Léa est tout juste majeure, elle sort de l'hôpital où depuis quelques années elle enchaîne les séjours. Elle évoque très rapidement les raisons qui l'ont poussée un jour à arrêter de s'alimenter, mais s'attarde de façon imagée et très poétique sur son état du moment « Ma vie est un carré blanc sur un fond blanc. Comme une toile de
Kasimir Malevitch. Atone au premier regard. Plus subtile que ça dans le fond ».
Un jour où elle monte sur le toit de son immeuble, elle qui se dit « faite pour les équilibres instables », prend conscience qu'elle seule a les clés de sa guérison.
Elle se lance un défi : savoir si on peut avoir un vrai destin, être heureux en habitant à une adresse ordinaire dans une ville quelconque. Quelconque mais pas n'importe laquelle : le 21 bis avenue du
Maréchal Joffre, que l'on soit à Houilles (Yvelines) ou ailleurs. Et même le ailleurs fera l'objet de recherche pour le choix final des quatre villes / personnes sélectionnées.
Pour relever ce défi, elle doit partir, seule, couper le lien avec ses parents. Sa mère, qui a mis sa vie entre parenthèses, voire arrêté de vivre pour s'occuper de sa fille, se sent lâchée, abandonnée. Son père redoute son départ, mais la laisse partir, plus ou moins conscient des conséquences que cela pourra avoir sur l'équilibre familial.
Léa part ainsi à la rencontre des habitants du 21 bis avenue du
Maréchal Joffre à Mérignac, Biarritz, Tarbes et enfin La Colle-sur-Loup. Chacun leur tour, chacun à leur façon, Joseph, Milo, Marceau et Garance joueront un rôle crucial dans la reconstruction de cette jeune femme à la fois fragile et si forte, et surtout étonnante et bouleversante. Mais je vous laisse les découvrir.
J'ai aimé la construction alternée du roman entre le récit de Léa, à la première personne, et celui de tous les autres protagonistes, à la troisième personne. Alors oui c'est parfois un peu tiré par les cheveux, certainement improbable de voir les planètes s'aligner aussi facilement, mais malgré tout cela, ce roman m'a laissé une jolie note de fraîcheur, de douceur, de bonheur simple, de retour à l'essentiel, et ça fait du bien.