellement remise en perspective par le cours de l'Histoire est aussi le ferment de toute la littérature. Après que les philosophes ont défini le concept, les écri- vains s'en sont emparé et l'ont mis à l'épreuve. Chaque roman, cha- que poème, chaque histoire n'est-elle pas une manière pour un auteur d'exercer sa liberté ? Multiple, la liberté ne va jamais de soi. Elle se définit presque tou- jours de manière négative : c'est sa privation qui indique sa présence. Dire la liberté c'est d'abord décrire les chaînes qui l'empêchent, signi- fier un état de servitude, pointer et désigner ce qui l'entrave. La liber- té se gagne donc, c'est un combat pour laquelle les écrivains se battent et militent. Liberté collective, liberté individuelle et intérieure, liberté chérie .
35. Les derniers jours de Mandelstam
Vénus Khoury-Ghata
3.70★ (49)

Le poète fou caché sous sa couverture continue à balbutier des choses. Ses mots refusent de mourir. Le vacarme des trains n'empêche pas le poète de se réciter ses poèmes, de se les déclamer. Il entend des ovations. Il peut mourir en paix maintenant qu'il se sait apprécié. Moins fou, Mandelstam comprendrait que ce qu'il prend pour des ovations ne sont que des réclamations, ses camarades, des déportés comme lui, veulent du pain et pas des mots. Mort, ils continueront à lever son bras pour profiter de sa ration. En 1938, le grand poète russe Ossip Mandelstam a 47 ans et se meurt dans un camp de transit près de Vladivostok. Staline, « le montagnard du Kremlin, l'assassin et le mangeur d'hommes », est le responsable de sa déchéance. Du fond de sa cellule, perdu dans son monde peuplé de fantômes, Mandelstam revoit défiler sa vie : quatre décennies de création et de combat, aux côtés de Nadejda, son épouse adorée, et de ses contemporains, Akhmatova, Tsvétaïeva, Pasternak et bien d'autres... Grâce à son écriture sensible et à son sens inné de la dramaturgie, Vénus Khoury-Ghata redonne vie à Mandelstam et lui permet d'avoir le dernier mot. Prouvant que la littérature est l'un des moyens les plus sûrs de lutter contre la barbarie.
36. La question
Henri Alleg
4.42★ (273)

La première édition de La Question d'Henri Alleg fut achevée d'imprimer le 12 février 1958. Des journaux qui avaient signalé l'importance du texte furent saisis. Quatre semaines plus tard, le jeudi 27 mars 1958 dans l'après-midi, les hommes du commissaire divisionnaire Mathieu, agissant sur commission rogatoire du commandant Giraud, juge d'instruction auprès du tribunal des forces armées de Paris, saisirent une partie de la septième réédition de La Question. Le récit d'Alleg a été perçu aussitôt comme emblématique par sa brièveté même, son style nu, sa sécheresse de procès-verbal qui dénonçait nommément les tortionnaires sous des initiales qui ne trompaient personne. Sa tension interne de cri maîtrisé a rendu celui-ci d'autant plus insupportable : l'horreur était dite sur le ton des classiques. La Question fut une météorite dont l'impact fit tressaillir des consciences bien au-delà des " chers professeurs ", des intellectuels et des militants. A l'instar de J'accuse, ce livre minuscule a cheminé longtemps. Jean-Pierre Rioux, " La torture au coeur de la République ", Le Monde, 26-27 avril 1998
37. Aurais-je été résistant ou bourreau ?
Pierre Bayard
3.90★ (241)

Pour quelqu'un de ma génération, né après la Seconde Guerre mondiale et désireux de savoir comment il se serait comporté en de telles circonstances, il n'existe pas d'autre solution que de voyager dans le temps et de vivre soi-même à cette époque. Je me propose donc ici, en reconstituant en détail l'existence qui aurait été la mienne si j'étais né trente ans plus tôt, d'examiner les choix auxquels j'aurais été confronté, les décisions que j'aurais dû prendre, les erreurs que j'aurais commises et le destin qui aurait été le mien.
38. Anthologie poétique
Mahmoud Darwich
4.26★ (141)

Cette anthologie bilingue retrace l'itinéraire poétique de Mahmoud Darwich depuis le début des années 1990. Elle regroupe des poèmes extraits de sept recueils dont chacun a été considéré à sa sortie comme une oeuvre majeure, un important jalon dans l'histoire de la poésie arabe contemporaine : Onze astres, Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?, Le Lit de l'étrangère, Murale, Etat de siège, Ne t'excuse pas et Comme des fleurs d'amandier ou plus loin. Mêlant l'individuel et le collectif, le lyrique et l'épique, le quotidien et l'éternel, le poète y réussit le pari de toute une vie : opposer la fragilité humaine à la violence du monde et élever la tragédie de son peuple au rang de métaphore universelle.
39. Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne reviendra
Charlotte Delbo
4.59★ (1123)

Charlotte Delbo était une des 230 femmes qui, dans Le Convoi du 24 janvier, partirent en 1943 de Compiègne pour Auschwitz. Aucun de nous ne reviendra est, plus qu'un récit, une suite de moments restitués. Ils se détachent sur le fond d'une réalité impossible à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécue. Charlotte Delbo évoque les souffrances subies et parvient à les porter à un degré d'intensité au-delà duquel il ne reste que l'inconscience ou la mort. Elle n'a pas voulu raconter son histoire, non plus que celle de ses compagnes ; à peine parfois des prénoms. Car il n'est plus de place en ces lieux pour l'individu. « Une voix qui chuchote, déchirante. Un chuchotement à fleur de vie et d'horreur. Cette voix une fois entendue vous obsède, ne vous quitte plus. Je ne connais pas d'oeuvre comparable à celle de Charlotte Delbo, sinon Guernica, sinon le film Nuit et brouillard, même pudeur, même déchirure, même atroce tendresse, chez cette femme, chez Alain Resnais. Cette douloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays étranger à lui-même. » François Bott (L'Express)
40. Survivance des lucioles
Georges Didi-Huberman
4.06★ (98)

Dante a, autrefois, imaginé qu'au creux de l'Enfer, dans la fosse des " conseillers perfides ", s'agitent les petites lumières (lucciole) des âmes mauvaises, bien loin de la grande et unique lumière (lute) promise au Paradis. Il semble bien que l'histoire moderne ait inversé ce rapport : les " conseillers perfides " s'agitent triomphalement sous les faisceaux de la grande lumière (télévisuelle, par exemple), tandis que les peuples sans pouvoir errent dans l'obscurité, telles des lucioles. Pier Paolo Pasolini a pensé ce rapport entre les puissantes lumières du pouvoir et les lueurs survivantes des contre-pouvoirs. Mais il a fini par désespérer de cette résistance dans un texte fameux de 1975 sur la disparition des lucioles. Plus récemment, Giorgio Agamben a donné les assises philosophiques de ce pessimisme politique, depuis ses textes sur la " destruction de l'expérience " jusqu'à ses analyses du " règne " et de la " gloire ". On conteste ici ce pronostic sans recours pour notre " malaise dans la culture ". Les lucioles n'ont disparu qu'à la vue de ceux qui ne sont plus à la bonne place pour les voir émettre leurs signaux lumineux. On tente de suivre la leçon de Walter Benjamin, pour qui déclin n'est pas disparition. Il faut " organiser le pessimisme ", disait Benjamin. Et les images - pour peu qu'elles soient rigoureusement et modestement pensées, pensées par exemple comme images-lucioles - ouvrent l'espace pour une telle résistance.
41. L'établi
Robert Linhart
4.33★ (971)

L'Etabli, ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s'embauchaient, " s'établissaient " dans les usines ou les docks. Celui qui parle ici a passé une année, comme 0. S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne. Mais L'Etabli, c'est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles passent au montage. Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l'intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production.
42. La Rose blanche
Inge Scholl
4.04★ (395)

Le printemps 1943 : la bataille de Stalingrad venait de se terminer par la défaite des forces allemandes. Apparurent alors à Munich des affiches où on lisait : Ont été condamnés à mort pour haute trahison : Christoph Probst, 24 ans, Hans Scholl, 25 ans, Sophie Scholl, 22 ans. La sentence a été exécutée. Les trois étudiants décapités à la hache étaient, avec trois de leurs compagnons qui seront exécutés plus tard, les animateurs d'un mouvement de résistance, " La Rose blanche ", dont les Munichois avaient pu lire les tracts depuis quelques mois. Inge Scholl, soeur des deux premiers, raconte ici leur histoire : l'enfance en Bavière dans une famille catholique, l'entrée dans la Jeunesse hitlérienne, puis, peu à peu, la découverte de la réalité nazie et, enfin, cette décision déchirante : la résistance contre leur propre pays en guerre. " La vraie grandeur, écrit Inge Scholl, est sans doute dans cet obscur combat où, privés de l'enthousiasme des foules, quelques individus, mettant leur vie en jeu, défendent, absolument seuls, une cause autour d'eux méprisée. " Ces six universitaires ont plus que personne contribué à sauver l'honneur de l'Allemagne. Pascal disait : " Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger. " Nous devons croire celle-ci, entre toutes, aujourd'hui.
43. Lettre à ma fille
Maya Angelou
4.09★ (315)

Très tôt confrontée à la pauvreté, Maya Angelou ne laissa jamais le sort prendre le dessus, et chaque désillusion fut propice à se réinventer. Sa grand-mère paternelle, une battante au caractère bien trempé chez laquelle elle fut envoyée avec son frère, dans un Arkansas encore très raciste, marqua durablement sa vie. Sa mémoire rappelle à elle ses amis perdus comme Coretta Scott King, ses pairs comme James Baldwin ou Aimé Césaire. Sans relâche, elle louera l'honnêteté, et décriera la vulgarité. Féministe avant l'heure, Maya Angelou écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis, elle fréquentera le milieu intellectuel noir américain, et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires. C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle va se mettre à écrire après la mort de Martin Luther King et devenir l'auteure que l'on connait aujourd'hui. Composé de 28 courts chapitres, dont quelques poèmes, ce livre est un condensé de ses meilleurs écrits.
44. La tête de Lénine
Nicolaï Bokov
3.36★ (108)

La Tête de Lénine est un livre marquant dans l'histoire de la littérature : cette satire féroce paraît pour la première fois à Paris en 1972, de manière anonyme. Son auteur vit alors en URSS, où il est très actif dans le samizdat. Réédité chez Laffont en 1982, l'ouvrage participe sans conteste à la déstabilisation de l'Empire soviétique. Dans sa préface à l'édition de 1982, Alexandre Zinoviev écrit : « Ce petit livre est paru à Moscou en samizdat il y a quelques années et il a produit immédiatement une forte impression dans le milieu des lecteurs de la littérature proscrite. Je sais qu'il y circule toujours avec le même succès. Et cela ne m'étonne pas. Je suis en effet convaincu que tout propos sérieux et objectif sur la littérature russe des années 1960 et 1970 ne peut plus, désormais, ignorer La Tête de Lénine. » Dans ce bref roman, un jeune pickpocket moscovite, las de dérober des portefeuilles, décide un jour de voler la tête de Lénine dans le mausolée de la place Rouge. Il y réussit - ce qui n'étonnera personne. Ce qui est étonnant, et encore plus subversif, ce sont les rebondissements qui s'ensuivent... Chez Nicolas Bokov, les statues sont renversées, les masques des puissants arrachés et les institutions ébranlées.
45. L'atelier du diable
Jáchym Topol
3.10★ (10)

Le protagoniste, ingénu et romantique, est l'un des fondateurs d'une communauté hippy qui se propose de gérer, en l'exploitant à des fins commerciales, la mémoire du camp de concentration de Terezin. Bien vite, les touristes occidentaux affluent. Suite au démantèlement du site autogéré, ils le déplaceront en Biélorussie, où un groupe d'opposants au régime prépare en secret un projet similaire.
46. Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte
Karl Marx
3.61★ (212)

Rédigé à chaud à partir de documents, cet opuscule tente d'expliquer le coup d'Etat du 2 décembre 1851. Comment comprendre le succès du futur Napoléon III, cet aventurier qui va à l'encontre des royalistes du parti de l'ordre en rétablissant le suffrage universel masculin, tout en réprimant les manifestations des démocrates, et que les Français plébiscitent néanmoins le 21 décembre 1851
47. JR : l'art peut il changer le monde ?
JR
4.55★ (21)

La première monographie de l'énigmatique photographe-artiste parisien JR retraçant l'ensemble de son travail participatif et multisupports. Les créations internationales in situ de JR, à la frontière entre photographie et street art, touchent un large public dans les milieux urbains, chez les jeunes, les artistes et les personnes engagées. Réalisé en collaboration avec JR, le livre présente des photographies d'oeuvres en cours de réalisation publiées pour la première fois, ainsi que des documents sur les « coulisses » de ses ateliers à Paris et New York. Dans le contexte de la mondialisation actuelle, les interventions publiques de JR, partout dans le monde, sont des actes forts qui donnent aux sujets de ses photographies comme à son public une voix et une présence uniques. L'ouvrage présente l'ensemble de son oeuvre, ses projets réalisés avec des artistes et des institutions telles que le New York City Ballet, une section consacrée aux oeuvres et aux expositions ainsi qu'une chronologie illustrée-Il comporte une introduction sous forme de roman graphique réalisée par Joseph Remnant et un essai de Nato Thompson, conservateur en chef de Creative Time, à New York.
48. Freedom : Une histoire photographique de la lutte des noirs américains
Leith Mullings
4.20★ (13)

Un remarquable compte-rendu en images de la lutte des Noirs américains pour leurs droits. Premier ouvrage de photographies consacré à ce sujet, retraçant non seulement l'histoire du mouvement de 1954-1968 proprement dit, mais aussi le XIXè siècle et les évènements actuels. Rassemble à la fois des clichés célèbres et des photographies inédites. Les auteurs, d'éminents historiens et spécialistes, apportent leur érudition et leur réflexion sur un sujet actuel et controversé.
49. Gandhi
Peter Rühe
4.00★ (4)

Cette compilation frappante de près de 300 photographies offre un aperçu profond de la vie et du travail de Mahatma Gandhi (1869-1948) à la fois comme personnage public et privé. Il incarne une vue précieuse et intime d'un côté de la vie de Gandhi avec laquelle beaucoup ne sont pas aussi familiers, dans une perspective à la fois pragmatique et personnelle. Ce livre poursuit un récit visuel convainquant et nous permet une compréhension très rare et hautement privilégiée de Gandhi - donnée par une large gamme de lentilles photographiques à partir de la presse spirituelle et ardente, à l'agence sensible et intelligente et à l'?il naïf d'un grand neveu. Beaucoup de ces images n'ont jamais été vues auparavant. Ils sont dérivés de deux collections essentielles et exclusives: les photos-archives du plus important biographe de Gandhi, Vithalbhai Jhaveri, et celles de Kanu Gandhi, le grand neveu de Gandhi. Après la mort de Jhaveri, Peter Rühe a assimilé la vaste collection de photos de plus de 9 000 tirages dans une photo-archive du plus haut niveau, en utilisant le catalogage scientifique et l'informatisation. La deuxième source photographique, celle de Kanu Gandhi, est particulièrement à couper le souffle à cause de son histoire. Kanu Gandhi a vécu avec Mahatma Gandhi pendant les 12 dernières années de la vie de ce dernier. Il était la seule personne par laquelle Gandhi a consenti à être photographié - et, même ainsi, seulement sur trois conditions: que le mouvement de la liberté ne les financerait pas; Qu'il ne fallait pas utiliser de flash; Et que Gandhi ne poserait pas pour lui. Dans le livre de Rühe, la vie extraordinaire de Gandhi est mise en lumière grâce à cette étonnante collection d'images. Les images de cette compilation sont également uniques en ce sens qu'elles suivent Gandhi tout au long de son début de vie en Inde, à ses études de droit à Londres, à son travail en Afrique du Sud, et enfin à son retour pour mener la lutte pour l'indépendance indienne, qui a gagné Lui le titre «père de la nation» en Inde. Un accomplissement magnifique en soi, ce volume identifie le balayage englobant la politique mondiale et les luttes perpétuelles des pauvres avec la vie d'un seul individu, dont l'impact sur le monde est égal à peu dans l'histoire de l'humanité.
50. Mise en garde
Klaus Mann
4.00★ (7)

Jeune écrivain engagé, Klaus Mann (1906-1949) a assisté à la montée en puissance du parti nazi puis à l'avènement d'Adolf Hitler. Dès le début, il multiplie textes et prises de paroles pour mettre en garde ses amis, ses lecteurs et toutes les bonnes volontés contre la barbarie et la guerre qui s'annoncent. Il assiste à la défaite de l'Allemagne « des poètes, des penseurs et des musiciens de génies », mais ne renonce pas à se battre, même quand il est contraint à l'exil puis déchu de sa nationalité. Car il ne s'agit pas d'une simple révolte de la jeunesse, de l'humiliation d'une guerre perdue ou du désespoir né de la crise écono- mique. Il s'agit au contraire de dénoncer une barba- rie nouvelle, une barbarie qui n'a besoin que de notre indifférence et de notre paresse pour prospérer. Une barbarie, surtout, qui menace le monde entier. Alors que les livres et les articles prolifèrent aujourd'hui pour offrir analyses et réflexions nou- velles sur les attentats de janvier et de novembre 2015 à Paris, et sur leurs conséquences politiques, il nous semble plus urgent que jamais de relire Klaus Mann.
51. Mathias et la Révolution
Leslie Kaplan
3.22★ (25)

Mathias et la Révolution est le récit d'une journée prérévolutionnaire aujourd'hui à Paris. Mathias traverse la ville, il a un rendez-vous important, il fait des rencontres, il pense à la Révolution, il en parle. Dans le livre tout le monde pense à la Révolution, en parle. Et il y a des émeutes, pour des raisons précises, un accident dans un hôpital de banlieue où il y a eu un mort. Il faut être clair par rapport au mot « révolution ». Dans le titre, ce n'est pas par hasard, s'il y a une majuscule. Il s'agit de la Révolution française. Leslie Kaplan l'a prise comme point d'appui pour parler d'aujourd'hui. Si Mathias et la Révolution s'appuie sur l'Histoire, si c'est un livre où l'on se réfère à la Révolution, les person- nages, les situations sont d'aujourd'hui. Aujourd'hui, l'idée de révolution vise un nouveau changement du cadre de pensée : s'extirper du capitalisme néolibéral. Il y a une remise en cause des fondements mêmes de la société pour essayer d'aller vers un système qui prenne en compte le collectif et le commun, sans tomber dans des choses qui ont existé et dont plus personne ne veut entendre parler - à raison - comme le communisme d'Etat. « On ne peut plus continuer comme ça, on veut autre chose ! », est dans l'air. On est dans une période qui cherche. Personne dans le livre n'est un révolutionnaire professionnel. Mais chacun essaie de faire des choses différentes, d'agir différemment, chacun dans son domaine propre, bien qu'il n'ait pas d'indications sur comment faire. Et le fait que la Révolution française a existé dit que c'est possible de changer l'état des choses, de faire bouger la façon de penser des gens. C'est un roman polyphonique, il y a toutes sortes de personnages, avec des points de vue différents, parfois opposés, et il y a beaucoup de dialogues et de questions, la propriété privée, le marché, vendre et se vendre, le poids du passé colo- nial, le racisme, la culture, le conformisme, la violence. et un désir général de liberté, d'égalité, le refus des inégalités, des idéologies de la supériorité. C'est un roman « d'idées » qui montre comment on vit concrètement dans sa vie les idées aujourd'hui, un roman politique, qui interroge comment vivre ensemble ici et maintenant, et dans le moment actuel qui est souvent un moment déprimé et cynique c'est un livre qui met au contraire l'accent sur le désir de mouvement, de changement, sur la joie de ce désir, et qui dit qu'un autre point de vue est possible.
52. Monologue du nous
Bernard Noël
3.79★ (20)

Monologuer, c'est parler avec soi-même. Si l'on décale un peu le genre. C'est parler avec l'Autre comme s'il était soi-même. Cet exercice, qui décale la parole, révèle tout à coup qu'il permet à l'écriture de s'exprimer crument dans un face à face avec son sujet. Bernard Noël a poursuivi cette confrontation en passant du On au Vous, du Il au Tu, du Je au Elle, dans différents livres (par exemple, chez nous, La langue d'Anna, Le Syndrome de Gramsi, La Maladie du sens) mais il a longtemps désespéré de jeter le Nous dans ce jeu où prendre la tête des phrases, c'est risquer l'auto-destruction. Finalement, après bien des années dans l'impossible, le Nous a tiré derrière lui une histoire de violence et de désespoir qui est aussi une fable politique d'assez mauvais genre pour servir de fable d'actualité puisqu'il y est question de désespoir politique et de terrorisme ...
53. Berlin-Moscou
Tariq Ali
4.06★ (19)

« Mes parents furent des révolutionnaires à l'âge d'or du communisme. Ils le furent aussi lors de ses pires années de sang. J'étais enfant à Moscou pendant une guerre qui n'est plus qu'un souvenir lointain en Europe. Moi, j'ai vécu la majeure partie de ma vie au XXe siècle. Toi, tu es né en 1971, et, avec de la chance, tu vivras l'essentiel de la tienne au vingt et unième. Tu ne te souviens que de l'agonie de l'Union soviétique, de l'ultime décadence du système étatique qu'ils appelaient « communisme », de ta mère et moi militant pour un avenir qui n'est jamais advenu, et de la réunification de l'Allemagne. » Vladimir Meyer, un ancien dissident d'Allemagne de l'Est, s'adresse à son fils, jeune homme modéré qui a parfaitement pris le virage de la social-démocratie dans une Allemagne tout juste réunifiée. Nous sommes en 1990, sa fidélité à ses convictions marxistes a coûté à Vladimir son poste à l'université, et sa femme l'a quitté. Désemparé face à un monde qui semble avoir fait du capitalisme son horizon indépassable, il tente d'expliquer ce que fut la belle utopie du communisme et remonte pour cela dans la généalogie familiale. Fils d'une communiste juive allemande réfugiée en Union soviétique - inspirée de la figure historique d'Elisabeth Poretski -, il a vécu son enfance à Moscou pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1945, fidèle parmi les fidèles, sa mère revient avec lui dans ce qui est devenu la RDA, où se déroulera toute son existence militante. Tariq Ali écrit sur les illusions trahies et les espérances détruites, donne chair et corps à une incroyable galerie de portraits - où se mêlent figures historiques et personnages fictionnels - et nous entraîne, de Moscou à Berlin, en passant par Vienne, Hanoï, Barcelone ou Paris, dans les méandres d'une histoire politique qu'il maîtrise parfaitement - dans la mesure où elle est la sienne.
54. La couleur de l'aube
Yanick Lahens
4.05★ (159)

Angélique se lève tous les matins la première, dans la petite maison des faubourgs de Port-au-Prince qu'elle partage avec sa mère, sa soeur Joyeuse, et son jeune frère Fignolé. Dans l'aube grise de février, l'inquiétude l'étreint : Fignolé n'est pas rentré et toute la nuit les tirs n'ont cessé de gronder au loin. Angélique la sage est une fille soumise, une soeur exemplaire, une femme de trente ans en apparence résignée. Sa famille, le fils qu'elle a eu par accident, les malades de l'hôpital, constituent son unique horizon. Joyeuse, la belle, la sensuelle, n'a pas abdiqué, elle, sa liberté, sa révolte, son désir de bonheur et d'une vie meilleure, malgré la misère, la violence, les rackets et les enlèvements qui sont lot quotidien. Épaulées par leur mère, figure protectrice et pivot du foyer, à l'image de ses chères divinités vaudou, les deux femmes tentent de retrouver la trace du jeune homme. Au fil de la journée et de leur enquête, Angélique et Joyeuse, en réalité les deux visages du même désespoir, dessinent de la ville une géographie apocalyptique. Fignolé, militant déçu du parti des Démunis, s'est perdu dans les méandres d'une impossible lutte, dans les hasards du désordre absolu. Yanick Lahens, en dépeignant avec une remarquable économie de moyens le destin d'une famille hélas ordinaire, construit l'allégorie d'un pays où la monstruosité voudrait se faire loi. Mais son livre est poignant parce qu'à chaque page sourd la révolte et éclate la volonté de vivre.
55. Chère brigande : Lettre à Marion du Faouët
Michèle Lesbre
3.32★ (113)

La silhouette libre et rebelle de Marion du Faouët, « Robin des bois » bretonne qui, dans les premières années du XVIII e siècle, prenait aux riches pour redistribuer aux pauvres, n'a cessé d'accompagner Michèle Lesbre, traversant comme un feu follet certains de ses précédents livres (notamment Le Canapé rouge, voir citation infra). Parce qu'une femme aux cheveux roux prénommée Marion, qui avait élu domicile dans une boutique désaffectée en bas de chez elle, a soudain disparu après quelques mois de vie miséreuse, les traits de l'autre Marion, la « chère brigande », se superposent à ceux de la SDF parisienne, sorte de contrepoint au désarroi de n'avoir pu lui porter secours. Michèle Lesbre, comme pour conjurer le désenchantement et la pesanteur du monde d'aujourd'hui, décide de partir sur les traces de la Bretonne. Si la longue lettre qu'elle lui adresse va donner chair et corps à la voleuse au grand coeur, elle sera également pour l'écrivain l'occasion d'un texte très personnel - le « je » narrateur, cette fois, est bien celui de l'auteur -, où ses propres désirs, ses utopies et ses révoltes se confondent avec ceux de Marion. Dans le train qui conduit Michèle Lesbre à Quimper, les souvenirs de la vie de Marion reviennent par bribes, qui tendent un miroir à la jeune femme qu'elle a été et dont la conscience politique s'est éveillée avec les tragédies de l'histoire : à dix-huit ans, alors qu'elle découvrait la cruauté des hommes lors des premières manifestations contre la guerre d'Algérie, Marion, elle, créait sa bande de brigands. Avec ses comparses recrutés parmi ses proches, elle allait écumer les bois, redresser les torts, forcer les riches fermiers à partager leur blé avec ceux qui, dans une Bretagne exsangue, n'avaient rien. Le Faouët, les monts d'Arrée, Quimper : Tous ces lieux où Marion a grandi et que Michèle Lesbre arpente, évoquent chez la narratrice la fougue et la générosité de son indomptable héroïne. Et même s'il lui arrivait d'administrer quelques coups de bâton, la « chère brigande » se contentait de frotter à l'ortie les réfractaires. La vraie violence, celle des soldats qui ravageaient la campagne, violaient les femmes, pillaient les paysans, a fini par s'exercer contre elle et ses complices, vite jetés en prison, torturés, puis exécutés. Michèle Lesbre, dans ce texte lumineux - qui nous parle aussi d'elle, de nous, du monde dans lequel nous vivons - nous donne à entendre le rire d'une gamine formée à l'école de la vie, d'une grande amoureuse et d'une femme insoumise que l'injustice a mise en marche. Sa belle lettre s'achève ainsi : « Dors tranquille, chère brigande, tu m'as sauvée pendant quelques jours de notre démocratie malade, des grands voleurs qui, eux, ne sont presque jamais punis parce qu'ils sont puissants, de ce monde en péril. Tu n'étais pas un ange, mais les anges n'existent pas. »
56. Rosa Luxemburg : Une femme rebelle
Max Gallo
3.33★ (31)

Militante de l'aile gauche de la social-démocratie allemande, antimilitariste convaincue et farouchement internationaliste, cette Juive polonaise, devenue allemande, fonde avec Karl Liebknecht le groupe " Spartakus ". Elle dénonce les nationalismes et condamne dès 1918 le mariage contre nature entre socialisme et terreur, cette terrible glaciation communiste qui allait provoquer l'échec d'un idéal auquel elle refusait de renoncer. Pure et passionnée, elle le fut jusqu'au bout : durant les trois mois qui ont suivi la fin de la Première Guerre mondiale, elle accomplit son destin, se dépensant, dit-elle, "comme une chandelle qui brûle aux deux bouts". Mais une insurrection mal préparée fut sa perte et celle du mouvement spartakiste. Son assassinat atroce le 15 janvier 1919 par des officiers qui, plus tard, deviendront des nazis - le crâne défoncé à coups de crosse et son corps jeté dans un canal - lui ouvrit les portes de la légende. Pour donner toute l'épaisseur d'un personnage et d'un destin exceptionnels, Max Gallo a choisi une forme narrative, accessible à tous, sans pour autant rien abdiquer de la rigueur propre à l'historien confirmé.
57. La zone grise ? : La Résistance française à Buchenwald
Olivier Lalieu
4.33★ (12)

Primo Levi l'appelle la zone grise. Jorge Semprun l'a décrite. C'est un malentendu accepté, une confusion des genres, du mal, du bien, " qui sépare et relie à la fois les deux camps, celui des maîtres et des esclaves ". Symbole de la résistance des déportés dans le système concentrationnaire nazi, Buchenwald a t-il connu lui aussi une zone grise ? Depuis la Libération, polémique et procès ont nourri, sali, malmené l'histoire d'une résistance légendaire. Mais les questions restent sans réponse. Quel était le rôle exact des communistes français au sein de l'administration du camp ? Qui était vraiment Manhès ? Et Marcel Paul ? Et qui décidait du tri des vivants et des morts ? Soixante ans après la Libération du camp, Olivier Lalieu rouvre le dossier Buchenwald. A partir d'archives neuves et de témoignages inédits, il révèle histoire de la résistance des déportés français : le combat entre politique et droits communs, l'heure des choix, les jours troubles et les circonstances exactes de la libération du camp, le 11 avril 1945. Tout y est dit, simplement. La vérité, sans état d'âme.
58. 1940 : Un autre 11 novembre
Maxime Tandonnet
5.00★ (9)

Automne 1940 : la France est au fond de l'abîme. Elle vient de subir l'un des plus effroyables désastres militaires de son histoire. Le 14 juin, la Wehrmacht a pénétré dans Paris et le vainqueur a fait parader ses troupes sur les Champs-Élysées. La ville, assiégée, prend le visage de la défaite. Pourtant, un vent de fronde souffle au Quartier Latin et dans les lycées. Depuis la réouverture de la Sorbonne, les lancers d'oeufs pourris et la distribution de tracts répondent à la présence allemande jusque dans l'université. Puis, subitement, c'est la mobilisation spontanée des étudiants et lycéens de Paris, qui s'insurgent contre l'interdiction de célébrer le 11 novembre. Ce jour de fête traditionnelle, ce sont des milliers de jeunes qui montent vers l'Étoile, aux cris de " vive la France ", " vive de Gaulle ", " à bas Hitler ", certains exhibant fièrement deux gaules. La répression sera violente : il y aura des arrestations, des tirs de mitrailleuses, des blessés, des simulacres d'exécution. C'est la fin du mythe d'une collaboration paisible. Et les balbutiements de la Résistance... Par l'ampleur et l'audace du défi, mais aussi par la tragique répression qui l'a suivie, la manifestation du 11 novembre 1940 a été pour nombreux jeunes le point de départ d'un engagement actif dans la Résistance. Maxime Tandonnet nous livre ici l'histoire passionnante - reconstituée à partir de témoignages d'anciens étudiants tels que Jacques Dupâquier ou Claude Bellanger - du premier défi lancé à l'occupant allemand. Il est temps de la redécouvrir.
59. Le messie du Darfour
Abdelaziz Baraka Sakin
3.56★ (186)

« C'était la seule à Nyala et sans doute même dans tout le Soudan à s'appeler Abderahman. » Avec son prénom d'homme et sa cicatrice à la joue, terrible signe de beauté, Abderahman est la fille de fortune de tante Kharifiyya, sans enfant et le coeur grand, qui l'a recueillie en lui demandant de ne plus jamais parler de la guerre. De la guerre, pourtant, Abderahman sait tout, absolument tout. C'est un jour de marché qu'elle rencontre Shikiri, enrôlé de force dans l'armée avec son ami Ibrahim. Ni une, ni deux, Abderahman en fait joyeusement son mari. Et lui demande de l'aider à se venger des terribles milices janjawids en en tuant au moins dix. Formidable épopée d'une amazone de circonstance dans un monde en plein chaos, le Messie du Darfour est une histoire d'aventure et de guerre, une histoire d'amitié et de vengeance qui donne la part belle à l'humour et à la magie du roman.
60. Apulée, n°1
Revue Apulée
3.38★ (13)

Cette nouvelle revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s'engage à parler du monde d'une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d'un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d'enjeu l'Afrique et la Méditerranée. C'est autour du nom prestigieux d'Apulée - auteur berbère d'expression latine qui, avec l'Âne d'or ou les Métamorphoses, ouvrit au IIe siècle une extraordinaire brèche de liberté aux littératures de l'imaginaire - que se retrouvent ici écrivains et artistes venus d'horizons divers. Romanciers, nouvellistes, plasticiens, penseurs et poètes des cinq continents auront la part belle pour dire et illustrer cette idée de la liberté, dans l'interdépendance et l'intrication vitale des cultures. Avec ce numéro inaugural, c'est sur le thème des Galaxies identitaires que la revue Apulée entre en scène pour tenter d'en finir avec les enfermements idéologiques, les replis élitistes et les fanatismes aveugles. Et la création et la réflexion ont beaucoup à dire sur les identités. Avec des contributions de : Abed Azrié, Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Julien Delmaire, Mathias Énard, Colette Fellous, Hubert Haddad, Abdellatif Laâbi, Alain Mabanckou, Albert Memmi, Alain Nadaud, Bernard Noël, Sylvain Prudhomme, Jean Rouaud, Boualem Sansal.
61. Le Chant du peuple juif assassiné
Itzhak Katzenelson
4.50★ (57)

Ecrit en yiddish en 1943 dans le camp de Vittel et miraculeusement sauvé, le Chant du peuple juif assassiné est un témoignage unique sur la barbarie nazie et le ghetto de Varsovie. C'est aussi et surtout un chef-d'oeuvre absolu qui interpellera à jamais les générations futures par sa beauté littéraire comme par sa bouleversante humanité.
62. Buru quartet, tome 1 : Le monde des hommes
Pramoedya Ananta Toer
4.08★ (510)

« Les dictatures donnent souvent naissance à d'excellentes littératures. C'est un paradoxe réjouissant, auquel l'Indonésie n'a pas échappé. Comme l'Albanie l'a fait avec Kadaré, ou la Russie avec Soljenitsyne, elle s'est acharnée contre son écrivain le plus prometteur, Pramoedya Ananta Toer, et celui-ci, de son côté, s'est escrimé à ne jamais baisser la garde. Il a fini par gagner la partie [...]. Voici, avec Le Monde des hommes, le premier volet d'une tétralogie que «Pram», chaque nuit, racontait à ses compagnons de détention sur l'île de Buru. Son héros, Minke, est un jeune Javanais né en 1880, qui a la chance d'être éduqué sur les bancs de l'école coloniale hollandaise. Cultivé, fasciné par l'Occident, il se nourrit de Thomas d'Aquin et de Swift, chérit la reine Wilhelmine, mais reste un «indigène» aux yeux bridés. [...] Le Monde des hommes est un roman politique dans lequel se glisse une intrigue sentimentale vouée au fiasco, parce que Minke a osé épouser une Hollandaise au mépris des conventions racistes qui, au début du siècle, soumettaient l'Indonésie à un odieux apartheid. Colonialisme, haine, discrimination : autant de spectres que «Pram» combat, la rage au coeur. Son oeuvre est une thérapie collective, un plaidoyer pour la dignité d'un archipel dont il ne cesse, de livre en livre, de retracer le long calvaire. » André Clavel, Le Temps.
63. Seuls sont les indomptés
Edward Abbey
4.09★ (320)

Au milieu des années 1950, Jack Burns reste un solitaire, un homme hors du temps. Il s'obstine à parcourir le Nouveau-Mexique à cheval, vit de petits boulots et dort à la belle étoile. Lorsqu'il apprend que son ami Paul vient d'être incarcéré pour avoir refusé de se soumettre à ses obligations militaires, Jack décide de se faire arrêter. Retrouver Paul en prison et s'évader ensemble, tel est son plan. Mais il est loin d'imaginer que son évasion va déclencher une traque d'une telle ampleur. Car nul ne peut impunément entraver la marche de l'ordre et du progrès. Seuls sont les indomptés est un chef-d'oeuvre jamais encore traduit d'Edward Abbey, auteur insoumis et emblématique de l'Ouest américain, qui dévoile avec cette échappée sauvage le prix à payer pour la liberté. L'un des plus grands auteurs de l'Ouest américain. The Washington Post
64. Actes du Tribunal révolutionnaire
Gérard Walter
4.00★ (18)

nos manuels d'histoire ne nous en citaient qu'une réplique, de loin en loin. on brûlait alors d'en savoir davantage, d'entendre toute la séance, d'y être. nous y sommes : voici les procès-verbaux authentiques, officiels et intégraux des grandes audiences du tribunal révolutionnaire. documents inestimables, ils restituent toute une époque, dans son tragique presque quotidien, dans ses peurs et ses faiblesses, dans sa grandeur aussi. ils redonnent également vie aux hommes et aux femmes de premier plan de ce temps : robespierre et danton, les girondins et madame roland, marie-antoinette, charlotte corday et d'autres encore. rien de plus pathétique ici que la froideur sèche du compte rendu : elle nous installe, si l'on peut dire, en direct avec les accusés, comme à la lecture du reportage d'un envoyé spécial sous la terreur.
65. Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?
Jacques Ellul
4.14★ (72)

Jacques Ellul n'a jamais consacré un ouvrage spécifiquement au travail. Pour autant, on trouve, dispersées dans l'ensemble de l'oeuvre, de nombreuses et fréquentes considérations sur ce thème. Depuis déjà longtemps, on peut faire le constat d'une surabondance extraordinaire de la production intellectuelle autour des thématiques diverses du travail : sur une période inférieure à l'année, des centaines d'articles de journaux ou revues, des enquêtes ou sondages, des livres. Et au-delà de la production littéraire, des films, des pièces de théâtre et bien entendu la présence constante du thème du travail dans le débat public, que celui-ci prenne la forme de confrontations techniques entre experts ou d'émissions de slogans électoraux. Or, une lecture transversale, à la fois thématique et chronologique, de l'oeuvre de Jacques Ellul montre une évolution intéressante qui n'est certainement pas sans rapport avec l'importance grandissante donnée au travail, à la fois dans les préoccupations des sociétés modernes et, sans doute conséquemment, dans la recherche sociologique et économique. L'édition de l'ensemble de ces textes, rassemblés et mis en perspective, permettra une lecture renouvelée de l'oeuvre de Jacques Ellul.
66. Au rendez-vous allemand - Poésie et vérité
Paul Éluard
4.11★ (140)

Ce volume rassemble des poèmes de Paul Eluard (1895-1952) publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, le plus souvent dans la clandestinité sous des pseudonymes tels que Jean du Haut ou Maurice Hervent, dans divers recueils, revues et brochures (dont L'Honneur des poètes, Minuit, juillet 1943 et Europe, Minuit, mai 1944). Ainsi le recueil Poésie et vérité 1942, publié en mai 1942 aux Éditions de la Main à la Plume, et dans lequel figurent " La Dernière Nuit et quelques autres poèmes dont le sens ne peut guère laisser de doutes sur le but poursuivi : retrouver, pour nuire à l'occupant, la liberté d'expression ". L'un de ces " quelques autres poèmes " est Liberté. " Et partout en France, écrit Paul Eluard dans la bibliographie du recueil, des voix se répondent, qui chantent pour couvrir le lourd murmure de la bête, pour que les vivants triomphent, pour que la honte disparaisse. "
67. La mer dans une goutte d'eau
Ryszard Kapuscinski
3.80★ (12)

L'art du reportage se porte toujours à merveille en Pologne, de nouveaux noms apparaissent, les champs d'investigation se renouvellent d'année en année. La jeune génération ne cesse pourtant d'évoquer toujours la même source d'inspiration : Ryszard Kapuscinski et Hanna Krall, considérés comme les inventeurs du reportage moderne, dans sa branche la plus littéraire. Soumis à un contrôle permanent et sévère, le reporter de l'époque communiste ne pouvait témoigner de la réalité qu'en déguisant le contenu de son texte. Puisqu'il était interdit de critiquer le système dans son ensemble, il fallait se tourner vers les destins individuels, vers le détail qui prendrait soudain une signification plus large, plus universelle, voire métaphorique. « Nous disions du reportage qu'il était l'art de voir la mer dans une goutte d'eau », rappelle le grand opposant Adam Michnik. Réunir en un seul volume les deux grands noms du reportage polonais (que liait par ailleurs une amitié réelle) permettra de faire découvrir leurs textes les plus anciens, datant de la période communiste, totalement inconnus à l'étranger, en dépit d'une qualité littéraire remarquable. Il est frappant de constater combien les récits-reportages de ces deux auteurs se complètent. Kapuscinski évoque les années soixante, Krall les années soixantedix, mais l'un et l'autre abordent souvent les mêmes thématiques et témoignent d'une grande empathie face aux plus démunis, aux victimes du système.
68. Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?
Georges Perec
3.83★ (918)

De temps à autre, il est bon qu'un poète, que n'effraie pas l'air raréfié des cimes, ose s'élever au-dessus du vulgaire pour, dans un souffle épique, exalter notre aujourd'hui. Car ne nous y trompons pas : ces courageux jeunes gens qui, au plus fort de la guerre, ont tout tenté (en vain, hélas !) pour éviter l'enfer algérien à un jeune militaire qui criait grâce, ce sont les vrais successeurs d'Ajax et d'Achille, d'Hercule et de Télémaque, des Argonautes, des Trois Mousquetaires et même du Capitaine Nemo, de Saint-Exupéry, de Teilhard de Chardin... Quant aux lecteurs que les vertus de l'épopée laissent insensibles, ils trouveront dans ce petit livre suffisamment de digressions et de parenthèses pour y glaner leur plaisir, et en particulier une recette de riz aux olives qui devrait satisfaire les plus difficiles.
69. Walden ou La vie dans les bois
Henry David Thoreau
3.85★ (3730)

En 1845, Henry David Thoreau part vivre dans une cabane construite de ses propres mains, au bord de l'étang de Walden, dans le Massachusetts. Là, au fond des bois, il mène pendant deux ans une vie frugale et autosuffisante, qui lui laisse tout loisir de méditer sur le sens de l'existence, la société et le rapport des êtres humains à la Nature. Une réflexion sereine qui montre qu'il faut s'abstraire du monde et de ses désirs pour devenir réellement soi-même. Walden est un monument de l'histoire littéraire américaine à l'immense postérité.
70. Reconnaître le fascisme
Umberto Eco
4.06★ (349)

« Je crois possible d'établir une liste de caractéristiques typiques de ce que j'appelle l'Ur-fascisme, c'est-à-dire le fascisme primitif et éternel. L'Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire « Je veux rouvrir Auschwitz... » Hélas, la vie n'est pas aussi simple. L'Ur fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes - chaque jour, dans chaque partie du monde. » Umberto Eco L'auteur mêle ici souvenirs personnels de sa jeunesse sous le fascisme et analyse structurelle des 14 archétypes du fascisme primitif et éternel qui sont : Le culte de la tradition / le refus du modernisme / le culte de l'action pour l'action / l'incapacité à accepter la critique / l'exploitation de la peur de la différence / l'appel aux classes moyennes frustrées et défavorisées / l'obsession du complot, si possible international / l'obsession de la richesse ostentatoire et de la force de l'ennemi / la vision du pacifisme comme collusion avec l'ennemi / le mépris pour les faibles / le culte de l'héroïsme étroitement lié au culte de la mort / le machisme / le populisme qualitatif consistant à remettre en cause la légitimité du parlement / l'utilisation d'une novlangue.
71. Lettre à nos petits-enfants
John Maynard Keynes
4.21★ (45)

En janvier 2017, l'oeuvre de J.M. Keynes entre dans le domaine public. C'est pourquoi nous avons décidé d'éditer ce petit texte devenu avec le temps un texte culte du célèbre économiste. C'est en 1930 que J. M. Keynes publie cet essai dans lequel il propose une réflexion prospective et philosophique sur le devenir du capitalisme. Il y défend vertement l'idée de la fin d'une société gouvernée par l'économie (et de la « science » économique), qui aura alors fini de jouer son rôle, ainsi que l'avènement d'une société de l'abondance. Il exhorte ses descendants à ne pas oublier les priorités humaines essentielles. Et les économistes, tout comme les sociologues ou les philosophes, à toujours s'interroger sur l'avenir des générations futures sans sombrer dans le pessimisme ambiant. Un texte toujours très actuel qui démontre la stupéfiante clairvoyance de Keynes...
72. Malaise dans la démocratie
Jean-Pierre Le Goff
3.36★ (80)

« Je cherche à cerner quelques grandes fractures entre l'ancien et le nouveau monde qui me paraissent symptomatiques d'un malaise français et européen et ne sont pas sans rapport avec le chaos des idées ou la façon dont nous avons pu réagir aux événements tragiques de janvier 2015. Pour ce faire, je travaille autour des questions suivantes : quelles sont les principales fractures présentes au sein de la société qui font apparaître la France comme un pays morcelé et désorienté, ne sachant plus d'où il vient, qui il est et où il va ? Quel est le processus historique a abouti à une telle situation ? Autrement dit : comment en est-on arrivé là ? J'achèverai par quelques pistes de réflexion sur une reconstruction possible et ses conditions, reconstruction qui, si elle a lieu, prendra du temps vu l'importance des fractures qui se sont produites depuis un demi-siècle. »
73. Et nous vivrons des jours heureux
Geneviève Azam
2.25★ (7)

Afin d'inspirer à tous des transformations profondes, ce pacte, qui aborde les grands enjeux que sont l'emploi et le travail, les inégalités et la pauvreté, la protection sociale, la transition écologique, énergétique et agricole, le logement, l'éducation, la santé et la justice, la reprise en main de la finance, sera soumis aux candidats et aux candidates des prochaines élections et mis en débat dans tout le pays.
74. Vous n'aurez pas ma haine
Antoine Leiris
4.35★ (2498)

Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre dernier assassinée au Bataclan. Alors que le pays était endeuillé, à la recherche de mots pour dire l'horreur, il publiait sur les réseaux sociaux une lettre destinée aux terroristes intitulée Vous n'aurez pas ma haine. À l'image de la lueur d'espoir et de douceur que fut sa lettre, il nous dit que malgré tout, la vie doit continuer. C'est ce quotidien, meurtri mais tendre, entre un père et son fils, qu'il nous offre dans ce témoignage poignant.
75. Marianne porte plainte !
Fatou Diome
4.04★ (117)

L'auteure s'interroge sur le concept d'identité nationale, sur la place qu'elle occupe dans le débat politique, sur les excès de ses défenseurs, mais aussi sur l'instrumentalisation de la laïcité. Elle met en avant l'éducation, pilier cruciale pour la construction d'une nouvelle identité nationale.
76. Petit cours d'autodéfense intellectuelle
Normand Baillargeon
4.09★ (914)

Rédigé dans une langue claire et accessible, cet ouvrage, illustré par Charb, constitue une véritable initiation à la pensée critique, plus que jamais indispensable à quiconque veut assurer son autodéfense intellectuelle. On y trouvera d'abord un large survol des outils fondamentaux que dort maîtriser tout penseur critique : le langage, la logique, la rhétorique, les nombres, les probabilités, la statistique, etc. ; ceux-ci sont ensuite appliqués à la justification des croyances dans trois domaines cruciaux . l'expérience personnelle, la science et les médias. " Si nous avions un vrai système d'éducation, on y donnerait des cours d'autodéfense intellectuelle. " Noam Chomsky
77. Charles de Gaulle, tome 1 : 1890-1945
Paul-Marie de La Gorce
Comment rendre compte de la vie d'un homme dont l'histoire se confond avec celle de son siècle ? Officier rebelle, général dissident et politicien sans parti, Charles de Gaulle fut l'homme de tous les combats, de la Seconde Guerre mondiale à la fondation de la Ve République. Cette biographie était un défi, remarquablement relevé par Paul-Marie de La Gorce qui livre ici un véritable monument, très bien documenté. De la jeunesse de De Gaulle à son combat pour la victoire française, ce premier tome ressuscite la fougue de cet éternel insoumis en même temps que les troubles d'une France meurtrie. " L'homme du 18 juin ", militaire de génie, littéraire dans l'âme et politicien par devoir, revit avec force sous la plume de ce témoin privilégié, qui allie dans cet ouvrage tendresse et objectivité, fascination et respect.
78. Lettres et carnets
Hans Scholl
3.79★ (89)

Le 22 février 1943, Hans (né en 1918) et Sophie Scholl (née en 1921) étaient guillotinés avec leur camarade Christoph Probst. Quelques semaines plus tard, trois autres membres de la " Rose blanche " (le professeur Kurt Huber et deux autres étudiants : Willi Graf et Alexander Schmorrel) connaissaient le même sort. Leur crime ? Avoir peint des " Vive la liberté " dans les rues et distribué des tracts à l'université de Munich pour appeler les Allemands à la résistance en invoquant Schiller, Fichte, Lao-Tseu et Goethe, et avoir dénoncé le crime dont la culpabilité suivra à jamais le peuple allemand : " Depuis la mainmise sur la Pologne, trois cent mille juifs de ce pays ont été abattus comme des bêtes. C'est là le crime le plus abominable perpétré contre la dignité humaine, et aucun autre dans l'histoire ne saurait leur être comparé... " Dans diverses villes d'Allemagne, d'autres suivaient déjà leur exemple... Idéalistes, graves mais aussi très sensibles aux joies du monde, Hans et Sophie Scholl, lui étudiant en médecine, elle étudiante en philosophie, avaient commencé par rejoindre les Jeunesses hitlériennes avec la ferveur des enfants de leur âge et un enthousiasme romantique. Mais cette adhésion fut de courte durée. L'emprise de Hitler sur la société se renforçant, la servilité des adultes gagnant du terrain, la chape de plomb du conformisme obligé se faisant suffocante, les atrocités se multipliant, les jeunes gens sortirent de l'adolescence avec la conviction qu'ils devaient élever la voix contre un régime meurtrier. Parsemés de commentaires sur la sinistre progression de la campagne de Hitler, ces lettres et carnets, de 1937 à 1943, mêlent les messages voilés sur le cours d'une guerre dans laquelle ils souhaitaient ardemment la défaite de leur pays et les évocations bucoliques ou les méditations sur Goethe et Dostoïevski, Claudel, Bernanos et Léon Bloy. Les demandes aux parents alternent de même avec les apostrophes à Dieu, qu'ils ne se lassent pas d'interroger sur le mystère du mal en se nourrissant de Pascal et de saint Augustin. De leurs notations sur les activités collectives, les travaux obligatoires pour les jeunes, le séjour de Hans au cachot, l'internement du père, les amis blessés sur le front est, se dégage une peinture rare de l'envers du décor nazi. De la lâcheté des adultes, des compromissions, des humiliations, ils ne laissaient rien échapper et ne voulaient rien laisser passer. Convaincus que Hitler vouait son peuple à la mort, ils pensaient simplement que mieux valait mourir pour la dignité et sauver l'honneur des Allemands. Témoignage d'un itinéraire spirituel, ce recueil de lettres et de carnets intimes, de portraits, de réflexions et d'articles, est aussi un document historique hors pair sur le refus du mensonge dans l'Allemagne nazie. Leur destin a déjà fait l'objet d'un film sorti en France en avril 2006 : Sophie Scholl, Les derniers jours, réalisé par Marc Rothemund avec Julia Jentsch et Fabian Hinrichs. Un complément indispensable et attendu du témoignage de Inge Scholl, la petite soeur, paru en 1955 aux éditions de Minuit sous le titre La Rose Blanche. Six Allemands contre le nazisme (rééd. 2008).
79. Résister, c'est créer
Miguel Benasayag
4.11★ (71)

Depuis les années 1990, dans les sociétés du Nord comme dans celles du Sud, une contre-offensive souterraine est en marche. Et elle est loin de se limiter à ses expressions les plus visibles, celles des mouvements « anti-mondialisation ». Dans cet essai, la journaliste Florence Aubenas et le philosophe Miguel Benasayag en proposent une analyse originale, nourrie de nombreux exemples. Ils montrent que les formes de cette « nouvelle radicalité » sont multiples et très diverses : certaines sont éphémères, d'autres s'inscrivent dans le long terme ; certaines revendiquent une « subjectivité contestataire », d'autres se veulent simplement pragmatiques. Mais tous ceux et celles qui les portent partagent, sans nécessairement en être conscients, des traits communs. Ils s'inscrivent en rupture par rapport à l'individualisme triomphant des dernières décennies et le néolibéralisme n'est plus pour eux un « horizon indépassable ». Et ils rompent également avec les formes anciennes de la contestation : ils n'agissent plus en fonction de modèles de société prédéfinis ou de directives d'un parti à la conquête du pouvoir. C'est un nouveau « désir de lien » que recherchent aujourd'hui des millions de personnes à travers le monde. Et cette multiplicité joyeuse ouvre la voie d'une alternative au projet majeur du capitalisme, celui d'un monde unique et centralisé.
80. Comprendre le pouvoir
Noam Chomsky
4.32★ (118)

Les discussions et conférences rassemblées dans Comprendre le pouvoir donnent une perspective profonde et généreuse pour l'évaluation de l'état du monde et pour la compréhension du pouvoir, depuis le fonctionnement des médias modernes jusqu'à la globalisation, en passant par le système d'éducation, les crises environnementales, les stratégies militantes, le complexe militaro-industriel, et plus encore. Comprendre le pouvoir couvre ainsi toute l'étendue de la pensée de Chomsky, à laquelle il constitue la meilleure introduction qui soit. Ce qui distingue la pensée politique de Noam Chomsky n'est pas une vision nouvelle ou une seule idée synthétique. Sa grande contribution réside dans sa maîtrise d'une énorme quantité d'informations factuelles, et dans son habileté surprenante à démasquer, au cas par cas, les mécanismes et les tromperies des puissantes organisations du monde d'aujourd'hui. Sa méthode implique l'enseignement au moyen d'exemples incitant les gens à penser par eux-mêmes de façon critique. Comprendre le pouvoir épouse à merveille cette méthode en présentant, sous forme de dialogues clairs, une vue d'ensemble des réflexions de ce grand intellectuel états-unien.
Commenter  J’apprécie          708

{* *}