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Critique de Antyryia



Ce n'est pas la première fois que le héros d'un roman de Stephen King perd du poids chaque jour.
Rappelez-vous de la peau sur les os, le roman qui a permis de découvrir quel célèbre auteur se cachait sous le pseudonyme de Richard Bachman.
Une malédiction gitane était alors à l'origine de l'amaigrissement affolant du personnage principal, Billy Halleck, dont les kilos s'évaporaient dangereusement.

C'est également ce qui va se passer pour Scott Chase.
Grand gaillard d'1m95, un bon quintal de muscles même s'il commence à devenir ventripotent, Scott n'a à quant à lui souffert d'aucun maléfice. Pourtant, tous les jours, il pèse 500 grammes de moins que la veille.
Mais il ne maigrit pas.
Plus étonnant encore, il pèse exactement le même poids nu ou habillé.
Il pèse exactement le même poids même en portant des haltères.
"Personne ne pèse le même poids nu qu'habillé. C'est aussi immuable que la gravité."
Son ami, médecin retraité, lui propose de faire des analyses plus poussées, mais Scott n'a aucune envie de devenir une bête de foire.
Et puis au fond, tous deux savent que son cas est unique et qu'ils ne trouveront aucune explication rationnelle.
"C'est comme si tu avais autour de toi un champ de force qui repousse le poids."
Mais le processus est-il irréversible ? Que se passerait-il si un jour Scott ne pesait pas davantage qu'une plume ?

Donc rassurez-vous, King n'a pas fait un copié-collé de son roman d'horreur publié en 1984.
Et même si la touche de surnaturel est omniprésente, elle est cette fois au service d'une intrigue bien plus humaine.
Un drame aigre-doux qui parfois fait sourire, parfois révolte, et laisse derrière lui une douce amertume, un pincement au coeur.

La petite ville de Castle Rock n'est pas réputée pour son ouverture d'esprit.
Sans penser à mal, juste dans le cadre des bonnes relations avec les riverains, Scott va demander à ses voisines de bien vouloir ramasser les besoins de leurs chiens qui apprécient beaucoup sa pelouse et y déposent de réguliers cadeaux odorants.
Mais pour Deirdre, sa demande s'apparente à une remarque désobligeante de plus, une réflexion gratuite que Scott n'aura de cesse de vouloir refermer, avec une réussite toute relative.
Elle et sa timide épouse Missy forment un couple lesbien, elles sont mariées, et refusent de s'en cacher.
Mais à de rares exceptions près, c'est toute la population de Castle Rock qui boycotte leur restaurant, qui les raille, qui désapprouve leur attitude.
Si encore les deux pestiférées ne s'affichaient pas ainsi en public, ça passerait peut-être à la limite, mais trop c'est trop.
Et notre héros, bien involontairement, leur a fait croire qu'il ne valait pas mieux.
Comment se faire pardonner ? Et comment intégrer ces deux horribles homosexuelles dans une communauté qui ne veut pas d'elles ?

Ce court roman parle tout simplement de la différence.
Qu'elle soit liée à la religion, à la couleur, à l'orientation sexuelle ou à une inexplicable perte de poids, peu importe.
Cette différence qui fait que certaines personnes nous regardent différemment, comme si nous n'étions pas normaux.
"Pourquoi se lamenter de ce qu'on ne pouvait changer ? Pourquoi ne pas l'accepter ?"
Que faire contre les préjugés, quand le regard de l'autre se limite à une caractéristique ?
"Elles ne se résument pas forcément à leur orientation sexuelle."

Elévation est une novella également pleine de tendresse, avec cette envie démesurée d'aider son prochain et de faire évoluer les mentalités en leur apprenant la tolérance.
En peu de pages, le lecteur passe par toute une gamme d'émotions, tant il s'attache aux différents personnages, partage leurs incompréhensions, leurs joies et leurs peines.
C'est un petit conte fantastique dont le titre, à prendre au sens propre comme au figuré, n'aurait pu être différent.
Certes pas l'oeuvre majeure de Stephen King, mais un récit qui laissera tout de même des traces arc-en-ciel.
Quand les larmes de pluie se mêlent aux rayons lumineux du soleil.

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