Cher monsieur M.

Tout le monde était au courant, tout le monde sauf les professeurs, mais c'était aussi pour cette raison qu'ils étaient professeurs, pour ne rien comprendre à ce qui se déroulait réellement dans un établissement scolaire.

Les gens préfèrent parler de rien du tout, cela dure depuis des milliers d'années, et à la plus grande satisfaction de tous. Je ne souhaite pas aborder ici le thème des courriels et des textos. Ils facilitent les contacts comme un laxatif facilite le transit. Mais si l'on prend trop de laxatif, on a la diarrhée, comme chacun sait.

Les profs sont dans l’ensemble des ratés. Ratatinés et frustrés. On ne résiste que quelques années, en tenant des discours creux sur l’idéalisme et la transmission du savoir aux générations futures, mais en définitive, une intelligence frustrée à ce point se ronge totalement de l’intérieur. Les professeurs ne font pas de vieux os. Ce n’est pas une question de savoir faire régner l’ordre ou non. Jour après jour, ils se tiennent devant une classe dont les élèves ont une intelligence aussi médiocre que la leur. Ils pourraient en principe continuer pendant des années. Mais chaque année, ils sont confrontés à quelques éléments dans le lot qui sont plus intelligents qu’eux. Ils ne peuvent pas le supporter.

Dans quelle mesure est-on conscient de sa médiocrité ? Est-on enfermé dans son propre esprit médiocre ou secoue-t-on les portes et les fenêtres pour le laisser sortir ? Sans qu’on l’entende jamais ? (p. 24)

- Parfois, j'écoute les conversations des gens sur leur téléphone portable dans le train, et je me demande si nous avons vraiment progressé depuis l'homme de Néandertal.

Si je me mets à vous parler de mes parents, je vais vous ennuyer (...). Ce sont surtout des personnes pathétiques qui n'auraient jamais dû faire d'enfant.

... je ... je vais repartir tout de suite, je vais à Paris, voir des amis.

"Peut-être devons-nous commencer par redéfinir le concept de tolérance, disait-il. Car qu'est-ce que cela signifie, en fait, quand on dit qu'on est tolérant ? Qu'on tolère les autres ? Les personnes qui ont une autre couleur de peau, une forme différente de religion, les personnes qui portent des anneaux dans les oreilles et sont tatouées, ou encore les femmes voilées, les gens d'une autre orientation sexuelle. Il n'y a pourtant strictement rien à tolérer. En employant le mot "tolérance", on se place au-dessus des personnes que l'on tolère. La tolérance n'est possible que si elle vient d'un sentiment profondément enraciné de supériorité. (...)"

Laura espérait qu'elles pourraient redevenir les meilleures amies qu'elles avaient été, peut-être quand la relation de Stella et Herman serait terminée, mais au fond, elle n'y croyait plus. C'était une tache sur une robe, ou sur son plus beau chemisier ; on saupoudrait un peu de sel sur le vêtement, on le lavait à quatre-vingt-dix degrés, la tache partait, mais les couleurs avaient pâli - on le suspendait dans un placard et on ne le remettait plus jamais.

Dans certains livres, l'écrivain est lui-même présent. En tant que personnage. Ou un personnage engage la conversation avec l'écrivain. Vous savez certainement à quels livres je fais allusion. Vous les avez vous-même écrits. (chap. 4)