Celui qui aujourd'hui, à la cime de la vie,
Embrasse du regard son avenir comme un royaume
de fées,
Sera allongé, demain, puant, entre deux planches
étroites,
Et un pierre dira de lui : il fut !
Une victoire trop cher payée. Je ne l'aime pas. Rendez moi le prix qu'elle a coûté.
'' Prince, que cherchez-vous ici ? '' Acte III, scène V
Prinz Friedrich von Homburg oder die Schlacht bei Fehrbellin
HOHENZOLLERN.
Alors que sonne l'heure,
Que toute la cavalerie est en selle déjà
Et martèle du sabot les champs à la porte de la ville,
Il manque - qui ? Le prince de Hombourg, son chef.
A la lueur des flambeaux et des candélabres et des lanternes,
On cherche le héros - et on le trouve, où ?
Un somnambule, regarde, sur ce banc,
Où dans son sommeil, tu n'as jamais voulu le croire,
Le clair de lune l'a attiré, occupé,
En rêvant, semblable à sa postérité même,
A tresser la couronne somptueuse de la gloire.
Acte I, scène 1.
Et celui qui aujourd'hui, à la cime de la vie,
Embrasse du regard son avenir comme un royaume de fées,
Sera allongé demain, puant, entre deux planches étroites,
Et une pierre dira de lui: il fut.
(Le Prince, III, 5)
L'ÉLECTEUR :
De quel droit, pauvre fou, espères-tu cela
Si chacun, sur le char du combat,
Peut me prendre les rênes des mains?
Crois-tu que la chance va sans cesse, comme elle vient de le faire,
Récompenser la désobéissance d'une couronne de gloire?
Je n'aime pas la victoire qui, enfant du hasard,
Tombe comme à la loterie ; c'est la loi,
Mère de ma couronne, que je veux préserver,
Elle qui m'a engendré et m'a donné tant de victoires!
- Que vient faire ce gant ?
- Est-ce que je sais ?
O ce monde, ma mère, est si beau !
Ne me laisse pas, je t'en supplie, avant que mon heure ait sonné
Descendre parmi ces ombres noires !
[...]
Depuis que j'ai vu ma tombe, je ne veux rien que vivre
Et ne me soucie plus de savoir si c'est glorieux.
Tel porte aujourd'hui sa tête sur les épaules
Qui, demain, la laissera tomber tremblant sur sa poitrine
Et le jour d'après, la voilà qui gît à ses pieds.
Certes, un soleil brille aussi là-bas, dit-on,
Et sur des champs plus colorés qu'ici :
Je le crois volontiers ; dommage seulement que l'œil pourisse
Qui devrait contempler de telles splendeurs.
Quel rêve étrange ai-je rêvé ?! –
J'ai vu, étincelant d'or et d'argent,
Un château de roi tout à coup s'ouvrir
Et du haut de sa rampe de marbre
Descendait vers moi toute la ronde
Des êtres chers à mon coeur.