Tequila sunrise à Hawaï, épisode 1 : Amour, copines et cocktails

Ses paroles m’atteignent comme des poignards. Chaque phrase me laboure le cœur, chaque mot me transperce le crâne.

L’attirance mutuelle que nous ressentons est tellement puissante que je dois me retourner et fixer une peinture où des Hawaiiennes semblent danser avec des soutiens-gorge fabriqués en noix de coco pour diminuer la tension sexuelle.

e suis mortifiée. Pire. J’ai envie de mourir. Si la foudre voulait bien tomber sur moi, là maintenant, ça m’arrangerait. Ce sont toujours des innocents qui meurent foudroyés alors pourquoi je n’aurais pas droit à ma dose d’électricité, moi ? La vie est injuste.

J’avais déjà laissé suffisamment de plumes dans cette histoire désastreuse. Mais je n’arrive pas à lui résister, c’est plus fort que moi. Puis, ce n’est pas entièrement de ma faute, cela s’appelle de la chimie. Parfaitement, un truc d’hormones et de phéromones. Le seul petit problème, c’est qu’après nos ébats, je me sens comme une loque. Je suis incapable d’avaler quoi que ce soit, ma gueule de bois me vrille le crâne, tous les sons sont décuplés et les odeurs d’œufs brouillés et de bacon grillé me provoquent des haut-le-cœur.

La fatigue est tout de même la plus forte et au moment où ma tête se pose sur l’oreiller moelleux de la chambre de luxe, je sombre dans un profond sommeil.

Ma démotivation atteint des sommets et l’alcool qui coule encore dans mes veines me provoque des vertiges. Je prie mon karma pour ne pas vomir en pleine réunion. Ce serait le pompon !

Ce qui se passe à Hawaï reste à Hawaï, c’est bien connu.

L’impatience est l’un de mes pires défauts. Si j’omets le fait que je suis également gourmande, trop enthousiaste, trop familière, trop dépensière, psychologiquement handicapée dans mes relations avec les hommes, et tueuse en puissance. Avec des chaussettes.

Je respire profondément, tourne trois fois ma langue dans ma bouche et me force à sourire, paraît que le cerveau ne fait pas la différence entre un vrai et un faux sourire. Cela entraîne donc une production de dopamine et de sérotonine bénéfique à la bonne humeur. Donc, je souris. Et je serre les dents.

Elle lève les yeux du magazine et me fait un petit sourire hypocrite tandis que je prends place à côté d’elle. Apparemment, la hache de guerre qu’elle a déterrée sans raison apparente n’est pas prête à être enterrée sous le sable d’Oahu.