X me contemple, et dans le clair-obscur de l’endroit, uniquement éclairé de manière indirecte par la lumière de la cuisine, son regard est doux, tendre et enveloppant.
Je m’avise soudain de notre proximité. Nous sommes qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.
– Nous… devrions y aller, répété-je faiblement.
[…]
Ses lèvres effleurent ma joue en un doux baiser. Je frissonne, surprise de l’intensité des émotions qui se déversent en moi. Ce simple geste, cette marque d’attention, me remue intimement. J’en suis toute retournée et sans réfléchir, j’oriente ma bouche vers ses lèvres.
Est-ce lui, ou moi, qui le premier pose sa bouche sur celle de l’autre? Difficile à savoir. Nos lèvres s’effleurent, se séparent, surprises et intimidées de ce soudain contact intime.
Et puis, tout se précipite.
Ce baiser est savoureux, fruité, gorgé du goût de l’interdit et du plaisir d’enfreindre les règles. Je dévore ses lèvres, me plaque à sa bouche. Peu m’importe qu’il me repousse ensuite. L’envie était là, et je l’ai assouvie.
Oh, début, j’ai adoré ces périodes passées à l’attendre, ces retrouvailles torrides et fusionnelles, ces au revoirs chargés de promesses. Se susurrer des mots croustillants au téléphone était émoustillant. Puis amusant. Plus récemment: frustrant. Car ça avait beau être excitant, ça débouchait toujours sur une constatation: j’étais seule la plupart du temps.
Un portrait noir et blanc, type fiche d’identité, remplace le visage du présentateur. Et là, je me décompose. Le portrait, c’est mon portrait. Mon visage. Mes cheveux. Mon nez. Mes yeux. Mon front. Ma bouche. Mes pommettes.
Moi.
Je tourne un regard stupéfait à Sonia.
– Bravo, me dit-elle. Tu joues superbement la surprise. On y croirait!
– Mais…
– Ça va? C’était bien? T’as profité? m’interpelle ma petite femme en s’encadrant dans la porte du salon.
– Euh… quoi?
– T’as profité? répète-t-elle en appuyant sur le mot.
– Profité? Mais…. c’est quoi ça?
Je désigne les valises du doigt.
– Tes affaires!
Une sueur froides me parcourt d’un coup. Mes affaires?! Non! Elle n’oserait pas…
Je presse sa poitrine d’une main et de l’autre, relève sa robe en soie. Sonia rit, me cherche à tâtons. Elle me trouve, s’empare de ma bouche avec gourmandise. Je remonte l’intérieur de sa cuisse avec la main, caresse sa peau douce. Sonia, elle, en est à dégrafer mon jean. Elle ôte le bouton, glisse la fermeture et plonge sans plus de manière sa main dans mon slip.