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Citations sur Jusqu'à la folie (62)

Jonah dit :
– Personne ne va vous faire de mal.
– Je vais mourir ! cria la femme.
Sans se retourner, Jonah lui répondit :
– Ça va aller.
mourir
mourir
Je vais mourir.

– Vous voulez bien m’écouter ? Monsieur ? S’il vous plaît. Reculez d’un pas.
L’homme grimaça d’impatience, comme si Jonah avait sauté une réplique. Il fit un pas de côté et Jonah l’imita pour rester face à lui.
– D’accord, attendez. Je n’ai pas l’intention de…
L’homme tenta à nouveau de le contourner et Jonah s’avança vers lui.
– … écoutez, je n’ai aucune intention de, personne ne veut…
Alors tout se précipita.
Cheveux, chaleur, une odeur organique suffocante ; un bras tordu ; la chute ; le sol ; et, pour la deuxième fois de la soirée, Jonah se retrouva à patauger dans une mare de sang.
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Et il allait devenir médecin.
Il ne réfléchit pas.
Il s’élança en faisant de grands signes.
– Hé !
L’homme leva les yeux et fut aussitôt saisi d’agitation : se balançant d’un pied sur l’autre, roulant des épaules, grattant sa barbe broussailleuse et se tirant les cheveux par poignées. Il parlait tout seul. Torse nu sous son manteau dont les manches dépassaient de ses mains, lui donnant l’air d’un gamin perdu. Jonah reconnut cet état ; il le connaissait intimement, il y était confronté régulièrement. Et il sentit un grand calme l’envahir. Il savait quoi faire.
Il dit :
– Regardez-moi.
L’homme le regarda.
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Au secours, aidez-moi !
Au secours, aidez-moi !
Au secours, aidez-moi !

Elle regardait Jonah droit dans les yeux, le visage irradiant de terreur, zébré par des mèches de cheveux volants, un masque de détresse livide. Aidez-moi, aidez-moi !
C’était à lui qu’elle s’adressait. Aidez-moi !
Par la suite il se rendrait compte que la plupart des gens à sa place auraient passé leur chemin. Quelques-uns auraient appelé la police et attendu, observant la scène à distance. Mais pour Jonah la situation se présenta de façon assez différente. Il vit l’homme, la femme, la lune, et non seulement il n’éprouva aucune envie de fuir, mais au contraire une écrasante obligation de rester, comme si la voix de la femme – au secours – était en réalité celle de Dieu, canalisée, filtrée et brisée, certes, mais tout aussi impérieuse : un moment spécialement choisi pour lui.
Et il allait devenir médecin.
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Les viscères de la patiente jaillissaient là où on ne les attendait pas, c’en était gênant, et devoir lui maintenir le ventre ouvert paraissait terriblement intrusif, comme débarquer dans la chambre de quelqu’un avant qu’il ait eu le temps de planquer ses sous-vêtements. Pendant que Detaglia faisait son travail, Jonah repensait à la scène des Aventuriers de l’arche perdue où ils ouvrent la boîte-à-laquelle-il-ne-fallait-surtout-pas-toucher et où tout le monde à un kilomètre à la ronde se transforme en fromage fondu. Il se força à regarder. Allez, sois courageux, tu ne pourras jamais apprendre si tu ne vois pas ce qui se passe.
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– Hé, le carabin !
Une autre façon qu’ils avaient de vous rabaisser : ne jamais vous appeler par votre prénom. Obéis sans réfléchir, sous-homme. En l’occurrence, la panseuse lui tendait les housses de protection pour les poignées des lampes scialytiques en lui disant :
– Alors, tu te bouges ?
Il s’exécuta.
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Les dieux de la Chirurgie étaient jaloux et cruels, et Jonah avait fauté. En tant qu’étudiant de troisième année, il ne pouvait guère espérer faire plus que suturer, écarter, aspirer. Comme tout apprenti, son véritable rôle n’était pas de se rendre utile mais de donner raison à la hiérarchie. Il était là pour souffrir, ainsi que tous les médecins qui l’avaient précédé à cette place.
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Le principe fondateur des études de médecine était que les gens apprenaient mieux sous la menace d’une humiliation publique.
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Au bloc, c’était la folie ; tout le monde courait pour tout préparer en attendant le chirurgien, ne s’interrompant que pour s’adonner au passe-temps favori des salles d’opération : hurler sur l’externe de service. Jonah prit une casaque chirurgicale et des gants, et la panseuse lui hurla « Tu l’as contaminée, prends-en une autre ! » alors que tout était encore emballé et stérile, comme si c’était lui qui était particulièrement, monstrueusement contagieux. Discipliné, il retourna à la réserve en traînant les pieds et en revint avec une nouvelle casaque et une nouvelle paire de gants.
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– Je sais que tu m’entends.
– Pardon.
– Il nous faut des mains.
Jonah adorait ça. Le reste de son corps, cerveau compris, comptait pour du beurre.
Il avait fini sa journée depuis belle lurette ; il n’était pas dans l’équipe de Benderking ; il avait besoin de rentrer chez lui pour avoir ses quatre heures de sommeil. Mais c’était son troisième jour dans ce service et il voulait faire bonne impression. Aussi répondit-il « Je viens » en souriant et suivit-il l’interne jusqu’à la salle d’opération. Sauf si un supérieur vous demandait de laver sa voiture ou de sucer son chien, vous obtempériez, et avec amour.
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Saint Agatha reprenait son souffle. Un endroit comme celui-là n’était jamais réellement silencieux, mais, à l’instar de tous les grands établissements médicaux, il semblait ralentir aux alentours de 18 h 30, créant une illusion de paix ; ou une idée de ce à quoi aurait pu ressembler la paix si vous n’étiez pas cloîtré dans un foutu hôpital.
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