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Critique de Nastasia-B


Big Sur est le 3ème récit autobiographique de Jean-Louis Kérouac, dit Jack Kerouac, écrit d'un seul jet sur un unique rouleau de machine à écrire (après Sur La Route et Les Clochards Célestes).
Il me faut tout de suite avouer que je n'y ai pas du tout retrouvé la magie, l'état d'esprit, l'évasion ou encore le pouvoir d'édification que m'avait fait vivre Sur La Route.
Ici, Jack Kerouac nous conte ses mésaventures survenues durant l'été 1960 alors qu'il était en villégiature en Californie, sur la plage de Big Sur, côte assez sauvage (à l'époque) et escarpée proche de San Francisco.
Kerouac nous y fait l'éloge de cette nature rédemptrice, mais aussi et surtout la description de son naufrage dans la démence, la paranoïa, l'hallucination et le cauchemar, en grande partie dû aux effets combinés de l'alcool et de la dépression (il vit mal sa notoriété nouvelle acquise suite au succès de Sur La Route et cherche donc à fuir les mille sollicitations de New York).
L'auteur nous y parle également des premiers beatniks du " mouvement beatnik " et vis-à-vis duquel il n'éprouve ni sympathie ni communauté de vision. Il regarde avec beaucoup de réserve et peu d'espoir cette mode (naissante en 1960) qui trouvera sa quintessence un peu partout dans le monde autour de 1968.
Selon lui, le manque de respect de certaines valeurs classiques indispensables, l'absence de poésie et l'égocentrisme de ces jeunes gens n'a pas grand chose à voir avec ce qu'il avait tenté d'exprimer dans Sur La Route. Kerouac a ailleurs défini lui-même ce qu'il entendait par " beat ", terme qui désignait à la base les noirs inféodés au métro de la côte Est, vivant dans un dénuement absolu mais continuellement animés d'une joie de vivre et d'un positivisme, " beat " se référait aussi à la notion de rythme, propre aux musiques (notamment noires) comme le jazz, et enfin, " beat " fait référence à la béatitude (n'oublions pas que Kerouac est francophone de naissance), c'est-à-dire au volet mystique, à l'émerveillement devant la beauté naturelle, des âmes ou de la nature. Rien à voir donc avec les jeunes intellos fils de famille (on dirait aujourd'hui " bobo " qui se sont appropriés le terme par la suite) qui n'ont rien de " beat " au sens " battu " par opposition au " success ", la réussite sociale à laquelle ils sont appelés.
Jack Kerouac et Neal Cassady ne recherchaient pas le succès financier comme tous les américains de leur génération mais expérimentaient au contraire une autre voie, une sorte de succès spirituel.
En ce qui concerne l'intérêt propre de l'oeuvre, comme je l'ai déjà dit plus haut, je suis beaucoup plus mesurée. On est loin du magnétisme que pouvait susciter Sur La Route et on ne peut que trouver pathétique cet ivrogne triste aux prises avec ses démons, crépusculaire à la manière d'un Malcolm Lowry dans Sous le Volcan.
Vous y retrouverez donc Neal Cassady alias Cody Pomeray (l'ex Dean Moriarty de Sur La Route) devenu un père de famille, bien changé par rapport à ce qu'on l'a connu dans Sur La Route, presque rangé, qui n'a plus grand chose à nous dire, un peu comme Kerouac d'ailleurs.
Un livre, à mon avis, pas indispensable, sauf pour les inconditionnels qui souhaitent tout connaître de Jack Kerouac, mais ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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