— Tu me dévores des yeux…
— Je réfléchis à la négociation.
— Elle doit impliquer de me baiser si tu me regardes ainsi.
— Est-ce que tu es parfaitement guéri maintenant ?
Sa question était un peu timide, ce qui ne lui ressemblait pas. Alors je compris qu’il avait eu peur de me demander comment j’allais. Peur de m’avoir vraiment blessé, d’avoir été trop loin. Les mots ne franchiraient jamais mes lèvres, mais je trouvais ça tout à fait mignon venant d’un grand prince de guerre égocentrique et vindicatif.
— Je n’ai plus un seul bleu, même minuscule… Sérieusement, Ryhad, je ne suis pas en sucre. En plus, si tu me tuais, je reviendrais aussitôt à la vie, alors franchement, je ne vois pas ce qui t’inquiète
— C’est pas vrai ! J’ai mis des heures à écrire ce fichu parchemin ! Parce que, soi-disant, je ne peux rien faire ici sans que tu l’approuves ! Il fallait que tu le signes !
L’amusement de Ryhad ne me faisait plus rire du tout. C’était vraiment ma veine ! Le parchemin était bon pour la poubelle ! J’allais devoir recommencer le tout et, franchement, j’avais mis des heures à faire celui-ci !
— Tu n’as qu’à me dire ce que tu veux et je l’autoriserai…
— Non, je veux que tu lises sérieusement ma demande et que tu l’approuves si l’idée est bonne. Je ne veux pas me planter !
— Où veux-tu te planter ?
Oh, voilà que ça recommençait.
— C’est une expression, c’est tout… Ne va pas t’imaginer des trucs.
— Trop tard.
— Ryhad
— Je t’ai écouté et je trouve que c’est une idée brillante.
— Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir et qu’on baise plus vite, hein ?
Il rit de bon cœur et cela me fit du bien, un bien fou.
— Non, je veux te baiser, ça c’est sûr, mais je suis sérieux.
— Alors comme ça, on n’a pas le droit de marcher ici avec des bottes, mais on peut baiser dans l’eau ?
— Franchement, Ren…
Qu’est-ce qu’il pouvait être… exaspérant ! Ouais, j’apprenais des mots compliqués, de plus de deux syllabes ! Un effet furieusement efficace des heures passées avec Eïen. Le Consort du roi ne supportait pas le moindre juron ! Alors oui, connard, abruti, con étaient remplacés par « exaspérant » ! Résultat, je le sortais à tout bout de champ et c’était devenu une plaisanterie privée, partagée avec une certaine personne qui se moquait allègrement de mes efforts de langage.