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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce tome peut être vu comme une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance préalable de la série mensuelle The Walking Dead. Il retrace l'histoire de Negan depuis sa vie avant l'épidémie, jusqu'à ce qu'il devienne le chef incontesté des Sauveurs. Il comprend les chapitres sérialisés dans les numéros 1 à 18 du magazine Image +, initialement parus en 2016/2017, écrits par Robert Kirkman, dessinés et encrés par Charlie Adlard, avec des nuances de gris appliquées par Cliff Rahtburn, et un lettrage réalisé par Russ Wooton. Comme la série mensuelle, ce récit est en noir & blanc, avec des nuances de gris.

Au temps présent, Negan est en train d'entortiller du fil de fer barbelé autour de Lucille. Dans le passé, quelque part dans une ville de banlieue, avant l'épidémie de zombies, Negan est un professeur de sport. Il lui arrive d'entraîner des élèves chez lui, au pingpong, sur sa table dans son garage. Il commente les performances de Josh en train de jouer avec lui, avec des remarques salaces sur sa mère. le gosse par en courant, suivi par ses 2 camarades. Negan se laisse choir dans son fauteuil en se rendant compte qu'il a commis un faux pas. Sa femme arrive pour l'admonester et le tancer. Negan s'excuse de mauvaise grâce, mais soudain sa femme tombe sans connaissance devant lui. Comme elle ne reprend pas connaissance, elle est emmenée à l'hôpital. le diagnostic s'avère mauvais : elle a un cancer. Negan accuse le coup, se donne à fond dans le sport, rompt avec sa maîtresse. Il l'annonce la nuit même à sa femme qi ne comprend pas pourquoi il a préféré rester avec elle qui va mourir, plutôt que de continuer sa relation avec l'autre.

Les jours passent, sa femme dépérit, se retrouve en fauteuil roulant, perd ses cheveux du fait de la chimiothérapie, se retrouve appareillée dans un lit médicalisé à l'hôpital. Negan veille sur elle, pleure en public, lui tient la main sur son lit d'hôpital. Il est dérangé par un interne qui ouvre grand la porte et qu'il lui dit que l'hôpital est évacué. Negan refuse de quitter le chevet de sa femme. Il voit une voiture brûler en bas, en regardant par la fenêtre. Il voit passer un traînard dans le couloir lui enjoignant de fuir. Il décide de barricader la porte de la chambre avec un lourd appareillage médical. Il voit les émeutes dans la rue, avec des groupes d'individus s'en prendre à des personnes isolées. Il se retourne vivement en entendant sa femme tousser dans son dos. Il se rend compte progressivement de l'état de sa peau. Il finit par la laisser et par sortir dans le couloir.

Dès le départ, le lecteur sait exactement ce que racontera le récit. Il sait qu'il n'a pas à lire cette histoire pour pouvoir apprécier la série mensuelle, et que ce qu'il glanera comme information sur Negan n'a pas d'importance. Dès le départ, le lecteur sait qu'il lui est impossible de résister à la tentation de lire ce volume hors-série, parce que la promesse de voir Negan cabotiner et tenir le premier rôle est une promesse trop belle. Alors même si l'histoire est déjà connue, il succombe à la tentation et savoure ces courtes 64 pages. le fait que le récit ait été prépublié dans le magazine Image+ ne se ressent pas, le récit étant d'un seul tenant. Sans surprise donc, le lecteur découvre ce que faisait Negan avant l'épidémie, les proches qu'il a perdus, la manière dont il a survécu, dont il s'est amouraché de sa batte de baseball, l'occasion au cours de laquelle il a récupéré son blouson en cuir, et son ascendant croissant sur les groupes qu'il a rencontrés, la raison pour laquelle il utilise un vocabulaire grossier et il émaille ses interventions d'images liées à la performance sexuelle et à la virilité.

Robert Kirkman connaît son personnage et il n'y a aucun raté. Il va même au-delà en montrant pour quelle raison Negan a choisi Lucille comme nom pour sa batte de baseball. le lecteur découvre même à quelle occasion lui est venu l'idée d'enrouler du fil de fer barbelé autour. Son parcours montre comment il s'est endurci au point de ne pas ressentir d'empathie, tout en voulant construire une communauté pérenne et relativement sécurisée. le lecteur voit également les événements qui ont conduit Negan à exécrer les violences faites aux femmes. En fait si au préalable de sa lecture, il avait dressé une liste des caractéristiques de Negan, il pourrait cocher au fur et à mesure que le scénariste montre d'où elles proviennent ou comment elles se sont constituées. C'en est presque trop parfait, trop systématique pour être naturel, trop circonscrit pour que le lecteur ait l'impression de découvrir quelque chose sur Negan, trop millimétré pour laisser place à la surprise. Dans le même temps, c'est exactement ce que le lecteur est venu chercher, Robert Kirkman répondant parfaitement à son horizon d'attente.

Le lecteur est donc aux anges et il peut apprécier le spectacle, en sachant très bien comment se termine cette phase de la vie de Negan. Robert Kirkman entre dans le vif du sujet dès la première page, avec Negan sortant une énormité sur le manque d'énergie que met un jeune adolescent à frapper la balle avec sa raquette de pingpong, en comparant cette mollesse à la vigueur de son poignet quand il se masturbe. le ton du récit est posé, et le lecteur n'a pas de doute sur le fait qu'il s'agit du même personnage. Il est un peu surpris de découvrir le mode relationnel que Negan entretient avec sa femme, beaucoup moins quand il voit qu'il la trompe, et qu'elle le sait. Ce tome est également l'occasion de retrouver Charlie Adlard s'encrant lui-même, ce qu'il a arrêté de faire sur la série mensuelle à partir du numéro 115 en octobre 2013. le lecteur voit sa forme d'encrage un peu plus pâteuse que celle de Stefano Gaudiano, transcrivant un monde où il n'est pas possible de prendre le temps de regarder dans le menu détail, quand on est trop occupé à survivre. Bien évidemment, les compositions de l'artiste n'ont rien perdu de leur force, de leur évidence, de leur approche pile entre les 2 yeux.

Même un peu moins découplée, la silhouette de Negan reste impressionnante. le lecteur peut lire son assurance dans ses postures. Il le voit accuser le coup devant la maladie de son proche en se courbant un peu comme s'il portait un fardeau trop lourd pour lui. Il le voit reprendre le dessus dès qu'il doit agir, ou plutôt réagir à l'intrusion des zombies dans l'hôpital. Au fur et à mesure du récit, Adlard affine sa silhouette, le fait se redresser. Lorsqu'il est proche d'atteindre la stature que le lecteur lui connaît, il commence à arborer son sourire enjôleur et ravageur. Lorsqu'il est amené à utiliser Lucille pour fracasser son premier crâne, le lecteur retrouve également son regard bestial de dément. Même s'il lui prenait l'idée farfelue de ne pas lire les dialogues, le lecteur pourrait voir l'évolution de l'état d'esprit de Negan rien qu'en regardant son visage et ses postures. L'artiste n'a rien perdu de sa capacité à faire naître des personnages simples et immédiatement reconnaissables. Ce savoir-faire donne une consistance étonnante au fait que Negan réussit à survivre, alors que ses compagnons de route successifs succombent les uns après les autres aux agressions de zombies.

Charlie Adlard n'a rien perdu de sa capacité à donner l'impression au lecteur de pouvoir se projeter dans l'environnement des personnages, même s'il n'est pas dessiné dans le détail. Cette faculté est apparente dès la première page, avec l'intérieur du garage de Negan, où est installée la table de pingpong, et des formes encrées évoquant les bidons qu'on peut trouver sur une étagère dans un tel endroit, sans qu'aucun ne soit reconnaissable. Il en va de même pour les appareillages médicaux présents dans la chambre de la malade, pour les abords d'une ville pavillonnaire, ou pour les arbres à la forme indistincte, à l'essence inidentifiable. Les pages comprennent en moyenne 6 cases, ce chiffre pouvant monter jusqu'à une dizaine, et il y a un dessin en pleine page, et plusieurs pages avec une case occupant les 2 tiers de la surface. Comme toujours les mises en scène sont limpides et d'une facilité exemplaire à suivre, et Charlie Adlard n'hésite pas à choisir des angles de vue en contreplongée, ou de plans rapprochés pour dramatiser un affrontement ou une réaction suite à une découverte choquante.

La première page comprend 4 cases de même taille, de la largeur de la page, où Negan entortille le fil de fer barbelé autour de Lucille. Cette page est reprise à l'identique à 8 pages de la fin. le contraste du noir et blanc, l'absence de tout mot transportent cette séquence dans le domaine du mythe. Il s'agit de l'acte de naissance de Negan, du moment où il forge son symbole. le lecteur assiste à la naissance d'une légende. le lecteur ressent cette dimension de mythe également dans les parallèles qu'il peut dresser avec la propre histoire de Rick. Il ne s'agit pas d'une coïncidence si Negan se trouve dans un hôpital quand l'épidémie survient, comme Rick a repris connaissance dans un hôpital, lors du tout premier épisode la série mensuelle. le fait que les convictions de Negan et sa psychologie sont façonnées par son rapport avec ses êtres chers constitue également une situation miroir de celle de Rick Grimes. En prime, le lecteur retrouve le charisme hors échelle de Negan, et ce bien avant la séquence de fin où il prend la tête des Sauveurs.

Robert Kirkman, Charlie Adlard et Cliff Rahtburn réussissent leur pari paradoxal : raconter l'histoire connue à l'avance par le lecteur, ne pas entamer la mystique du personnage, faire rayonner son aura. Negan ne ressort pas grandi ou renforcé du récit ; le lecteur en sort juste conforté dans ce qu'il savait déjà. Malgré tout, il a bénéficié d'une excellente lecture. Il n'éprouve aucun regret et même mesure sa chance d'avoir pu ainsi passer du temps supplémentaire avec Negan.
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🧟‍♂️ Walking dead NEGAN -
Robert Kirkman - Charlie Adlard - Cliff Rathburn 🧟‍♂️
Traduction : Edmond Tourriol/Makma
@delcourt_soleil_bd

Merci @lecteurs_com

Ce tome de la série Walking Dead est axé sur Negan. Qui est-il? Comment est-il devenu ce super méchant à la batte qu'on adore? On fait ici sa connaissance avant l'arrivée des morts-vivants lorsqu'il était marié et prof de sport dans un lycée. L'annonce du cancer de sa femme va bouleverser sa vie et l'arrivée des zombies va finir de la changer et de le changer. On va comprendre au fil des bulles, le cheminement qui va de Negan, le méchant propriétaire de Lucille.
Dans ce tome, il y a aussi des récits courts sur Michonne (trop la classe!), le gouverneur (que Negan a détrôné de rôle de méchant le plus méchant lol) et Tyreese.

À l'instar du tome 1 de Walking Dead, j'ai également beaucoup aimé cette lecture. Pour les mêmes raisons déjà, c'est-à-dire une histoire qui accroche tout de suite et des dessins très parlants, mais c'est surtout parce qu'il concernait Negan. Comme beaucoup je pense, j'adore détester ce genre de personnage : méchant, charismatique et mystérieux. Negan est un personnage phare de la série (même si il apparaît assez tard) et c'est forcément très intéressant d'en apprendre plus sur lui (et sa batte).
De plus les récits courts sur d'autres personnages emblématiques de la série sont comme des petits bonus. Ce tome est donc comme un petit bonbon (fort acidulé) qui complète la série.
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