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3.57/5 (sur 445 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Osaka , le 29/08/1976
Biographie :

Mieko Kawakami (川上未映子) est une chanteuse, romancière, poète, nouvelliste, essayiste, actrice et blogueuse japonaise.

Kawakami a sorti trois albums en tant que chanteuse entre 2002 et 2005.

Diplômée de philosophie, elle a été élue "Femme de l’année 2008" par le magazine Vogue Japan.

Elle a remporté le 138e prix Akutagawa dans la section "jeunes écrivains prometteurs", en 2007, pour son deuxième roman Chichi to Ran (乳と卵) (Seins et Œufs). Il décrit, suivant le style watakushi shōsetsu (roman à la première personne), la relation entre le cœur et le corps par le biais de trois personnages féminins.

Suivront "De toutes les nuits, les amants", puis "Heaven", récompensé par le prix Murasaki Shikibu en 2010. En 2013, elle reçoit le Prix Tanizaki pour le recueil de nouvelles "Ai no yume toka" (愛の夢とか, inédit en français).

En 2017, elle a publié au Japon, un livre d'entretiens avec Haruki Murakami (inédit en français).

Elle s'est mariée en 2011 avec le romancier Abe Kazushige.
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Source : Wikipedia
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Citations et extraits (136) Voir plus Ajouter une citation
Maman,

J'espère que tu vas bien. Moi, je vais bien.
C'est la première fois que je t'écris une lettre, je ne sais pas si je vais pouvoir écrire comme il faut mais bon, j'ai quand même envie de t'écrire.
Des fois, quand je suis seule, ou quand je suis triste, je pense souvent à toi. Mais tu es partie tellement vite, avant que je sois grande, en fait je ne me souviens pas bien de toi, alors en réalité je n'arrive pas à penser à toi comme il faut et donc chaque fois, je t'appelle mais c'est tout, même si, des fois, j'ai quand même l'impression que je réussis à penser à toi en vrai.
Où tu es, maintenant ? Ce n'est pas trop solitaire, là où tu es ? Ce n'est pas trop triste ? En ce moment, je suis en sixième année d'école primaire, j'ai 12 ans. L'année prochaine, je vais au collège. Je mesure 154 centimètres, en chaussures je fais du 34, je suis la meilleure de la classe en sprint, et la troisième de toutes les sixième année. J'ai une coupe au carré qui descend jusqu'aux épaules. La matière où je suis la plus forte, c'est le japonais. On a commencé l'anglais aussi, mais pas beaucoup, juste un peu. Tous les jours, je mange avec papa, et des fois on regarde un film ensemble. Et on fabrique de la confiture de fraises qui est très bonne.
Parfois, je regarde tes photos. J'ai déjà vu la vidéo de
toi quand je suis née, une fois. Dans les vidéos ou les photos où je suis bébé ou de mon anniversaire, tu souris toujours, et quand je pense que tu es ma maman, les larmes me viennent toutes seules. Mais j'étais toute petite, alors quand on était ensemble et comment tu étais, je ne m'en souviens presque pas. Si tu étais restée vivante un peu plus longtemps, je pense que je pourrais penser à toi à l'intérieur de moi, n'importe où, même si je deviens plus grande, même si je deviens n'importe quoi, quand je veux, et ça aussi ça me fait pleurer. Je ne peux pas me rappeler, mais quand je pense à toi ça me fait quand même pleurer. Pourtant je ne peux pas, mais je t'appelle quand même : Maman ! Pardon de pleurer. Tu t'inquiètes peut-être, mais quand je serai grande, même très grande, je pourrai faire tout ce que je veux, je serai très forte, je travaillerai bien et je deviendrai adulte...
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Pour joindre les deux bouts, bien sûr elle a l'allocation aux familles monoparentales, mais bon, c'est pas avec deux gouttes d'eau qu'on refroidit une pierre qui a été au feu comme on dit, alors juste après son divorce elle a travaillé dans un supermarché, à mi-temps dans une usine, comme caissière-empaqueteuse, et a fait un tas d'autres petits boulots. Mais ça ne suffisait pas pour vivre et élever sa fille, alors elle est devenue hôtesse. Pour elle qui est plutôt timide et effacée, faire la conversation avec les clients dans un bar n'a pas dû être facile. Mais après être passée de bar en bar, ma foi, ça fait trois ans qu'elle n'a plus bougé.
À part la patronne, une mama classique dans la cinquantaine, il y a deux filles d'une vingtaine d'années. Pas particulièrement des beautés ni des lumières ces deux-là, et il leur arrive un peu trop souvent de ne pas venir sans même passer un coup de fil. Sans compter qu'elles ne se foulent pas au service du client, toujours à regarder leur montre et à ne parler que d'elles. À vrai dire on les garde juste parce que ce serait plus embêtant qu'autre chose qu'elles s'en aillent...
"Faut supporter", c'est le mot de la mama ça, mais tout de même. Il faut dire que Makiko non plus n'est pas un parangon de beauté ni une virtuose de la conversation. Ce n'est pas vraiment comme si le succès de la boutique reposait sur elle, ce serait plutôt qu'on la garde par bonté, disons.
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Savez-vous pourquoi la nuit est si belle ?
Et bien sans doute parce que, à minuit, le monde est réduit de moitié. Marchant dans la nuit, je pense à ce que M. Mitsutsuka m'a dit une fois. Je compte les lumières. Je compte les lumières de la nuit. Il ne pleut pas, mais le rouge des feux de signalisation tremble, comme mouillé. Alignements de réverbères. Phares des voitures qui passent et s'en vont. Lumières aux fenêtres. Téléphones portables de ceux qui rentrent, de ceux qui sortent. Pourquoi est-ce si beau, à minuit ? Pourquoi la nuit brille-t-elle autant ? Pourquoi n'y a-t-il que des lumières, à minuit ?
Les écouteurs emplissent mes oreilles, la musique m'emplit et forme un tout. Berceuse. La belle berceuse pour piano. C'est beau, n'est-ce pas ? Oui, c'est mon morceau de Chopin préféré. Vous aussi, Fuyuko, elle vous a plu ? Oui. C'est comme la respiration de la nuit. Comme un chant de lumières dissoutes.
Une fois la grande lumière de la journée disparue, celles qui restent brillent de toutes leurs forces, c'est pour cela que les lumieres de la nuit sont si précieuses. C'est vrai, M. Mitsutsuka. C'est tellement beau que les larmes me montent aux yeux,
sans raison.
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Une seule fois, j'ai parlé du sapin de Noël avec papa.
Maman est morte l'hiver avant que j'aie quatre ans, juste après Noël, il paraît.
J'avais dit que je voulais un grand sapin de Noël plein de lumières qui brillent, alors ils m'avaient emmenée au magasin. Et on avait choisi ce sapin tous les trois, on l'avait décoré tous les trois et on était si heureux, il m'a raconté. Je ne me souviens de rien, comme l'histoire de la confiture de fraises que maman fabriquait, mais puisqu'il dit que ça s'est passé comme ça, j'ai l'impression que c'est vrai. Aujourd'hui encore, quand je regarde le renne argenté suspendu au bout d'une branche, ou l'étoile vaguement de guingois au sommet du sapin, je ressens je ne dirais pas de la nostalgie mais en tout cas une onde de quelque chose dans la poitrine, et j'ai l'impression qu'il faut que je le regarde tout le temps. En principe, un sapin de Noël, je suppose qu'on le range quand Noël est passé, et on le ressort quand arrive le Noël suivant, mais chez moi, le sapin de Noël reste en place en permanence, on ne peut pas le ranger. Autrement dit, il est là depuis l'hiver de la mort de maman, comme s'il était planté et qu'il poussait directement à travers le plancher.
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On appelle ça un ovule, mais le vrai mot c'est ovocyte. Alors pourquoi est-ce qu'on dit ovule ? Pour faire la paire avec spermatozoïde. Qui dit spermatozoïde dit ovule. Avant, j'allais à la bibliothèque de l'école, mais pour emprunter des livres c'est compliqué, et puis il n'y en a pas beaucoup, c'est tout serré, c'est sombre, et dès que quelqu'un arrive il regarde pour savoir ce que tu lis, c'est répugnant. Alors maintenant je vais à la vraie bibliothèque avant de rentrer à la maison. Au moins je peux utiliser les ordis autant que je veux. Et puis j'en ai marre de l'école. C'est nul. Oui, je sais, c'est nul de dire que c'est nul, parce que l'école, c'est juste un mauvais moment à passer, alors que la maison c'est pas pareil. J'ai du mal à penser aux deux en même temps.
Mais avec du papier et un stylo, je peux écrire ce que je veux où je veux, ça ne coûte rien, c'est chouette. Ce qui s'appelle mettre ses idées sur le papier. Par exemple on peut dire détester, ou être dégoûtée de. Mais je trouve que c'est répugnant, ça donne mieux l'idée. Alors je m'entraîne à écrire le mot. Répugnant. Répugnant.

Midoriko
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En ce lieu de la nudité, les visages, qui en temps normal portent sans doute l'identité de chacune, ont perdu leur individualité.
Ici, ce sont les corps qui marchent, qui parlent, qui pensent. Au coeur de chaque geste et de chaque action, il y a le corps et rien d'autre.
Et soudain, alors que je suis des yeux ces corps qui passent devant moi, je rencontre ce sentiment de brutale étrangeté qui vous prend par surprise quand on écrit ou qu'on regarde trop longtemps un caractère chinois, ou même un caractère syllabique : on voit un i et on est soudain pris d'un doute : ça s'écrit comme ça, un i ? Incrédulité devant l'évidence de ces corps de femmes si insistants qu'ils en deviennent irréels. Et pourquoi que c'est gonflé, là ? Et pourquoi qu'au bout il y a un bouton ? Et c'est quoi ces formes molles ? Et pourquoi il y a deux jambes ? Et pourquoi qu'elles sont tellement arquées ? Finalement je ne sais plus ce que je regarde, ou peut-être au contraire vois-je tout ça d'un oeil trop neuf. Pour me sortir de cette oppression, je dis :

- Rhô, voyons Makiko, qu'est-ce que tu regardes depuis tout à l'heure ?
- Hein ? Bah, les nichons, me répond-elle en toute spontanéité.
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J’avais encore le cafard en rentrant à la maison. Je n’avais rien envie de faire, alors, tu parles, mes devoirs… Dans ces cas-là il m’arrive d’essayer d’écrire ce que j’ai sur le cœur. Parce qu’il me semble qu’une fois qu’elles deviennent des mots, les choses que je ne comprends pas s’éliminent.
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Alors j'ai appris à ne plus être celle que j'étais normalement. Avec une bière, une seule, que je buvais gorgée après gorgée, lentement, ou un flacon de 18 centilitres de saké.
Que ce soit la bière ou le saké, d'abord la première gorgée est toujours bonne. Au début ça me faisait un peu mal à la tête, mais en supportant un certain temps, on finit par s'habituer aux deux, au mal à la tête et au goût, c'est assez étonnant. Mes membres devenaient un peu lourds, mais d'autres parties de mon corps devenaient plus légères, et puis j'avais l'impression que mon esprit prenait de l'ampleur. Tout ce que je ressentais devenait plus lointain sans pour autant disparaître, ma tension se relâchait, j'avais l'impression de tout voir à travers une vitre. Ma silhouette devenait plus ténue. Toutes mes pensées sur moi-même se transformaient en pensées sur d'autres gens, je n'avais plus besoin de baisser la tête. Et puis, globalement, je me sentais bien.
Quand j'ai fini mon travail, s'il reste du temps avant que le sommeil n'arrive, maintenant je bois.
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- Je ne sais pas, peut-être. Une table ou un vase peuvent être abîmés, mais ils ne peuvent pas être -blessés-, je pense, elle a murmuré.
-Oui, j'ai acquiescé.
- Alors que les humains peuvent être terriblement blessés même si leur blessure ne se voit pas, a dit Kojima d'une voix encore plus petite que tout à l'heure. (p. 56)
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Qu’est-ce que ça peut être bête tout de même, un homme hystérique ...
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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