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Critique de andras


C'est un livre très singulier et très subtil que nous donne à lire Jean-Paul Kauffmann avec "La chambre noire de Longwood". Cette chambre noire est celle de Napoléon à Sainte-Hélène dans la demeure de Longwood qui lui a été assigné et où il mourra le 5 mai 1821 après six années de captivité. L'auteur nous fait le récit du séjour qu'il a effectué sur cette île dans les années 90, au bout d'un voyage de plusieurs jours en bateau, le seul moyen de s'y rendre à cette époque. Chacun des neuf chapitres correspond à une journée de ce séjour. On le suivra ainsi presque pas à pas sur ce "caillou" perdu dans l'Atlantique Sud, île-prison d'où toute tentative d'évasion était impensable (même si JPK nous raconte qu'un prisonnier, un hollandais, réussit à s'en échapper à la fin du siècle dernier). Les découvertes sur place de l'auteur s'enrichissent des récits qu'ont fait les principaux témoins de la captivité de l'Empereur, qu'il s'agisse de ses aides de camp, de ses domestiques ou bien de ses geôliers anglais. Pour éclairer la déchéance de Napoléon et ses états d'âmes, l'auteur remonte à l'histoire de la campagne de Russie et notamment la bataille d'Eylau qui a ses yeux constitue le tournant de cette épopée - cette bataille où le "Colonel Chabert" De Balzac fut laissé pour mort après la charge héroïque de son bataillon de cavalerie. JPK est aussi très attentif à tous les détails qui permettent de faire resurgir le passé : tableaux, paysages, flore, odeurs, météorologie, lumières ... tout est convoqué dans ce travail de mémoire. Travail rendu d'autant plus difficile que le climat qui règne sur cet île et tout particulièrement sur Longwood est très humide et que tout pourri très vite quand ce n'est pas la proie des termites. L'auteur rencontre aussi sur place les "gardiens du temple" : le consul de France à Sainte-Hélène ainsi que son père, ancien consul et personnage très singulier, qui habitent tout deux Longwood, dans le "domaine français" de Saint-Hélène (racheté aux anglais en 1858) ainsi que l'actuel gouverneur (anglais) de l'île. L'auteur trace de Gilbert Martineau, le père de l'actuel consul, un portrait saisissant, qui pourrait aisément figurer dans un roman De Balzac. Enfin JPK fait aussi la connaissance sur cette île de deux touristes anglaises assez âgées, qu'il croise à plusieurs reprises au cours de ses pérégrinations et les brefs dialogues qu'il a avec elles pourraient cette fois être tirés d'un roman d'Agatha Christie.
Ce livre est pour moi une totale réussite en étant tout-à-la fois un passionnant livre d'Histoire, un récit de voyage insolite, une vibrante leçon d'observation et d'imprégnation et un traité (involontaire) de sagesse. Sensibilité, acuité du regard, modestie et intelligence se conjuguent ici de façon merveilleuse. Je reste sous le charme.
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