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4,2

sur 90 notes
Kikka nous propose le récit d'une descente aux enfers , façon thriller. Et pourtant, le décor est d'une banalité ordinaire, les locaux d'une entreprise internationale. Et l'héroïne est une jeune femme dynamique, active et créative, une executive Women, menant de front vie familiale et professionnelle, avec courage et entrain. Jusqu'au jour, où le président qui la soutenait dans ses efforts pour faire progresser l'entreprise, est remplacé par quelqu'un qui d'emblée la prend pour cible. Mails à toute heure, injonctions contradictoires, bruits de couloirs, petites phrases qui tuent, c'est le harcèlement et ses séquelles : la perte de confiance en soi, les erreurs liées à la fatigue, et le corps qui finit par crier grâce.

C'est terriblement bien décrit, point n'est besoin d'avoir été le témoin de tels faits pour en apprécier l'analyse. Les mécanismes en marche, les réactions en chaîne au sein d'une équipe, l'impunité des agresseurs malgré tout, et la difficulté de s'attaquer au phénomène, d'autant que la personne harcelée est fragilisée par des mois voire des années d'un travail de sape, tout cela est très bien rendu.

Le plus difficile est sans doute de se reconnaître comme victime et non comme coupable...

L'écriture est factuelle et sobre, mais l'énormité de ce qui est relaté justifie l''absence d'une emphase, qui serait au contraire contre-productive.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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C'est un livre lu avec beaucoup d'attention car j'ai croisé une collègue en fin de carrière heureusement , ( hors de mon établissement ) qui ne subissait pas le même acharnement sans commune mesure .... ( mais quand même) , à l'époque elle m'avait prêté l'ouvrage de Marie - France Hirigoyen qui expliquait ce phénomène : «  le harcèlement moral : La violence perverse au quotidien »
.Je ne m'étendrai pas sur le contenu , d'autres l'ont fait avant moi.

Ce que retiens surtout c'est la force , au fond de cette mère de famille créative, impliquée , introduisant des solutions innovantes ,au sein de sa grande entreprise, énergique, menant de front avec brio sa vie professionnelle et familiale, ascension rapide , fulgurante , jusqu'à son effondrement douloureux, à l'arrivée de ce nouveau directeur Karl, odieux, sournois, toxique, de mauvaise foi , aux sous - entendus infernaux, à la dissimilation destructrice, aux procédés infâmes .....

Ce témoignage poignant de descente aux enfers , de harcèlement professionnel dans le monde du travail , cette problématique trop peu connue et mise à jour , l'auteure en témoigne par l'écriture qui l'a accompagnée tout au long de sa reconstruction et de son lent parcours de résilience....
Ainsi l'ouvrage se présente en 3 parties : ascension de Clotilde , effondrement , reconstruction....

Les rouages sont parfaitement étayés , retranscrits fidèlement et pour cause : engrenage infernal, procédés insidieux , dévalorisation progressive, dépression physique , mentale profonde , incapacité de dormir, regard fuyant et lâcheté des collègues , infâmes trahisons d'anciens AMIS au travail , perte totale de confiance en soi , de- construction de l'identité psychique jamais neutre ......qui laissera de profondes cicatrices au mieux , au pire une perte de pied définitive, une bascule dans le noir....

Témoignage criant de vérité, traumatisant , qui fait froid dans le dos : LEÇON de courage, d'honnêteté, de transparence.
Lu presque d'une traite dans le train , tellement cet ouvrage prend aux tripes et donne à réfléchir .
Je le conseille car inspiré de l'expérience de l'auteure ....
Chacun devrait le lire , emprunté à la médiathèque.
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Un livre très juste et trés émouvant sur le monde impitoyable du travail dans lequel on découvre Clothilde, une femme à la fois forte et sensible qui se dévoue à son entreprise. Créative et impliquée, elle mène de front vie familiale et vie professionnelle avec beaucoup de courage et d'énergie. Lors d'un changement de directeur, elle doit faire face à un patron odieux qui la pousse dans ses retranchements, la dévalorise systématiquement et finalement lui fait perdre pied. Un magnifique portrait de femme qui m'a beaucoup émue et que j'ai lu comme un roman alors que je le sais très inspiré de faits réels. J'attends avec impatience de rencontrer cette jeune auteure talentueuse ! Merci Kikka pour ce magnifique récit!
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Alors qu'elle a progressé au sein d'une entreprise renommée pour ses valeurs humanistes, Clotilde se trouve confrontée à un supérieur hiérarchique dont les méthodes vont la mener au burn out.
Ce récit fictionnel réunit toutes les caractéristiques de ce type de situation : une femme qui présente une grande force de travail, un manager sans scrupule, manipulation, isolement, intrusion dans la vie personnelle, les petites phrases déstabilisantes, etc.
Même si la barque est chargée et peut sembler virer à la caricature, je sais d'expérience personnelle combien les limites au harcèlement peuvent être repoussées.
Bien sûr Clotilde a la chance d'être soutenue, non seulement par son entourage familial mais aussi par quelques collègues. Pour autant, elle est seule face à son bourreau.
L'auteur décrit avec réalisme et sans apitoiement les sentiments contradictoires qui peuvent animer la victime de harcèlement, les dommages collatéraux qui ne manquent pas de survenir : perte de vie sociale, dégradation de la vie de couple, de la santé, perte de revenus mais aussi de confiance en soi.
Et surtout, cette maudite culpabilité qui submerge tout.
Ce roman montre qu'il est possible d'en sortir, au prix certes d'une persévérance usante, avec un soutien sans faille et un moral de battante.
Très intéressant
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Kikka nous livre un témoignage poignant sur son expérience traumatisante du monde du travail. Travailleuse acharnée, appréciée et reconnue comme une bonne manager par ses pairs, la jeune femme se hisse très rapidement à un poste stratégique dans l'entreprise internationale dont elle est issue : directrice commerciale. Tout se passe pour le mieux pour elle, jusqu'au jour où son directeur annonce son départ, remplacé par Karl, un homme impitoyable, aux pratiques managériales douteuses.

La jeune femme nous décrit sa descente aux enfers progressive. Rabaissement, sexisme, manque de confiance, dévalorisation… toutes les excuses sont bonnes pour que Karl s'en prenne à Kikka. Ce dernier, la voyant pourtant clairement amoindrie, abattue, confuse et vaincue par ses allégations douteuses, continue le vice jusqu'à la traîner plus bas que terre. « Je ne te pensais pas si fragile », va-t-il jusqu'à lui dire, non sans ironie. Une phrase qui l'a tant marquée, qu'elle l'achèvera totalement. Bloquée dans cette situation plus qu'invivable, elle tente tout d'abord tant bien que mal de l'affronter la tête haute, sans toutefois y arriver totalement. En effet, elle doit jongler entre son travail prenant, sa vie de maman et son rôle d'épouse. Trois casquettes différentes mais au combien importantes, qui demandent toutes un investissement infini, du temps et de l'énergie. J'ai ressenti avec acuité l'intense climat oppressant de son quotidien, qui dénombre de multiples tâches à réaliser en seulement vingt-quatre heures : impossible mais vrai ! Elle nous offre donc un récit émouvant, écrit sans langue de bois, témoignage authentique d'une expérience glaçante de toxicité et d'harcèlement professionnel.

Finalement, inexorablement, Kikka tombe dans une dépression profonde, qui s'est familièrement étendue ces dernières années sous le terme de « burn out ». Un environnement de travail trop stressant, qui mène à un épuisement professionnel tel qu'il atteint aussi bien le physique, le mental que l'état émotionnel. Obligée de se mettre en arrêt maladie prolongé, Kikka va intégrer une clinique spécialisée, dans laquelle elle restera plusieurs longues semaines. Un répit bienvenue, essentiel même, seul moyen de réussir à se sortir de cette spirale infernale dans laquelle elle a été volontairement plongée. Parler de ce phénomène, c'est le reconnaître comme réel, c'est sensibiliser aux symptômes, aux conséquences et aux solutions qui existent pour s'en sortir. Car oui, ce genre de situation peut arriver à n'importe qui, à tout moment. Il faut en prendre conscience pour pouvoir le contrer s'il se présentait.

Kikka n'est pas la seule victime de Karl. Bon nombre de salariés se sont vus obligés de démissionner de leurs fonctions, tant l'ambiance était devenue oppressante et les exigences du nouveau patron toujours plus déconcertantes. Seulement, pour prouver ces méfaits, peu se sentent le courage de lever le poing, de se battre, de pointer du doigt et d'oser affirmer les dysfonctionnements réels de l'entreprise. Notre auteure fait partie de ces rares personnes assez courageuses pour réagir et faire bouger les choses. Je l'admire d'avoir su combattre alors qu'elle était au plus mal. Comme nous le découvrons dans ce témoignage, bon nombre de ses (anciens) collègues n'auront pas la force nécessaire pour se soulever, ou du moins, l'audace d'aller à contre-courant de la direction, de peur de se tirer une balle dans le pied, avec la possibilité de perdre son travail. Je suis assez partagée face à ce comportement : je comprends leurs craintes et leur situation bancale, mais face à tant d'injustices, il faut quand même se lever et oser rétablir les faits. Ils sont à la fois raisonnables mais lâches.

Un témoignage criant de vérité sur les réalités du monde du travail, du management toxique et du harcèlement professionnel, qui mène inexorablement à un burn out ; une dépression physique, mentale et émotionnelle profonde. Lucide et émouvant !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Clotilde, la narratrice à la première personne de cette autofiction, est convalescente dans une institution psychiatrique lorsqu'elle entreprend, dans un récit rédigé pour des raisons thérapeutiques, de parcourir les étapes du harcèlement professionnel dont elle a été victime au sein de l'entreprise où elle occupe le poste de directeur commercial, et qui l'a conduite là où elle se trouve.
Dans une alternance bien menée entre les deux contextes spatio-temporels, le texte est construit de façon classique en trois phases : une « anabase » qui, dans les chapitres 2 à 4, décrit l'expérience entrepreneuriale précoce et les invariables succès personnels, professionnels, familiaux de la protagoniste, notamment dans l'entreprise qui sera le théâtre du drame ; une « catabase » où se déroulent les actes et les conséquences de son burn-out provoqué par la survenue d'un manager toxique, Karl qui, acharné à sa chute, provoque méthodiquement sa destruction psychique ; une « palingénésie » qui, dans les quatre derniers chapitres – à partir du 12 : « Sortir des décombres » –, narre le processus de sa guérison en même temps que le déroulement de l'action légale qu'elle initie pour la reconnaissance des préjudices subis.
Au cours de ces trois parties, au-delà de la trame des événements, l'on constate une considérable métamorphose du personnage de Clotilde, c'est-à-dire une prise de conscience de soi, du fonctionnement de son entreprise et, par-delà, une vocation à dénoncer des dysfonctionnements plus communs et structurels propres à un certain management actuellement en vigueur.
La Clotilde de la première partie, pour le dire crûment, est un personnage tellement chevillé à la doxa idéologique du succès qu'elle résulte carrément odieuse : tout semble lui réussir sans difficulté, jusque dans la sphère privée – mari riche et séduisant, filles merveilleuses, « maison en meulière de 1890 située sur le flanc d'un coteau », réconfort de la foi chrétienne, sans oublier le chien (pour paraphraser J. K. Jerome), tous les signes de la réussite professionnelle et matérielle permettant son identification au rôle de « Wonder Woman »... La reconstitution ex post de ce paysage idyllique sert sans doute la fonction de souligner, peut-être de façon presque caricaturale, l'importance de l'action dramatique comme catalyseur de la prise de conscience. Néanmoins, dans ces pages, même le style semble légèrement plus immature, sur-adjectivé, comme issu de la pratique d'ateliers d'écriture à visée littéraire : les images sont convenues et l'adhésion de l'héroïne aux « valeurs sociales partagées » est inconditionnelle.
Commence-t-elle à desceller ses yeux lorsque, à l'occasion de « l'impressionnant séminaire » annuel organisé aux Pays-Bas par la maison-mère, l'ostentation du credo religieux de sa hiérarchie entrepreneuriale eût pu entre comprise comme hypocrisie, fumisterie, poudre aux yeux ? À peine.
La réaction d'une dirigeante ambitieuse et totalement acquise aux idéaux productivistes soumise au rabaissement, au dénigrement, à la diffamation, à la placardisation et enfin à mille et une formes d'humiliation passe-t-elle nécessairement par un redoublement de ses efforts et de sa motivation à la tâche, dans une spirale mortifère qui la conduit à l'épuisement et à la perte de toute capacité d'autodéfense ? L'issue de cette chute ne peut-elle être autre que la dégradation de la santé physique et psychique, pouvant mener jusqu'au suicide, à cause de l'abandon de toute estime de soi ? S'accompagne-t-elle forcément de l'isolement dans le milieu professionnel et enfin de la trahison de bon nombre de ses collègues ?
En tout cas, le parcours de la catabase de Clotilde est décrit de façon très crédible au fil des pages, dans lesquelles le pathos qui eût été facile dans un déroulement chronologique est évité par les allers-retours entre les lieux de prise en charge psychiatrique et les remémorations des épisodes traumatiques, entre les cauchemars qui sont peut-être même des hallucinations (le doute est habilement entretenu en créant des interstices d'incohérence dans la parole de Clotilde) et la reprise de pied durant la convalescence, ponctuée par les rencontres avec les membres de sa famille, ses proches, les soignants, les autres patients, enfin les avocats ; ainsi s'enchevêtrent deux dynamiques émotionnelles inverses : celle des affres d'avant, celle des espoirs de l'après.
Dans la troisième partie, nous faisons connaissance avec une Clotilde animée d'une lucidité saine et réaliste, qui est contrainte de se remémorer les employés qu'elle a elle même licenciés parfois à la demande de son ancien supérieur, qui a compris et appris à faire face autant à ses failles de toujours, à ses vulnérabilités qui ont permis à son agresseur de l'atteindre, qu'à ses capacités de réaction, sans doute plus limitées qu'une abstraite lutte contre l'Injustice, voire même qu'une concrète mise de son persécuteur hors d'état de nuire, mais néanmoins bien réelles, sous forme de recouvrement de sa dignité et d'une démarche pédagogique envers le lectorat qui ne serait pas encore sensibilisé à la problématique de la souffrance au travail, qui fait encore l'objet d'une épaisse omerta. Parallèlement, on peut donc assister à une maturation de l'écriture dès lors qu'elle cesse de n'être qu'outil thérapeutique personnel pour se convertir en témoignage à usage d'autrui.
Je remercie donc Babelio ainsi que les éditions Eyrolles de m'avoir fait découvrir cet ouvrage en avant-première.
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Avant tout, je tiens à remercier Babelio, les éditions Eyrolles et Kikka l𠆚uteure pour l𠆞nvoi de ce livre en avant première.

Ce roman aux allures de témoignage s’ouvre sur la définition du mot Burn-Out qui selon l’OMS correspond à un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition à des situations de travail émotionnellement exigeantes.

Puis, démarre le premier chapitre qui plante le décor avec un champ lexical très évocateur :
Anéantie, enfermée, encerclée, traquée, ensevelie, torture ... Voici comment Clotilde, la protagoniste principale de cette auto fiction nous fait partager dés le départ l’univers de son bureau juste avant son internement à l’hôpital psychiatrique où elle essaiera de reprendre pied suite à un burn-out.
Clotilde est directrice commerciale chez Bike Wick où tout se passe bien pour elle jusqu’à l𠆚rrivée de son nouveau supérieur hiérarchique prénommé Karl.
Dès sa prise de fonction, Karl va assoir son pouvoir sur Clotilde en lui faisant subir brimades, injonctions, remarques désobligeantes, lui imposant un rythme de travail infernal, la sommant de rendre des comptes sur chacun de ses faits et gestes au sein de l𠆞ntreprise, en la dépossédant de certaines fonctions, allant même jusqu’à s’immerger dans la vie privée de Clotilde.

Le roman est construit en 3 parties bien distinctes
L𠆚scension de Clotilde suivie de son effondrement et enfin sa reconstruction.
On navigue par alternance de chapitres entre l’hôpital psychiatrique et les locaux de l𠆞ntreprise dans lesquels Clotilde va puiser ses souvenirs afin de les coucher sur le papier.
L’écriture étant devenue pour Clotilde un moyen d𠆞xorciser ses démons.
J𠆚i trouvé ce livre intéressant car il démontre bien le procédé insidieux, insinueux et sournois utilisé par les managers de manière à générer chez le harcelé des doutes quant au fondement du harcèlement.
Et puis surtout, il est le témoignage qu’il est possible de se sortir de ce genre de situation, que rien n𠆞st jamais figé.
Ne jamais baisser les bras, mesurer l’importance de la famille qui nous sert de piliers et se battre jusqu𠆚u bout afin de sortir le nez de l�u. Pas toujours facile mais réalisable.
Un livre qui permettra à beaucoup d𠆞ntrevoir une issue positive alors qu’ils se pensent peut-être coulés.
Un livre qui, de par son thème m𠆚 rappelé l𠆞xcellent «  Elle le gibier » d’Elisa Vix que j𠆚vais lu en mai 2019.
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Le harcèlement au travail, est une réalité... un patron, supérieur pourri qui gâche votre vie, votre confiance en vous, beaucoup plus fréquent qu'on ne le pense.
Un livre d'utilité publique.
Quand la pression, les critiques et même les mensonges arrivent au travail. Qu'elles vous font tomber au plus bas et que l'on pense qu'il n'y a pas moyen de s'en sortir, ce livre peut aider à retrouver du courage.
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Le thème de la souffrance au travail a cessé d'être tabou et quand la parole se libère, force est de constater que le monde du travail est tout aussi impitoyable qu'à l'époque de la révolution industrielle au 19ème siècle et que, bien que les violences aient changé de forme, toujours plus de salariés sont victimes d'agissements pervers de la part de leur hiérarchie ou même de leurs collègues. L'impact psychologique du harcèlement est si fort qu'il conduit les victimes à culpabiliser, puis à se dévaloriser et enfin à sombrer dans une souffrance insondable qu'elle soit physique ou psychique.
A l'heure où la généralisation du télé-travail désanctuarise le domicile et tend à rendre floues les limites de l'espace professionnel et du temps de travail, il est urgent que des voix puissent s'élever pour dénoncer les ravages de la souffrance liée à l'exercice de l'activité professionnelle.
Dans ce roman largement autobiographique Kikka nous fait partager son calvaire d'executive women confrontée au changement de direction de l'entreprise au sein de laquelle elle s'est pleinement investie des années durant. Peu appréciée par son nouveau boss, elle se lancera à corps perdu dans le travail dans l'espoir de prouver sa valeur, mais ce sera en vain. Les vexations et remarques succèderont aux reproches déguisés, elle sera mise sur la touche et peu à peu, ses amis et collègues se détourneront d'elle. Harcelée sans relâche elle finira par craquer et c'est dans une clinique psychiatrique qu'elle trouvera le courage de se reconstruire dans le calme et le silence avant de regagner son foyer.
Décryptant pas à pas les étapes de sa chute vers le burn-out, Kikka espère que son témoignage pourra faire prendre conscience aux victimes de harcèlement de la nécessité de se préserver et de se défendre.
Le harcèlement est sanctionné judiciairement bien entendu mais la saisine du Conseil de Prud'hommes peut s'analyser en un parcours du combattant tant les délais sont anormalement longs pour que l'affaire soit jugée. Cela ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras car souvent le salarié a gain de cause et le procès a une valeur cathartique qui restaure le plaignant dans sa dignité.
Au fil de ma lecture je me suis quand même étonnée que les solides tuteurs de résilience qui entouraient Clotilde , une famille unie, un mari compréhensif et adorable, une foi partagée et une église au sein de laquelle elle était bien investie, n'aient pas été suffisants pour lui éviter la dégringolade. Mais il est vrai que l'individu est de plus en plus "condamné " à un fort investissement professionnel et qu'une mise en retrait peut être considérée comme un aveu d'échec , ce qui n'est pas toujours facile à vivre.
Espérons que ce témoignage puisse aider les lecteurs qui vivent des situations similaires à réagir quand il est encore temps et à se protéger des personnes toxiques.
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C'est difficile de porter un jugement sur ce genre d'ouvrage. D'abord parce que la thématique est douloureuse et très personnelle de toute évidence. Il s'agit plus d'un partage, d'une revendication, d'une dénonciation que d'un roman de fiction. Je ne peux qu'être solidaire de la démarche, je vais donc essayer d'être impartiale sur les critères que je juge en second lieu. Des détails (et je souligne l'importance du mot détail) qui m'ont un peu chiffonnés ou interrogés.

Tout comme Clotilde, le personnage, j'aurai une tendance à me croire suffisamment forte pour surmonter, lutter et abattre les rencontres toxiques à l'image du Directeur auquel elle a du faire face mais pour avoir vu ma mère, mon ancienne supérieure, elle-même très forte psychologiquement, et pour avoir subit des traitements similaires (bien que moi graves et moins longs), pour avoir expérimenté la lâcheté des collègues qu'on pensait être des amis, l'incompétence des RH, des délégués du syndicat... Je sais qu'on peut sombrer. Toutes les "critiques" que je vais donc énoncer sont dénuées de tout jugement, ce sont simplement des réflexions internes auxquelles j'espère trouver des réponses durant la rencontre qui doit avoir lieu ce soir avec l'autrice. En attendant...

Comme souvent quand je lis, je fais des annotations au fur et à mesure de ma lecture. Au bout des trois premiers chapitres je suis plutôt indécise : des signaux d'un possible burn-out étaient déjà présent avant même l'arrivée de cet enflure de Karl. Clotilde, bien que forte et débrouillarde, inventive et pleine de vie, donnait beaucoup trop d'importance à trop de choses qui n'étaient pas elle à mon sens. le boulot, le regard de ses filles. Combien de personnes se perdent dans leurs objectifs professionnels et familiaux ? Je ne dis pas que c'est mal en soi d'avoir de l'ambition, des projets et de l'amour pour sa famille, je dis simplement que la culture nous tend à en faire les objectifs primordiaux de toute notre vie (surtout la famille pour les femmes) nous sommes tellement bien conditionné.es que nous oublions qu'il y a d'autres sources d'accomplissement, de réussite et de richesse dans la vie.

Autre chose que je note et dont j'ai eu du mal à voir la pertinence tout au long du livre c'est la place de la religion au milieu de tout ça. Ça doit beaucoup compter pour l'auteure et je ne remets pas en cause ses croyances, pas plus que je ne la juge mais ça m'a un peu gênée, ça ne s'explique pas. Ou plutôt si, dans la mesure où je suis athée, ça peut se comprendre. Elle défend toutefois son attachement à l'entreprise parce qu'elle prône ouvertement des valeurs chrétiennes, jusqu'à réciter le bénédicité avant les repas lors des rencontres annuelles. C'est rassurant de voir que l'auteure trouve que c'est un peu trop et qu'elle avoue qu'elle l'aurait perçu bien différemment, plus agressif, si elle n'était pas de la même confession...

Elle se laisse vraiment happer par l'ambiance qu'elle appelle pourtant plusieurs fois "sectaire" et "traditionaliste" rien que ça moi ça me hérisse les poils de bras.

À ce stade de la lecture je tiens quand même à dire que la narration est excellente, en tant que lecteur on angoisse de l'arrivée de ce nouveau directeur et de sa cravate bleue canard.

Pour ce qui est de Jérémy, je ressens beaucoup de frustration sur cette "intrigue secondaire" j'ai du mal à comprend qu'on puisse passer par des intermédiaires plutôt que de s'adresser à un ami d'enfance... Il n'y aura pas vraiment de conclusion, c'est une trahison à peine expliquée, je ne sais pas comment j'aurai réagit à la place de Clotilde. C'est toujours facile de donner son avis quand on a du recul sur une situation et pas d'implication émotionnelle mais de se pencher sur le cas de Jérémy avant aurait tellement aidé. Après on a juste envie de le buter donc c'est pas très constructif ahah.

J'ai relevé une autre citation (la seconde) qui déplore l'univers masculin qui l'empêche de parler de la journée de rentrée des classes "si particulière pour les mamans" moi je pense que le problème ce n'est pas qu'elle ne puisse pas en parler, c'est que les hommes ne se sentent pas concernés eux-mêmes par les grandes étapes de leurs enfants, ça fait partie intégrante du monde à changer à mon sens.

La descente aux enfers est implacable, apparition du travail dans la vie privée jusqu'à prendre toute la place. L'investissement hallucinant et le manque total de reconnaissance. Où sont passées les magnifiques valeurs n'est-ce pas ? Même en vacances on ne la laisse pas en paix.

Au fur et à mesure de la lecture j'ai des souvenirs de comportements similaires qui remontent : dissimulation, insultes, manipulations. Ça fait froid dans le dos. le manque complet d'empathie des contres-pouvoir, le regard fuyant des collègues plus ou moins proches...

La fin du roman n'est pas sans me faire penser à She Said, à ce qu'ont dénoncé les journalistes : on vit dans un système qui favorise la continuité des exactions, on s'arrange "à l'amiable"
Les rouages sont extrêmement bien décrit, le témoignage/roman est glaçant et on voit comme on peu facilement chuter. C'est un livre qui peut faire du bien à ceux qui ont vécu une situation similaire ou qui le vivent.

Question pour l'autrice :
- "Est-il plus important de réussir ta vie ou de réussi dans ta vie ?" Est-ce que je comprends bien ce que je crois comprendre ? (Cf début de ma critique)

- Jusqu'à quel point c'est autobiographique ? C'est un peu flou, ce roman aux allures de journal avec une mise en contexte si précise laisse plutôt présager des expériences retranscrites fidèlement... D'autres victimes ont-elles abreuvé la réflexion ? REPONSE : elle a confirmé que c'était beaucoup de morceau d'expérience de sa vie, qu'il n'y avait pas eu d'autres participants au travail d'écriture.

- Jérémy : est-ce que c'est une expérience vécue ? Si oui, comment on arrive à faire le deuil d'une telle trahison ?
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