Qui est-on vraiment ? La fille de ses parents ? le prolongement de l'enfant, de l'adolescente qu'on a été ? le produit de sa culture, de ses lectures, de ses rencontres, de ses choix et expériences ? Celle qu'on a choisi de devenir par amour ? Sans doute tout cela à la fois, mais le trait d'union peut être ténu, insaisissable, voire intenable. Les mille vies de
Liv Maria, fille d'un géant norvégien et d'une bretonne taiseuse, voyageuse polyglotte qui a tracé sa route de Berlin à l'Irlande, en passant par le Chili, amante passionnée, aventurière ivre de lectures, semblent inalliables. Mais peut-elle disjoindre les fils de ce qu'elle est ?
J'ai énormément aimé le début du roman, illuminé notamment par le personnage du père de
Liv Maria, cette force de la nature si sensible et tendre, qui lui transmet sa passion de la littérature en lui lisant
Jack London,
Samuel Beckett et
William Faulkner, soir après soir. Une passion qui sera peut-être le seul fil conducteur d'une vie placée sous le signe d'une indépendance farouche, éclatée en chapitres distincts entrecoupés de césures brutales. Leur imbrication improbable et tragique nourrit une tension qui m'a fait tourner les pages avec curiosité. le dénouement n'était pas facile à trouver. Il m'a laissée sur ma faim. Pourtant, je ne regrette pas d'avoir lu ce beau portrait de femme : pour son humanité désarmante, pour ses dilemmes moraux fascinants, et pour la découverte de la plume sensible et lumineuse de
Julia Kerninon.
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