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sur 1686 notes
Billy Summers est un ex-tireur d'élite reconverti en tueur à gages… mais un gentil qui n'accepte que de tuer des vrais méchants. Avant de partir à la retraite, le sniper vétéran de la guerre en Irak accepte un dernier contrat particulièrement lucratif qui l'oblige à se faire passer pour un écrivain, tout en s'intégrant à la population locale de Red Bluff en attendant de pouvoir éliminer sa cible. Se prenant volontiers au jeu, il décide d'ailleurs de tuer le temps en écrivant sa propre autobiographie…

À mon grand bonheur, le maître de l'épouvante délaisse donc le surnaturel afin de nous servir un roman noir qui tient en haleine de la première à la dernière page. Alors certes, ce scénario reprenant la trame du « job de trop », ce fameux « dernier coup » condamné à foirer, est assez classique et pourrait facilement se transformer en mauvais film interprété par Steven Seagal… sauf que c'est Stephen King (« 22/11/63 ») aux manettes. L'écrivain américain a non seulement l'art de planter une ambiance et de servir des personnages particulièrement attachants (même quand leur métier consiste à tuer des gens), il s'avère surtout un narrateur hors pair.

Le lecteur a d'ailleurs droit à deux conteurs pour le prix d'un car le personnage principal entrecoupe régulièrement le récit concocté par Stephen King pour nous raconter sa propre histoire, de cet événement marquant qui a bouleversé son enfance à ses années en tant que tireur d'élite durant la guerre en Irak. En imaginant un tueur à gages, aspirant écrivain et fan de Zola, Stephen King partage non seulement son amour pour l'écriture, mais également ses doutes concernant la pertinence de la guerre du Golfe ou son aversion envers le « trumpisme ».

Puis il y a cette jeune femme nommée Alice, qui vient vite confirmer notre attachement envers ce tueur à gages qui se targue d'avoir une éthique et qui transforme progressivement ce « dernier coup » en road-trip à travers les États-Unis. Malgré quelques clins d'oeil à ses autres romans, tel que l'hôtel Overlook dans « The Shining », Stephen King livre donc un polar dépourvu de fantastique et d'horreur, rendant hommage à la littérature et étalant tout son talent de narrateur !

Si, comme moi, vous êtes allergique au surnaturel, mais adorez le roman noir à la R. J. Ellory, n'hésitez pas et foncez !
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Le petit dernier de Stephen King se lit passablement bien. Les personnages sont sympathiques. le scénario aussi.

Pas de fantastique, pas d'horreur, peut être un petit coup de presse au niveau psychologique, mais à peine.

On reste sur un roman très plaisant à lire, mais on est loin de ce qui a fait le succès du maître. On est ici dans un thriller lambda pour moi.

Quelques longueurs quand même, mais cela est typique a l'auteur.

J'ai apprécié les quelques piques a l'ancien président américain, ses références a Shinning, enfin ça aussi ça fait partie de la marque de fabrique de Stephen King.

Pour résumer une lecture plaisante, mais sans rien de transcendant.
Alors bien évidemment, malgré mes déceptions, et le fait que j'attends toujours beaucoup de cet auteur, cela reste du King, et lirai bien sur ses prochains romans avec attention et plein d'attente.
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Alors qu'à quarante-quatre ans il est bien décidé à raccrocher, Billy Summers, ancien tireur d'élite des Marines qui a servi en Irak avant de devenir tueur à gages dans la vie civile, accepte un dernier contrat, celui que son expérience et son instinct lui font pourtant pressentir comme « le coup de trop ». C'est qu'il y a deux millions de dollars à la clef, et puis la cible est l'un de ces méchants, nuisibles à la société, auxquels, conformément à son code d'éthique personnel, il restreint strictement son champ d'action. Il s'installe donc docilement dans la nouvelle identité prévue pour lui : un écrivain débutant, venu chercher le calme entre un modeste pavillon de banlieue et un bureau en centre-ville surplombant le palais de justice dont les marches serviront, le moment venu, de théâtre des opérations. On s'en doute, les imprévus vont s'en mêler, et les grains de sable initiaux se transformer en gros cailloux...


Peut-on rendre sympathique un homme qui gagne sa vie en assassinant des gens ? C'est ce que réussit Stephen King avec son personnage si bien campé dans ses complexités qu'il finit par transfigurer une intrique ouverte sous les auspices les plus classiques. Usant de la tactique du roman dans le roman grâce à la couverture d'écrivain qui, assez facétieusement mais pas sans danger pour lui, mène en réalité Billy à se montrer sous son jour le plus authentique – fin lettré, lecteur de Thérèse Raquin dont la référence accompagne d'un bout à l'autre le récit pour mieux souligner le poids de la mauvaise conscience qui fait du crime un calvaire, le sniper s'astreint ordinairement à une apparence d'homme de main un peu limité, destinée à endormir la paranoïa de ses commanditaires –, King déroule le suspense de son action principale tout en laissant son héros dévoiler lui-même son histoire et ses failles au rythme de l'écriture de ses douloureuses réminiscences.


Et si l'on n'y croise aucune horreur fantastique relevant de l'univers habituel du maître de la terreur surnaturelle, c'est quand même toujours l'angoisse et l'effroi les plus intenses que, dans un ample et lent crescendo pleins de surprises mais aussi d'émotions, l'écrivain distille au rythme de ses phrases sèches et crépitantes. Simplement, elles se nourrissent de monstruosités ordinaires qui, en toute impunité, prolifèrent dans une Amérique que les mentions à Trump et au Covid-19 ancrent bien dans notre actualité : mafia, crime, viol, pédophilie…


Gentil qu'à son corps défendant de vrais méchants ont conduit à endosser un rôle dont sa conscience n'arrive pas à se convaincre qu'il n'est que faussement semblable au leur, Billy tente de conjurer ses fantômes en défendant, quand l'occasion s'en présente, ces innocents dont il ne peut plus goûter la vie paisible que le temps d'une identité d'emprunt dans un quartier modeste de l'Amérique moyenne. Mais, dans sa poche, Thérèse Raquin est là pour nous le rappeler : jamais crime commis ne s'efface… Coup de coeur.

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Que ceux qui ne lisent pas Stephen King, et jugent son oeuvre sans la connaître, jettent un oeil curieux sur Billy Summers. Ils seront surpris de découvrir un des innombrables pans du talent protéiforme du King.

Même quand il s'attaque au roman noir (il cite des références comme Jim Thompson et Elmore Leonard en interview), son talent éclabousse chaque page. Et sa manière de raconter des histoires se reconnaît entre mille, quel que soit le genre auquel il s'adonne. Qu'importe l'étiquette…

Voilà un roman à plusieurs niveaux de lecture. En surface, une histoire de tueur à gage pour laquelle King joue la partition du dernier job, celui de trop, celui qui ne tourne pas du tout comme imaginé. Où le tireur devient la cible.

Mais pas que. En filigrane d'abord, puis de manière de plus en plus présente, pressante, il nous décrit le pouvoir de l'écrit.

Et en couche additionnelle, il rajoute un énorme supplément d'âme, par la rencontre inattendue de deux solitaires que rien ne devait se faire croiser. Liés à la vie à la mort.

L'écrivain américain joue d'abord avec une vision assez manichéenne des relations pour mieux creuser ensuite, comme souvent, arrivant très rapidement à ce que le lecteur entre en empathie avec un meurtrier, à ce qu'il le trouve éminemment sympathique, lui qui a toujours eu comme règle du « métier » de ne flinguer que des salauds. Ça n'empêche pas ce personnage d'avoir une vision très réaliste de lui-même.

Son dernier contrat va l'obliger à travailler sous couverture. Celle d'un écrivain débutant qui s'installe dans un quartier populaire paisible pour y séjourner, et dans un immeuble de bureaux anonyme pour écrire. Mais, quand on n'a rien d'autre à faire qu'attendre le moment propice, on peut être tenté de vraiment jouer le jeu de sa fausse identité.

Stephen King joue alors avec sa marotte, l'écriture. Billy Summers se met donc à écrire son passé. Avec, au départ, la maladresse et la fraîcheur de l'auteur débutant. Un nouveau personnage d'écrivain qui permet à King de revenir aux sources, mais aussi de proposer une variation différente de son obsession.

Car, pour une fois (c'est presque inédit chez lui) l'écriture se révèle vite comme une thérapie pour le personnage, un bienfait, et non une malédiction. Même quand on doit coucher les atrocités d'une enfance terrible et d'un passage à la vie d'adulte éprouvant (Summers est un ancien de la guerre en Irak et souffre d'un évident stress post-traumatique).

Cette strate-là, King nous l'annonce dès la toute première page, avec un hommage appuyé à… Thérèse Raquin de Zola. Une dédicace qui reviendra à plusieurs reprises dans le roman, pour mieux souligner le pouvoir des livres.

Mais revenons à l'aspect « polar ». Clairement addictif, sacrément bien mené. Et qui montre à quel point King maîtrise son sujet, même sans utiliser le surnaturel dans l'intrigue. Et nouvelle preuve éclatante qu'il est un incroyable raconteur d'histoires, capable de vous y plonger immédiatement, sans que vous ne puissiez plus lâcher le livre. En une seule page vous êtes dans l'ambiance, en deux vous touchez déjà du doigt qui est le personnage principal. C'est un talent tout simplement inouï.

Ce qui semble s'annoncer comme une énième affaire de tueur floué, de contrat non respecté, de récit maffieux, avec un chemin tout tracé, se révèle pourtant bien plus riche tout au long de ces 550 pages.

L'intrigue est prenante, aucun doute, mais l'accent est vraiment mis sur la qualité et la profondeur des personnages. Avec une rencontre qui va changer le cours de l'histoire de ce Billy.

Par ce biais, comme par celui de l'écriture de la vie de Billy, Stephen King fait passer une foultitude d'émotions. Y instillant des passages éblouissants de lumière, émouvants au possible, dans la pénombre ambiante. Jusqu'à un final magnifique, à en perdre les mots.

Ceux qui sont curieux de l'univers littéraire, celui des auteurs, seront très intéressés par cet aspect du livre. Que ce soit les affres de la création, ou de ce que peut ressentir un écrivain en injectant des parts de lui dans une oeuvre, ou encore concernant le statut d'auteurs aux USA (très différents de ce qu'il est en Europe).

Avec Billy Summers, on sent que Stephen King a adoré jouer avec les codes du roman noir, avec grand respect, tout en racontant à sa manière une histoire passionnante.

Un récit captivant où King fait montre de sa maturité « d'ancien », tout en retrouvant çà et là l'enivrante sensation des premières fois.

Un roman qui a toutes les qualités pour plaire au plus grand nombre, lecteurs assidus du maître ou juste de passage. Pour ces derniers, gageons que ce ne sera que le début d'une aventure commune.

PS : comme petit cadeau, les fans se délecteront des quelques clins d'oeil soutenus à une oeuvre majeure du King.
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Bien loin du fantastique, du surnaturel et de l'horreur, Stephen King nous offre un thriller plus que prenant, mettant en scène un tueur professionnel, anciennement tireur d'élite ayant servi dans les Marines en Irak.
Billy Summers a décidé que ce serait sa dernière mission avant la retraite.
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Loin d'être un tueur ordinaire. Billy ne s'en prend qu'aux très méchants.
Ajoutez à ça que la somme promise est plus que conséquente, et l'affaire est conclue.

Notre héros est plus qu'intelligent; On ne roule pas sa bosse dans sa peau pendant des années sans apprendre à déjouer les pièges et flairer les trucs pas nets, pour ne pas dire suspects.
Mais pour tout "employeur", Billy se fait passer pour un neuneu, histoire de noyer la baleine dans un dé à coudre... et ça marche.
Même qu'il lit Thérèse Raquin, c'est dire...
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Stephen King instille la peur à l'état pur comme très peu d'écrivains savent le faire.
Malgré un rythme relativement lent, la tension monte au fil des pages. C'est intense, c'est prenant, et passée la petite quarantaine de pages qui servent à installer l'intrigue, on est happé et le livre nous est comme greffé aux mains.

Je pensais être à des années-lumière de ma zone de confort, les tueurs à gages, ce n'est pas mon truc du tout et d'un autre auteur, je n'aurais même pas ouvert le bouquin.
Seulement, c'était Stephen King, alors j'ai voulu essayer quand même.
Pas folle, j'ai embarqué mes copines avec moi... courageuse mais pas téméraire.

On s'attache à ce Billy. Vous voyez ces petits nounours dont sont friandes ma Yaya et ma Sandrinette ? Eh bien Billy c'est ça.
Sous un extérieur un peu croquant, on a de la guimauve onctueuse.

Des tragédies humaines, un combat perpétuel entre le bien et le mal (comme dans tous les romans de Stephen King), une réflexion pointue sur la société, qui lui est coutumière aussi.

Peut-on aimer un tueur ? Plonger dans sa tête et s'y trouver bien ?
Estimer que ce qu'il fait est juste, trembler pour lui, avoir le palpitant qui fonce à tout berzingue ?

Beaucoup ont dit que c'était le meilleur roman de Stephen King, même parmi mes proches.
Je serai plus modérée, j'adore quasiment tous les livres de l'auteur, notamment parce que j'embarque dans un voyage très différent à chaque lecture.
Alors le meilleur, honnêtement je ne saurais dire, mais un excellent roman qui renouvelle le genre, qui nous bouleverse, qui nous fait verser quelques larmes.

Je sais que c'est une expression que j'utilise souvent, mais encore un cocktail d'émotions m'a été servi lors de cette lecture, et y avait même le petit parasol multicolore avec la paille.

Un grand merci à mes amies Yaya, Sandrinette, Petite Chouette et Pépette.
C'est toujours meilleur avec vous.
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Je sors mitigée de ce dernier roman de Stephen King, l'histoire de ce tueur à gages qui tue les méchants comme s'il représentait à lui seul la justice et qu'il était en droit de régler ses comptes lui-même. Serait-ce une manoeuvre de l'auteur pour que l'on s'attache à ce héros ? c'est l'idée de départ qui ne me plaît pas, ceci écrit, je n'ai pas non plus de solution pour introduire un tel personnage dans un tel pavé.

Le roman n'en demeure pas moins captivant par certains aspects car le profil psychologique de Billy Summer vaut le coup qu'on s'y intéresse, et Stephen King nous livre une analyse très fine du personnage : un être perturbé dès son enfance par un événement dramatique et qui va apprendre à tuer les méchants en partant combattre en Irak, en devenant tireur d'élite puis tueur à gages.

Personnage double, doué pour se faire passer pour un individu naïf voire stupide, doué pour organiser son action.

Du suspens ? je l'ai trouvé dilué, ce n'est aucunement le suspens qui génère de l'angoisse comme dans la trilogie Bill Hodges, c'est plutôt une attente pour le lecteur : est-ce que notre héros pourra suivre son plan sans difficulté ? que va-t-il se passer ? Cette question se justifie par les nombreux rebondissements qui structurent le récit : un événement vient s'ajouter au déroulement des opérations, et changement d'orientation, recalcul de la part du GPS interne du héros, adaptation à la nouvelle situation, et on poursuit, le récit devient un road trip avec tous les dangers du périple d'une personne en fuite à travers les Etats-Unis.

Un roman très américain si on en juge par les habitudes alimentaires, la gestion des armes, l'état d'esprit des personnages.

On retiendra de Billy Summer, le profil d'un homme gentil et intelligent, sensible aux injustices mais tueur tout de même.

Ce n'est pas le roman de Stephen King que j'ai préféré jusqu'ici, pas assez d'angoisse, trop de questions pour moi, de la longueur parfois, beaucoup de personnages sont je n'ai pas toujours mémorisé les noms et les fonctions.

Je crois que je vais me replonger dans les bons vieux King bien anxiogènes.

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Ce S.K restera sans doute dans mon top 5 de l'auteur, après "La ligne verte", mon indétrônable N°1, et "22/11/63" qui le suit de près. J'y ai retrouvé tout ce que j'aime chez Stephen King, une intrigue axée sur le côté psychologique et le développement des personnages, des descriptions immersives mais pas inutiles ou ennuyeuses, de l'action soutenue mais avec des respirations entre deux passages haletants, bref, j'ai lu ces quelques 550 pages avec avidité et grand enthousiasme. J'aurais aimé en faire un retour très exhaustif, mais comme nombre de babéliotes talentueux l'ont déjà critiqué, et que j'ai énormément de retard dans mes billets (je vais me prendre un avertissement de la bibliothèque, je le sens venir !), je me contenterai d'un petit concentré.

Le personnage de Billy Summers est en même temps complexe et très attachant : c'est un tueur à gages, mais avec lequel on ne peut s'empêcher d'être en accord sur le choix de ses victimes, parce que celles-ci, par contre, sont des nuisibles, des êtres qui ne manqueront pas à grand monde... En quelque sorte, il rend service à la société, même si (fort heureusement quand même), la loi interdit de rendre justice de cette façon-là ! Acceptant un dernier contrat parce qu'il a besoin d'assurer ses arrières avant de se retirer, Billy va se fondre dans la peau d'un écrivain en résidence dans la petite ville de Red Bluff et va devenir pour un temps David Lockridge, ce bon vieux Dave, le plus sympa des voisins dans son nouveau quartier.
Par une mise en abyme ingénieuse, Stephen King va exploiter cette "couverture" en faisant réellement écrire à son personnage un livre sur les souvenirs douloureux de son enfance et de la guerre en Irak. Un bon moyen également de faire passer les sentiments de l'auteur à l'égard de cette période de l'histoire des Etats-Unis... Billy en profitera pour exorciser en quelque sorte ses traumatismes.

Et pour ajouter une dimension supplémentaire, Billy, sous l'identité d'un troisième personnage (la vie de tueur à gages nécessite parfois le don d'ubiquité !) va faire la connaissance d'Alice, jeune fille un peu naïve victime d'un petit ami pervers. Cette rencontre va donner lieu à une belle relation et initier un road-trip jusque dans les Rocheuses, avec au passage un petit clin d'oeil à l'Hôtel Overlook (mais si, vous savez, celui de Shining !).

Un tueur au grand coeur, une jeune femme en perdition, des méchants vraiment haïssables : rien de nouveau sous le soleil, à votre avis ? C'est vrai que les ingrédients sont classiques, mais la sauce King, ça change tout ! Pas un instant je n'ai eu l'impression d'avoir déjà croisé ces protagonistes, pas une seconde je ne me suis ennuyée. C'est prenant, on est complètement dans l'histoire, on a les nerfs à vif à certains moments, et on soupire d'aise quand les choses tournent bien. J'ai vraiment été ravie de retrouver S.K. à son meilleur niveau, malgré ses 75 ans il prouve là qu'il "en a encore sous le capot".

Bravo et merci pour cet excellent moment !

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Billy Summers est un titre qui claque à mes oreilles un peu à l'image d'un film de Quentin Tarentino…Tenez, prenez Jackie Brown et sa musique d'ouverture, Across 110th street de Bobby Womack, voilà le type d'ambiance qui m'apparait à l'évocation de Billy Summers, et ce instantanément. A l'instar du réalisateur emblématique, l'auteur mythique met un personnage, et quel personnage, sous les feux des projecteurs.
Se met en branle aussi la musique d'Eric Serra accompagnant l'irrésistible Léon de Luc Besson, lui aussi tueur à gage au grand coeur dont la rencontre avec une petite fille va bouleverser la vie. Et Billy Summers est une sorte de Léon à l'américaine…Ce parallèle est évident de sorte que je voyais Jean Reno dans la peau de Billy Summers…Et la petite Nathalie Portman aussi dans celle de la jeune Alice…

Références cinématographiques plutôt lumineuses, il faut dire que ce roman fait partie des livres soft du King, rien de gore, rien de surnaturel, rien de monstrueux si ce n'est la monstruosité de la psychologie humaine. Rien de très original non plus, par rapport à l'étonnant Marche ou crève par exemple, ou encore à l'emblématique, et adoré pour ma part, 22/11/1963 dans lequel l'auteur revisitait à sa manière le voyage dans le temps…Mais une structure narrative particulièrement efficace et addictive, la focalisation sur un personnage auquel le lecteur s'attache tout particulièrement et surtout une certaine profondeur sous des apparences simples. L'histoire, au printemps 2019, d'un tueur à gages, « un éboueur armé d'un flingue », ancien tireur d'élite de l'armée des États-Unis, vétéran de la guerre en Irak, dénommé Billy Summers qui ne tue que les méchants, ceux qui le méritent vraiment, autrement dit il est « un type bien qui fait un sale boulot ». Soit.
Mais, à l'image de ce Billy Summers qui fait exprès de se faire passer pour un idiot pour cacher son intelligence à ceux qui l'emploient - être considéré comme tel recèle beaucoup d'avantages et permet notamment d'avoir des coups d'avance- le roman n'est pas seulement un simple thriller comme nous en avons d'abord l'impression, mais aussi, et surtout, un roman social dans lequel l'auteur règle ses comptes avec l'Amérique trumpienne, un drame de guerre, un road trip, une ode à l'écriture et à la littérature.

Pour Billy Summers, il s'agit du dernier coup avant la retraite. Deux millions de dollars à la clé puis il prendra la poudre d'escampette. Il s'agit de tuer un prisonnier, un méchant qui s'en est pris à un collégien de quinze ans, qui détient trop de secrets compromettant, secrets qu'il peut faire valoir afin d'éviter la peine de mort. Il faut donc le tuer avant son procès qui aura lieu dans quelques semaines, voire dans quelques mois. Billy s'installe ainsi dans une petite bourgade du Mississippi au sein de laquelle, pour ses voisins, il se fait passer pour écrivain. Son bureau par ailleurs est situé pile en face du palais de justice, de la fenêtre il pourra atteindre sa cible. Pour les autres personnes qui travaillent dans cet immeuble, il est également un écrivain qui a besoin de s'astreindre à plusieurs heures d'écriture dans un bureau, au calme. L'auteur prend le temps de camper son personnage et de s'immerger dans sa nouvelle identité, se liant avec ses voisins, déjeunant avec les employés de l'immeuble.

Il se trouve que Billy Summers est un passionné de littérature, sa lecture du moment n'est pas moins que Thérèse Raquin de Zola. King semble rendre hommage à l'un des maîtres de la littérature française, révélant sans doute sa fascination pour le naturalisme.
Pour passer le temps et assurer sa couverture, Billy se met vraiment à écrire. Il écrit sa vie à la manière d'un idiot, au cas où son ordinateur est piraté et qu'il est espionné, un peu dans le style de Faulkner dans le bruit et la fureur, se dénommant même dans ce roman Benjy Cobson. Enfance traumatisante, Guerre en Irak atroce, métier de tueurs à gage glaçant, tels sont les ingrédients de ce vrai-faux livre…Se glisse véritablement dans le livre un roman dans le roman, deux romans qui s'entrelacent aux styles et aux tons très différents, prouvant, s'il en était encore nécessaire, le talent de l'auteur américain pour jongler habilement avec les perspectives et les ambiances. La multiplication des identités de Billy Summers est également une foisonnante source de jeu et de connivence avec son lecteur…
Billy Summers, dans cette période de l'attente, dans cette période d'écriture – soulignons d'ailleurs que l'auteur fait un clin d'oeil à Misery avec cette mise en abîme de tueur à gage justicier se créant un personnage d'écrivain pour alibi - va se surprendre lui-même dans sa capacité à se lier d'amitié, dans son envie très forte d'écrire, dans cette vie qui semble enfin germer en lui et faire éclore l'espoir d'une vie autre.

Une fois la mission accomplie, c'est cependant la fuite d'autant plus que quelque chose ne tourne pas rond. Il a l'impression de s'être fait avoir par ses employeurs. Fuite d'autant plus rocambolesque que vient se greffer Alice, une jeune femme dont le drame récent rend vulnérable. le livre se transforme alors en un passionnant road trip à deux où seuls comptent le voyage et les rencontres. Duo touchant et improbable que je vous laisse découvrir…

Dans ce livre, j'ai été totalement sous le charme des images et de leur incroyable puissance évocatrice. Impossible de ne pas garder certaines scènes en tête une fois le livre refermé. Je l'avais déjà ressenti avec 22/11/1963. Me resteront par exemple les souvenirs de parties endiablées de Monopoly par temps de pluie avec les enfants du quartier tout en mangeant des gâteaux faits maison, l'écriture dans la cabane en pleine nature située au fond du jardin de son ami (et ce tableau au-dessus du bureau qu'il ne cesse de retourner, sans doute la seule petite touche fantastique du livre, tel un clin d'oeil)…Ce sont des moments simples mais forts, des moments que nous avons tous vécus et qui évoquent l'enfance, la famille, le confort et la sécurité, cette atmosphère de cocon lorsque les éléments se déchainent au dehors…

Au-delà de l'histoire, ce livre est un véritable réquisitoire contre la peine de mort avec son lot de questions classiques : certains êtres méritent-ils plus que d'autres, du fait de leur « méchanceté », du fait des actes commis, de mourir ? La loi du Tallion est-elle une solution, ne nous rend-elle pas justement inhumains ? Qu'est-ce que faire justice ? Comment est-il possible de s'attacher, en tant que lecteur, à un tueur à gage, certes au grand coeur et aux modus operandi basé sur un certain code d'honneur ? Un tueur, quel qu'il soit, peut-il être « aimable » ? Si le message transmis par l'auteur est flou et paradoxal en la matière, nous sentons sans conteste sa fascination pour cette thématique autour de laquelle il tourne, creusant un sillon se faisant peu à peu cicatrice.


Si j'ai un peu tiqué au début de ma lecture, c'est parce qu'il me semblait que le livre allait être très manichéen, ce tueur à gage ne tuant que les « méchants ». Il n'en est rien, bien au contraire, le livre montre justement que chaque personne n'est ni bonne ni mauvaise mais fait ses choix en lien avec son histoire et sa psychologie, son caractère. Sans être très original, la structure narrative addictive, le livre dans le livre vertigineusement fascinant, le côté paradoxal de la peine de mort décidé par un être profondément humain, et la fin, malheureusement bien prévisible, mais très touchante, tendre et délicate, voilà ce qui fait de Billy Summers un livre inoubliable au flow mélodique très américain, petite musique qui reste en tête, subrepticement, telle une ritournelle entêtante…

Un merci à Sandrine, Doriane, Nicola et Anne-Sophie pour cette lecture partagée !


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Certains diront peut-être que j'ai un coeur de midinette, mais Stephen King a encore réussi à m'émouvoir. J'ai fermé le livre les larmes aux yeux et ce n'était pas la première fois pendant cette lecture. Alors bien sûr, l'histoire n'est pas la plus originale du monde, certains personnages sont des caricatures de ce type de scénarios, mais il y a Billy, mais il y a Alice, mais il y a Bucky. Je les ais aimés ces trois-là, même si ce ne sont pas des enfants de coeur, surtout les deux hommes, même si le King a pris son temps pour nous présenter Billy. il le fallait pour le faire vivre, exister à nos yeux en tant qu'homme et pas seulement chasseur de primes.

Parce que oui Billy est un chasseur de primes, un bon, très bon même. Il a appris dans les marines et s'est longuement exercé en Irak. Expérience irremplaçable dans l'exercice de ce métier, même s'il faut aussi des dispositions naturelles pour devenir le meilleur sniper du régiment. Alors revenu en Amérique, pourquoi ne pas continuer à tuer, et être payé pour. Bien sûr, il ne tuera que des méchants, des vraiment méchants. Cela en fait-il quelqu'un de bien, la question n'est pas simple. Décider que quelqu'un est assez méchant pour devoir être tué, mine de rien, Stephen King nous ouvre avec cette problématique un champ de réflexion immense.

Mais aujourd'hui Billy est fatigué il veut arrêter, prendre sa retraite, Alors un dernier contrat, très bien payé, ça ne se refuse pas, même s'il sent très vite que, pour le dire sans gants : ça pue cette histoire. Des petites choses qui l'alertent, mais sans doute pas autant qu'il le faudrait, parce que Billy, que ceux qui l'emploient pensent un peu demeuré, Billy est un amateur de mots, ceux écrits par d'autres, et ceux que lui commence à écrire. Pensez-donc, pour ce contrat, la période où il doit se fondre dans la population locale, il est censé être un écrivain envoyé dans ce trou perdu par son agent pour terminer son premier livre. Il n'était que censé, mais il va se prendre au jeu et commencer à écrire l'histoire de sa vie. Et cela va le remuer, parce que sa vie n'a pas été un chemin de roses, plutôt plus proche du chemin de croix. Et en revivre certains moments n'est pas facile. Cela va mobiliser son attention, son esprit, peut-être plus qu'il n'aurait fallu.Sans compter les relations qu'il va nouer dans son entourage, qui lui font oublier un peu qu'il est là en attente de cet homme sur les marches du tribunal, cet homme qu'il doit abattre, le dernier ...

Bucky c'est son agent, pas littéraire cette fois, mais agent pour le mettre en contact avec ceux qui ont besoin de ses services, et puis Alice, Alice si fragile et si forte à la fois… Je vous laisse la découvrir….

Je ne suis pas (encore) une grosse lectrice du King, celui-ci doit être le quatrième. Alors je ne vais pas me livrer à des comparaisons. Ce que je sais c'est que j'ai aimé. Après la partie présentation, où l'on voit Billy s'installer dans cette petite ville, nouer des liens, devenir de plus en plus humain à nos yeux, tout en préparant la suite des opérations, partie que j'ai trouvée un petit peu lente, j'ai eu vraiment du mal à quitter tout ce petit monde et à fermer le livre, temporairement.

Il y a en tout premier lieu ces personnages, que l'auteur rend si vivants, si incarnés, si attachants, c'est pour moi le point le plus important du roman. Mais aussi, le scénario, qui effectivement sur la base n'est pas très original, le dernier coup qui va mal se passer et le héros qui va vouloir se venger, mais dans lequel l'auteur s'emploie à déposer les petits cailloux qui viendront après crédibiliser la suite, et auquel il sait insuffler un rythme et une tension qui ne nous laissent plus aucun répit.

Et puis, ce que je connaissais moins de l'auteur, c'est son amour de la littérature et des écrivains. Il y a de belles phrases sur le métier d'écrivain et le pouvoir de celui-ci. Je vous laisse en compagnie du King :
« Saviez-vous que c'était possible ? Saviez-vous qu'il était possible de s'asseoir devant un écran ou une feuille de papier et de changer le monde ? Ça ne dure pas, le monde finit toujours par revenir, mais en attendant, c'est génial. Il n'y a rien de mieux. Car tout se passe comme vous le voulez »
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La tentation de replonger à nouveau et si rapidement dans l'univers de Stephen King s'est faite sentir en voyant la superbe couverture dont la route laisse entrevoir de manière astucieuse deux aspects du livre : le road trip et un récit gigogne.
C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai ouvert ce livre d'une belle épaisseur. Dès les premières pages, il m'a été impossible de ne pas être projetée dans l'ambiance noire de Billy Summers. Loin de l'épouvante ou du fantastique, ce récit joue à la fois sur le roman policier, le thriller, le récit de guerre, le road trip et l'histoire sentimentale.

*
Billy Summers, ancien tireur d'élite dans le corps des Marines et vétéran décoré de la guerre d'Irak, s'est reconverti en tueur à gages. Il fait parti des meilleurs dans sa profession. Malgré tout, il a une éthique : il n'accepte que des contrats où la cible est un vrai méchant.

« Que des méchants le paient pour liquider d'autres méchants ne lui pose aucun problème. Il se voit comme un éboueur armé d'un flingue. »

Avant de prendre définitivement sa retraite, il prépare un dernier coup qui va lui demander de se couler dans le costume d'un écrivain pendant plusieurs semaines. Il pressent bien le coup de trop, mais deux millions de dollars ne se refusent pas et il s'est trop engagé pour faire machine arrière. Alors, il endosse cette nouvelle identité et se prend au jeu, décidant même d'écrire sa bibliographie en attendant le moment où il pourra exécuter sa cible.

« L'écriture … est également une forme de guerre, qu'on livre contre soi-même. L'histoire, c'est ce qu'on porte, et chaque fois qu'on y ajoute quelque chose, elle devient plus lourde. »

Bien évidemment, tout ne se passe pas comme prévu, l'histoire devient vite passionnante à suivre, avec des virages auxquels on ne s'attend pas, des sauts dans le temps et l'apparition de personnages secondaires pittoresques qui introduisent de nouvelles intrigues dans la trame principale.

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Une des premières qualités de ce roman réside dans l'efficacité de l'écriture. Il faut reconnaître que Stephen King maîtrise parfaitement l'intrigue et sait toucher ses lecteurs, déployant un univers visuel, cinématographique, riche en descriptions et en beaux personnages.

Le début de l'histoire pourrait paraître assez classique et manquer d'originalité, mais c'est sans compter le talent incroyable de cet auteur qui sait surprendre, émouvoir. le roman est fluide, très agréable à lire avec du suspense, des rebondissements, des temps forts et des émotions. On sent chez l'auteur la volonté d'écrire un texte en apparence simple, de rechercher le mot le plus juste, tout en multipliant les différentes identités de Billy Summers, les points de vue.

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Ce que j'aime également chez Stephen King, c'est sa manière de donner vie à des personnages marquants, authentiques, complexes, emplis d'humanité.

A la fois sombre et tendre, implacable et touchant, Billy Summers est le genre d'antihéros ni bon, ni mauvais, auquel je ne n'ai pu que m'attacher. J'ai trouvé intéressant que l'auteur retrace son parcours par le biais du livre qu'il écrit. Cette mise en abyme éclaire en effet les traumatismes de son enfance, sa formation dans l'armée et son expérience de la guerre.

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King évoque à nouveau la fragilité de l'enfance, la solitude, le bien et le mal, les violences et les traumatismes, l'amitié et l'amour, la liberté d'écrivain, le pouvoir de l'imagination et l'acte d'écrire.


« Dans la réalité, les événements ne ressemblent jamais à ce que vous voyez dans votre tête, mais ce travail commence toujours par la visualisation. À cet égard, c'est comme la poésie. Les choses qui changent, les variables imprévisibles, les modifications : tout cela doit être géré sur le moment, mais au départ, il y a la visualisation. »

De plus, ce roman célèbre la littérature, source de réflexions et outil libérateur pour comprendre ses pensées, exprimer ses émotions, mettre des mots sur ses souffrances et ses blessures passées.
En effet, l'auteur nous fait voyager dans les livres qu'il affectionne : Billy Summers est cultivé, bibliophile. Ainsi, le roman d'Emile Zola « Thérèse Raquin » devient le fil conducteur du récit.
Thomas Hardy, William Faulkner, Charles Dickens occupent aussi une place de choix dans ce roman.

L'auteur n'hésite pas non plus à critiquer certains aspects de la société américaine, notamment la misère sociale dans certains quartiers, en nous plongeant dans le quotidien d'une petite ville américaine et même, au détour de quelques phrases, de lancer des piques à l'ancien président américain, Donald Trump.

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Alors, que dire ? « Billy Summers » est un roman efficace, tendre et fort, surprenant et percutant à la fois. Je l'ai dévoré en peu de temps, ce qui montre une nouvelle fois que Stephen King reste un étonnant conteur. Je quitte à regret ce roman qu'il m'a été difficile de lâcher, preuve de sa justesse, de son efficacité et de sa charge émotionnelle.
Billy Summers fait désormais partie de ces personnages inoubliables, incroyables d'émotions.

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Merci à mes compagnes de lecture, Nicola (@NicolaK), Doriane (@Yaena), Chrytèle (@HordeDuContrevent) et Anne-Sophie (@dannso) pour cette lecture commune. C'est toujours un plaisir de lire Stephen King avec vous.
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