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Batia Baum (Traducteur)Rachel Ertel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782843044083
157 pages
Zulma (15/03/2007)
4.5/5   14 notes
Résumé :

Ecrit en yiddish en 1943 dans le camp de Vittel et miraculeusement sauvé, le Chant du peuple juif assassiné est un témoignage unique sur la barbarie nazie et le ghetto de Varsovie. C'est aussi et surtout un chef-d'œuvre absolu qui interpellera à jamais les générations futures par sa beauté littéraire comme par sa bouleversante humanité.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce petit recueil était dans ma PAL depuis quelques années , et c'est suite à la lecture du roman d'Erri de Luca, le tort du soldat, que j'ai décidé d'hâter cette lecture.

Drôle d'histoire que celle de ce recueil, retrouvé "par hasard" dans le camp de Vittel, il consigne les dernières images et ressentis d'Yitskhok Katzenelson quelques mois avant sa déportation -et mort- à Auschwitz.
Alors qu'il a perdu sa femme et deux de ses enfants (sur trois..), il témoigne. Sans doute pour ne pas sombrer, dans le désespoir, la dépression ou l'oubli.

On retrouve dans ces poèmes en prose l'oralité et les rythmes du klezmer et le sens de la formule du théâtre yiddish.
Comme dans tout témoignage, nous assistons à la chute du poète. De l'exil du quartier de Lodz au ghetto de Varsovie, de l'anéantissement à la colère, de la torpeur au désespoir, et de la résistance à la mort : il témoigne.
Même si dans ce chaos, il tente de se remémorer ce qui était bon dans cette vie qui n'en est plus une... Même s'il tente par tous les moyens de ne pas se résigner (l'écriture, le souvenir, la résistance), la mort reste omniprésente.
Comme dans le Journal d'Anne Frank, nous lecteur, savons que la fin du livre signifie la fin de la vie.
Contrairement au journal de l'adolescente, il y a bien plus de fusion ici, c'est le chaos qui est décrit. Des scènes de terreur où la Terre perd son humanité et le Ciel contemple, aveugle et sourd.

Ce qui ressort malgré tout, c'est que ce qu'il reste d'humanité dans l'horreur : c'est la compassion pour ses semblables, le combat pour la dignité quand tout est perdu et surtout, l'amour pour les siens.. même s'ils ne sont plus.
C'est là sans doute la motivation profonde de ces poèmes : l'amour pour la femmes et les enfants disparus. Ceux pour qui ont veut laisser une trace, même si eux n'ont pu le faire...
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"Puissant."

Voilà le mot que je choisirais pour décrire ce tout petit livre, pourtant si grand pour ce qu'il raconte! ...

La tragédie de la Shoah, de l'extermination de juifs... de l'assassinat de milliers d'Hommes...

C'est la première fois que je lis un texte sur ce sujet... adoptant la forme de poèmes.

Qui plus est... de poèmes écrit par un juif, et à cette époque précisément!

le texte ainsi rédigé nous emmène dans la peau d'un peuple poursuivi, battu et écrasé impitoyablement.

Nous donne envie de pleurer,
ou de se terrer dans un trou
en attendant que la folie des hommes passent...
et souhaitant qu'elle ne nous atteigne jamais! ...

Ces témoignages d'Yitskhok Katzenelson, qui ont été caché sous terre dans une bouteille avant de nous parvenir, sont terriblement durs mais extrêmement beaux.

A lire pour les passionnés ou intrigués de cette période.
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Enoch a plu à Dieu, et il a été transporté dans le paradis, pour exciter les nations à la pénitence (Si 44,16)

Je boirai tes flacons de mots,

je me désaltérerai de tes eaux de mort,

O ! Yitshok Katzenelson,

metteur en vers d'un peuple assassiné

en disant la fin du rêve d'éternité.


Après la traversée des époques vaines

un rêve a submergé mon âme naine,

j'ai alors imaginé nos aujourd'hui

et tous ces jours et ces heures

si tu n'avais pas écrit ces mots là;

nous, innocents ne saurions pas

ce que sont toutes ces douleurs

qui ont noirci l'histoire de nos vies.


Il y avait un peuple naguère;

quatre-vingt millions assassinèrent

la gravité d'un enfant et il n'y a plus rien,

disais-tu à un dieu lointain

et grincheux

et silencieux

sur des fils de fer barbelés,

sous des nuages de lâchetés.


L'histoire qui commença avec Hénok,


elle ne s'est pas arrêtée, et même,

il n‘est pas impossible qu‘on l‘aime,

parce qu'aujourd'hui, Yitshok,

et demain

et sans fin

nous lirons les vers que tu as embouteillés

pour être la survie de nos rêves d‘humanité.


Metteur en vie de la fin des hommes

avec tes mots de poète assassiné,

O ! Yitshok Katzenelson,

nous boirons tes flacons d‘eau de mort,

nous donnerons au Temps tous tes mots,


et survivra ta mémoire…

et avec elle nos désirs de vie.



Yitzhok Katznelson, poète et dramaturge Juif, né près de Minsk en 1886, mort gazé à Auschwitz, après avoir pu écrire le Chant pour le peuple Juif assassiné, long poème qu'il  mit dans des bouteilles enfouies dans le camp de Vittel.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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Une longue et glaçante complainte d'un poète qui voit disparaître son peuple, sa femme et ses enfants face à la machinerie destructrice si bien réglée du nazisme.

Immensément tristes et révoltantes, on ne peut qu'acquiescer bassement aux lamentations d'Itzhak Katzenelson et à sa colère contre les hommes, contre les cieux et contre Dieu lui-même...Le dossier de Rachel Ertel faisant suite au chant permet de mieux comprendre dans quelles circonstances le poète écrivait, et son obsession, la même que pour d'autres auteurs juifs, à transmettre et à témoigner par écrit de la destruction de sa culture et de ses coreligionnaires dans l'Europe de l'Est.

Si le texte rebute parfois par les horreurs qu'il décrit et que la traduction ne peut fidèlement rendre l'exploit stylistique dont parle Rachel Ertel, le Chant du peuple juif assassiné n'en demeure pas moins une trace indélébile d'une tentative d'épuration totale d'un peuple. A lire.
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Ce petit livre est original, tant par la nationalité de son auteur, que sa couverture et sa forme. L'auteur, qui est biélorusse, écrit en langue yiddish, autrement dit, la langue utilisée par les juifs dans l'Europe centrale et de l'Est. Oui c'est important de connaître la différence entre l'hébreu et le yiddish, culturellement parlant.
Ce petit livre est un témoignage. Un cri. Sous forme de poèmes en prose. C'est très particulier. Contrairement à son manuscrit, l'auteur n'a pas réussi à ressortir vivant du camp de Vittel. Parce qu'effectivement, il raconte, en une dizaine de poèmes (ou chapitres) l'extermination des juifs. Enfin, il ne raconte pas, il dénonce, il s'insurge, il se met en colère.

Je vous le conseille vraiment. C'est rapide à lire (aucune excuse) et c'est fort
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Chante, chante! Prends ta harpe, vide, creuse et légère,
Sur ces cordes fines jette tes doigts pesants,
Cœurs lourds de douleur, et chante le dernier chant,
Chante les derniers juifs d'Europe sur cette terre,

Comment chanter? Comment ouvrir la bouche et chanter,
Moi qui suis resté seul et dernier -
Ma femme et mes enfants, mes deux petits - horreur!
M'étreint l'horreur... On pleure! J'entends au loin des pleurs...

Chante, chante! Lève haut ta voix brisée de douleur,
Cherche! Monte Le trouver là-haut, s'Il y est encore -
Et chante, chante-Lui le chant du dernier Juif dernier -
Il a vécu, est mort, sans sépulture, et n'est plus!...

Comment chanter? Comment lever ma tête roide?
Ma femme déportée, et mon Betsion, et Yomele, un enfant,
Ils ne sont plus à mes côtés et ne me quittent pas un instant!
Ô ombres noires de mes seules lumières, ombres aveugles et froides!

Chante, chante une dernière fois encore sur cette terre,
Jette la tête en arrière, vrille sur Lui ton regard lourd,
Et chante une dernière fois, joue pour Lui sur ta harpe légère:
De juifs il n'en est plus! Exterminés, à jamais disparus!
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Déshabillez-vous…


Extrait 2

Pourquoi ? personne ne le demande, personne au monde, alors que tout,
  tout demande : pourquoi ?
Écoute, écoute ! Chaque demeure vide en ses murs dévastés, par mille
  cités et villages par milliers,
Demande pourquoi… Écoute, écoute ! Car les logis vides ne sont pas
  longtemps vides, les foyers déserts ne sont pas longtemps déserts,
Un autre peuple vient y habiter, d’autres hommes, une autre langue,
  autres les jours et les nuits.
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Pas un nuage n’a obscurci votre bleu de pacotille et son chatoiement mensonger,
Le soleil, cruel bourreau encagoulé de rouge, a poursuivi sa course éternelle,
La lune, vielle putain impénitente, est sortie par les nuits faire sa ronde,
Et les étoiles se sont réjouies, obscènes, en clignant de leurs yeux de souris !
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Maintenant, a posteriori, quand nous savons les conditions de vie et de mort de ces hommes, le travail de Katzenelson, comme de nombre d’autres écrivains et artistes, semble inimaginable. Ils laissaient des traces ténues, certaines éphémères comme l’existence humaine, d’autres enfouies, confiées à la terre, comme on jette une bouteille à la mer, sans connaître le destinataire ou même s’il en existera un. Cette production de traces par des hommes affamés et épuisés, les conférences devant des auditoires sous-alimentés, roués de coups, humiliés de toutes les façons possibles, sauva la dignité et l’existence même de l’espèce humaine.
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« Ô toi qui a fui dans la terreur, dis, pourquoi revenir en ta demeure ?
Tu étais parti, pourquoi dans le malheur n’es-tu resté à l’étranger ?
Tu aurais évité de voir ton foyer en sa peine, en sa cruelle épreuve,
De le voir saigner, torturé sans aucune raison, brisé et outragé.

Ô dis pourquoi »… Et celui qui est revenu, triste et muet, ébauche un sourire,
Ombre amère figée sur sa face comme sur un masque d’argile.
Il se tait un instant encore, puis regarde alentour, jette à la ronde un regard d’effroi :
« Je reviens de chez moi… Partout, un seul et même foyer dévasté, anéanti ! »
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Video de Itzhak Katzenelson (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Itzhak Katzenelson
Holocaust Requiem- Composer Zlata Razdolina ,lirycs by Itzhak Katzenelson Zlata Razdolina Composer, author and performer - Fragments from 'The Song of the Murdered Jewish People' English narration: Howard Weiner- Lyrics Itzhak Katzenelson, Moravian Philharmonic Orchestra
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