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Critique de Fabg44


Ce livre publié pour la première fois en 1983 pour cette version est une adaptation du conte de Charles Perrault, publié en 1697, par l'illustrateur Roberto Innocenti. L'histoire de ce conte de fée est transposée dans les années 1920 en Angleterre. Elle raconte le mariage entre un gentilhomme et une femme hautaine qui avait deux filles du même caractère. Quant au gentilhomme, il avait une fille douce et bonne, Cendrillon. La belle-mère détestait Cendrillon et lui donnait toutes les corvées à faire. Elle vivait dans un grenier, loin du luxe de ses deux demi soeurs et quand bien même elle était seulement vêtue de haillons, elle était plus belle que celles-ci .
le Prince donna un bal auquel furent conviées les deux soeurs mais pas Cendrillon qui dû s'occuper de les habiller et les coiffer. Face aux pleurs de Cendrillon déçut de ne pas aller au bal, sa marraine, la fée changea avec sa baguette magique une citrouille en carrosse, six souris en six chevaux, un rat en cocher et 6 lézards en laquais. Elle transforma les habits de Cendrillon en vêtements d'or et d'argent, incrustés de pierreries avec des pantoufles de verre. La condition sine qua non pour que le bal ne vire pas au cauchemar est de revenir avant minuit. À peine arrivée, elle est tout de suite remarquée par par le prince pour sa beauté et l'invité à danser. Elle partit à onze heures trois quart pour retrouver sa marraine.

Dans cet album, l'illustration joue un rôle primordial. En effet, l'illustration occupe soit une page entière et le texte est placé en regard de l'image, soit l'illustration est en double page et le texte s'insère discrètement dans l'image. le choix est fait de bien délimiter le texte et l'illustration par un cadre à fond blanc. le texte est davantage là pour comprendre le dessin que l'inverse tant les illustrations prédominent.
La primauté est donner à l'image sur le texte car l'illustrateur veut faire passer sa vision du conte. le choix fait par Roberto Innocenti de ne pas reproduire les images d'Epinal qu'on a tous en tête de la princesse Cendrillon véhiculées par Walt Disney. Ici, point de princesse du XVII ème siècle, ni d'animaux qui parlent. le choix est de placer l'intrigue au coeur de l'Angleterre des années 1920, l'ambiance au château se rapprochant plus de Gatsby le Magnifique que d'un bal à la cour de Louis XIV.
Il donne sa vision du conte, sa version de l'oeuvre comme un metteur en scène le ferait d'un classique de Molière. Il remet en scène le récit. le texte ne change pas mais le décor si. Il intègre ainsi des monuments londoniens et fait à plusieurs reprises des clins d'oeil à des personnalités comme la reine Victoria ou le prince Charles. Il utilise différents procédés cinématographiques comme la plongée et la contre plongée. Pour la scène du mariage, il se détache de l'illustration en couleurs pour une illustration en noir et blanc, donnant l'impression d'une photographie de la cérémonie qui serait collée dans un album photo.
Toutes les illustrations sont à mettre en relation avec le texte en face mais Innocenti rajoute tout au long du texte et surtout à la fin, sa vision de Cendrillon. Alors que traditionnellement les contes de fée se finissent bien, on s'attend alors à voir une Cendrillon heureuse. Ici, c'est tout le contraire, on voit Cendrillon assise sur un fauteuil durant un triste après-midi d'hiver même le décor est triste et les fleurs sont fanées. Elle tient dans sa main son album photo tandis qu'elle fume et qu'elle boit et que déjà plusieurs bouteilles sont vidés à ces pieds. On est loin ici de la romance de Cendrillon. Cette dernière image nous fait réfléchir et s'interroger pour savoir si la beauté et la richesse suffisent pour être heureux. le fait de transposer le récit à une autre période, ici les années 1920 (visible par l'électricité, les voitures), montre que ce conte et l'histoire racontée est intemporel.
L'auteur s'amuse à mettre en relation les vignettes entre elles. Ainsi, l'image de la page 11 renvoie à la vignette de la page 1, on voit ce que voit Cendrillon depuis sa fenêtre. Ce parallèle est visible par la vitre brisée et le corbeau. L'image page 19 renvoie à la couverture. L'illustrateur fait preuve de beaucoup d'humour tout au long du récit, pour le dessin du bal, on peut voir une bouée de sauvetage attachée à la rambarde. le laquais visible à la page 19 a une tête de lézard. Sur l'image de la page 22, il dessine un paon, allusion à la cour que mène le prince. Sur l'image en double page, on peut voir une statue avec un parapluie et un dalmatien dans sa niche renvoyant à Walt Disney. Sur la photo de mariage, on peut aussi remarquer la présence de Charlot en policier.
Cette version du conte est destinée à la fois à un jeune public et à un public plus âgé. Les illustrations donnant encore plus de force au récit en le modernisant. On peut remarquer dans ces illustrations la grande précision du trait, un sens de la composition et un grand luxe de détail et l'influence du cinéma et de la photographie. Roberto Innocenti parvient grâce à ces dessins à recréer une atmosphère. D'ailleurs, il utilise principalement des couleurs froides et des teintes comme le marron ou le gris alors que dans l'imaginaire collectif, on a plutôt tendance à imaginer Cendrillon, le conte avec des couleurs chamarrées. Il se place donc ici dans une perspective réaliste et ne cherche pas à enjoliver le récit. Par ces dessins, il veut sortir les enfants de leur posture de spectateurs passifs. Ce travail de ré interprétation des classiques de la littérature est important chez lui, outre Cendrillon, il revisite le Pinocchio de Carlo Collodi ou un Chant de Noël de Charles Dickens ou le Petit chaperon rouge. Ce texte fait d'ailleurs parti de la collection "il était une fois ..." qui revisitait les textes classiques par des grands illustrateurs.
L'intérêt de cet ouvrage est de proposer un nouvel éclairage sur ce conte grâce à la beauté des illustrations
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