La réalité, c’est que l’on peut traverser autant d’océans que l’on voudra, on n’échappe pas à ses origines. On les transporte avec soi, elles sont là, toujours. Comme un halo de lumière, ou un cauchemar, ou un plat répétitif qui apporte son lot de saveurs connues et d’effluves déplaisants.
Mes poèmes ont une prédilection pour l’aspect sordide de la chambre à coucher, les draps souillés. J’écris sur le sexe parce que je ne sais pas écrire sur l’amour, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. J’ai fait des tentatives, nombreuses, mais chaque fois j’ai l’impression de me trouver face à un mur lisse qui se referme sur moi et ne m’inspire qu’un sentiment de panique.
Je suis myope comme une taupe, handicap pouvant aussi se traduire en absence de discernement. La vanité m’interdit de porter mes lunettes, sauf en cas d’absolue et criante nécessité. Dix dixièmes d’acuité visuelle ne sont pas une motivation suffisante pour réduire mes yeux, que j’ai grands comme deux noix, et couleur noisette.