« Saviez-vous qu'il était possible de s'asseoir devant un écran ou une feuille de papier et de changer le monde ? »
Bien sûr
Billy Summers de
Stephen King – traduit par
Jean Esch - est un polar, un thriller, un roman noir en mode road trip sanglant, reprenant la trame connue du « dernier coup ». Un dernier assassinat que doit commettre Billy, tueur à gage d'élite, avant de se ranger. Un dernier contrat qui ne va pas se dérouler comme imaginé durant les nombreuses semaines de préparation.
Mais
Billy Summers est surtout une ode à l'écriture, celle qui sauve, celle qui éveille, celle qui révèle l'autre côté du miroir, l'autre monde des possibles. Et c'est là, quand Billy écrit et raconte son parcours, de l'enfant martyr au GI piégé dans l'enfer de Falloujah, que King est le meilleur. Ou quand il évoque
Faulkner, Capote ou
Zola.
Parce que pour le reste, je ressors peu convaincu de ce pavé d'un auteur que j'avais réussi à éviter jusque-là, persuadé qu'on pouvait prétendre connaître – un peu - la littérature US sans avoir lu King. L'horreur et le fantastique ne m'attiraient pas. Mais ce tournant thriller annoncé m'avait appâté.
Sauf que je n'ai pas adhéré au style et à ses longueurs. Sauf que je n'ai pas adhéré à la complexification grandissante et un peu artificielle de l'histoire au fil des pages. Et surtout, je suis resté très éloigné de cette « morale » du talion qui guide Billy et Alice dans leur fuite vengeresse, deux personnages faussement empathiques, au raisonnement un peu court.
« - Je serai heureuse de savoir qu'il souffre. Ce qui fait de moi une méchante.
- Non, ça fait de toi un être humain, répond Billy. Les méchants doivent payer. Et le prix est parfois élevé. »
Ah bon…