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Critique de brigittelascombe


"On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs" dit le dicton et lorsque les non-dits éclatent, l'abcès se vide pour construire une relation plus forte.
Voilà, en quelque sorte, le conseil que divulgue Mieko Kawakami (philosophe,actrice,comédienne et romancière japonaise, qui en 2008 a été élue Femme de l'année par le magazine Vogue Japan) dans son roman (très) psychologique Seins et oeufs dont la trame se déroule à Tokyo, alors qu'une mère ( "Makiko" hôtesse de bar maigrichonne un brin vulgaire portée sur la bière car abandonnée par son mari et rejetée par sa fille, vient, avec sa fille "Midoriko" adolescente mal dans sa peau livrée à elle-même, chez sa soeur célibataire "Natsu" compatissante, avant de faire augmenter le volume de ses seins).
Comme toujours les Editions Actes Sud ont su choisir très judicieusement leur auteur étranger qui évoque ici les relations houleuses mère-fille à l'adolescence et le problème de féminité rencontré par trois générations de femmes d'une même famille.
Qu'est-ce qui fait qu'une adolescente, du jour au lendemain, ne communique plus que par "journal de conversation" interposé?
Que se passe-t-il dans sa tête? Sur ses origines? le désir du couple qui l'a conçue? Quelles sont les violences réprimées? A-t-elle peur de sa propre beauté qui la met en rivalité avec sa mère?Des changements de son corps?
Pourquoi une mère, sans vie sexuelle apparente, désire-t-elle une chirurgie mammaire jusqu'à la fixation? Comment vit-elle sa féminité? Quels sont ses complexes?Remontent-ils à l'enfance?Qu'est-ce que la normalité?
De Natsu, on ne sait pas grand chose, car sa voix (qui alterne avec le journal de Midoriko) ne s'élève que pour commenter, pourtant c'est elle qui saura "allumer une petite lumière de plaisir" dans le regard éteint de sa nièce. Ce qu'elle verra à la fin dans son miroir, cachée derrière une image affable, à nous de l'imaginer:d'où le talent de l'auteur!
L'écriture très imagée de Mieko Kawakami est teintée d'humour: Midoriko a des jambes longilignes de "flamant rose", les seins de Makiko ressemblent à une "piqure de moustique"...
L'ambiance angoissante qui tourne à l'hystérie est fort bien rendue.
A lire et à découvrir: Mieko Kawakami très en vogue sur "la scène artistique et intellectuelle japonaise". Elle a d'ailleurs obtenu un prix pour Seins et oeufs!
Ce roman m'a évoqué: Ces années blanches de Julie Jacob Coeur pour l'adolescence mal vécue et le Pavillon des enfants fous de Valérie Valère pour le bien que peut apporter l'écriture exutoire chez une adolescente perturbée.
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