Sfax : ma jeunesse

« Depuis cinquante ans il répète qu'il connaît une ville paradisiaque où il a eu de merveilleux amis. Pendant les vingt deux ans où il y a vécu, il ne se souvient pas un seul jour de solitude, de cafard ou d'ennui et dans cette ville exceptionnelle, des ethnies très différentes coexistaient avec bonheur. Y a-t-il quelque chose de vrai dans toutes ces fabuleuses histoires qu'il raconte ? Les murs sécrétaient-ils du miel ? les chants du rossignol y étaient-ils plus purs, là-bas ? Plus émouvants ? Et pourquoi dans cette ville de Sfax l'amitié était-elle plus chaleureuse qu'ailleurs ? »
Georges Khaïat dans son roman, mais qui l'est si peu, : « Sfax… ma jeunesse » affirme que tout cela est bien vrai et moi qui ai vécu, mais si peu, à Sfax, sait que tout cela est parfaitement vrai !
Edité en France par Cénépolis et un Tunisie par Sud Editions le roman de Georges nous replonge dans cette Tunisie des années 30 et nous fait revivre l'enfance d'un petit juif de Sfax jusqu'à la fin de l'épouvantable Deuxième guerre mondiale.

Bien sur, cette enfance et cette adolescence, ce regard sur les adultes, les enseignants, les filles n'aurait rien eu de bien nouveau en littérature s'ils ne s'étaient déroulés à Sfax, ville du sud tunisien. Mais les paysages, les couleurs, la mer, les odeurs, l'incroyable foisonnement de la vie dans toutes ses diversités a formé cet enfant à la différence, a ouvert son entendement au monde.
Aussi, c'est avec respect et nostalgie que Georges Khaïat évoque sa ville. Médecin, humaniste, on pourrait croire que ses écrits sont factuels, peu littéraires, sans style; mais tout au contraire, il se détache de certaines descriptions, une véritable poésie aux images subtiles et fortes aussi. Et ce retour sur mémoire n'est pas non plus emprunt d'une tendre naïveté. le rapport aux parents, au judaïsme, au racisme et à la guerre tel que le décrit Georges n'a rien d'éthéré.
Ce livre oublié reste un très beau témoignage sur une ville qui fut exceptionnelle.