AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La figurante (5)

En descendant du train qui m'avait emmenée jusqu'ici, j'avais pris conscience que je n'aurais plus jamais peur de moi-même. La décision que je prenais à cet instant de ne pas abdiquer, de ne plus me contraindre à ce qu'on attendait, me procura la sensation d'un humble bonheur.
Un jour, quand j'en aurais la patience et le courage, je réussirais à restituer l'humilité de ce bonheur. Un idéal d'écriture qui dirait cette promesse, dans laquelle tout est invariablement acceptable; le vacillement, la confusion, la solitude et l'abandon des idéaux.
Contre laquelle je n'aurais jamais honte de trébucher, de me perdre. Le sentiment de n'être rien d'autre que ma propre quête.
Commenter  J’apprécie          130
Je suis née jolie, j’étais, dit-on, un beau bébé. Mais mon physique s’est peu à peu transformé, jusqu’à se muer en une inexplicable fadeur étant donné d’où je partais, étant donné les promesses de beauté qui régnèrent autour de moi durant une bonne partie de ma petite enfance. À l’adolescence, je devins comme beaucoup d’autres une fille un peu transparente dont seul le nez grossissait, laissant le reste de mon visage dans un état d’immobilité totale comparé à cette partie qui ne cessait de croître mais qui, Dieu soit loué, s’arrêta à temps avant qu’on ne puisse me définir comme une fille avec un grand nez. J’ai la peau blanche de mon enfance, des yeux marron, des cheveux châtains et un visage qui atteignit son aspect définitif vers vingt ans. Je n’ai pas fait mon âge jusque relativement tard, c’est ce qui me sauva. Pendant plus de quinze ans, ma peau ne s’est pas abîmée, l’ovale de mon visage avait hérité d’une bonne plasticité, quant à mes cheveux, ils gardèrent le plus longtemps possible une texture douce et brillante au toucher soyeux.
J’eus peu à peu en grandissant une certaine affection pour cette fadeur que je trouvais réconfortante.
Commenter  J’apprécie          20
Elle et lui sont les deux seuls de leur groupe à être réveillés. Les autres dorment, entrelacés, visage posé sur une épaule, jambes enroulées les unes autour des autres, on ne saurait très bien dire qui est amoureux de qui, s’il s’agit de couples ou d’êtres dont le sommeil n’est qu’un prétexte pour se toucher.
Elle et lui ressemblent à deux rescapés d’une mission, deux survivants contraints de voyager ensemble. Peut-être ont-ils passé les jours qui précèdent sans véritablement s’adresser la parole, et sans doute ont-ils choisi d’attendre la toute fin du voyage pour le faire, le moment ne s’était sûrement pas présenté, cette fois ils sont enfin seuls. Ils auraient pu feindre d’avoir sommeil eux aussi, mais non.
C’est là qu’ils décident d’évoquer leur jeunesse, c’est-à-dire la période de leur vie où ils avaient douze ou treize ans. Le garçon voudrait bien voir une photo d’elle à l’époque, elle cherche dans son téléphone avant de le lui tendre. Le garçon fixe la photo, la fixe elle, puis de nouveau la photo. Il plonge dans l’image, l’agrandit entre son pouce et son index et finit par lancer à la fille : « T’es canon en fait. »
Commenter  J’apprécie          20
Faire une vie. Et n’être finalement pas grand-chose de plus que soi. Avec peut-être quelques écarts que nous élaborons comme on peut pour nous rendre plus reluisants. Tenter de faire de son existence une bonne histoire. Notre vie consiste en une succession d’attentes au bureau de tabac et à la caisse de supermarchés, des moments pendant lesquels nous nous ennuyons au point d’imaginer une autre vie. Un décollement du réel.
Commenter  J’apprécie          10
Les définitions du monde sont une chose et la vie que l’on mène concrètement en est une autre. L’on ne peut pas se permettre – que ce soit pour soi, sa famille, ses proches ou ceux qu’on aime – de vivre selon les définitions du monde ; l’on doit trouver une façon, perpétuellement, d’être plus fort et meilleur que cela.
James Baldwin
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (84) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3673 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}