Le papier appelle le papier.
Je sais qu'on dit plutôt que l'argent appelle l'argent, mais, avec ce livre, c'est cette vérité qui me vient : le papier du livre, plein de la vie des personnages vivants qui s'y débattent, appelle souvent le mouchoir en papier du lecteur, qui transcende par la lecture sa vie singulière en l'enrichissant de celles de milliers d'autres.
Accompagner Charly dans l'aventure proposée par ce roman, c'est se confronter à tant d'émotions que, parfois, oui, le vase plein de larmes qui clapote en nous déborde.
Des Fleurs pour Algernon est un livre de science-fiction qui s'appuie sur une expérience médicale avant-gardiste, mais c'est en vérité surtout un thriller psychologique émouvant.
Le personnage de Charly, adulte dont le quotient intellectuel le rapproche des attitudes et aptitudes d'un enfant de sept ans assez immature, se voit proposer un traitement expérimental capable d'accroître de manière exponentielle l'intelligence. Redoublant l'expérience tentée avant lui sur la souris Algernon, Charly accepte de faire plaisir aux médecins et d'explorer ainsi cette découverte de l'intelligence qui lui était jusque là inconnue et qui va enfin lui permettre de comprendre le monde.
Sauf que la désillusion que connaissent les enfants en découvrant la vérité sur le monde des adultes est bien cruelle, et elle l'est d'autant plus quand on est adulte et qu'on saisit soudain le jeu de dupes dans lequel on se croyait heureux.
Je ne veux pas divulgâcher davantage ce roman, mais j'aimerais que vous compreniez à quel point il est touchant et intelligent. On suit donc Charly du début à la fin dans son journal intime, et ses compétences linguistiques évoluent au fur et à mesure que son intelligence évolue, de même que sa psychologie mûrit prise de conscience après prise de conscience. C'est un chemin émouvant et éprouvant.
Une belle et terrible plongée dans l'âme humaine de cet être social que nous sommes qui semble plus souvent souffrir du groupe et faire souffrir dans le groupe que d'en retirer un quelconque réconfort, hélas. Pourtant, la seule chose pire que de vivre dans un groupe social est de s'en sentir exclu…
Je vous envie, vous qui allez peut-être découvrir ce récit, et je vous invite à doubler votre lecture par celle de cette réflexion que je mène sur le harcèlement scolaire, qui vient en vérité éclairer la problématique à laquelle se heurte Charly : on n'existe bien souvent que par le regard que les autres portent sur nous et par la manière dont on vit ce regard, et ça fait souvent très mal.
https://deloeuw.wixsite.com/professeur-tsunami/post/harc%C3%A8lement-scolaire-la-mort-%C3%A0-petit-feu
***
Retrouvez tous mes avis de lecture sur ma page :
https://www.laplumeamie.com/avis-de-lecture
Lien :
https://www.laplumeamie.com/..