Vous avez vu le film "Mississippi Burning" d'Alan Parker ? Personnellement, j'avais 15 ans quand j'ai découvert ce petit chef-d'oeuvre cinématographique et j'en ai encore des frissons. Eh bien, en lisant le nouveau roman de
Nicolas Koch, j'ai cru revenir 30 ans en arrière tant j'ai ressenti cette même sensation d'angoisse et de gêne qui m'avait dérangé à l'époque devant la mise en image de cette facette de l'histoire des Etats-Unis, pays qui se targue pourtant de donner des leçons d'humanité au monde entier.
D'humanité ici, il n'est plus vraiment question car, dans cette bourgade du fin fond de l'Alabama, n'est humain que ce qui est blanc. Et encore, même parmi les blancs, il y a ceux qui comptent et ceux que l'on peut sacrifier au nom de la cause.
Nicolas Koch nous le montre bien ici en démontrant à quel point les têtes pensantes locales de l'organisation du Ku Klux Klan sont prêtes à tout pour sauver leur organisation. Pour cela, elles se protègent et utilisent, tels des pantins, pour la basse besogne, les paumés, les surexcités du bocal à qui elles donnent l'occasion de penser qu'ils ne sont pas aussi ratés que la société a eu tendance à leur faire croire. Libres à elles, cependant, de sacrifier ces moutons décérébrés dès que cela commence à sentir le soufre et ce, afin de protéger leurs idéaux dépassés et pénalement indéfendables.
On découvre également, tout au long de la lecture, à quel point les mouvements de contestation et de révolte initiés par
Martin Luther King ont été particulièrement réprimés et combien cette lutte fut loin d'être une partie de plaisir, ce qui rend encore plus remarquable le courage de ceux qui, noirs ou blancs, ont combattu pour changer cette société inégalitaire. Quand le shérif, Conrad Miller, se réjouit de l'efficacité de ses canons à eau lors des manifestations et du fait qu'il fait le plein de ses "geôles" après celles-ci, on comprend à quel point on est parti de loin. Et pourtant, le shérif n'est pas le plus salaud de tous dans l'histoire car son opposition au changement social est plus dictée par l'angoisse de voir la société évoluer que par une haine féroce des noirs. La violence, dans le roman, va au-delà de cela puisque l'on assiste aux tabassages en règle voire aux expéditions punitives qui étaient, dans les années 60, le quotidien pour ceux qui osaient s'opposer dans les Etats du Sud à l'hégémonie de la race blanche.
La réussite de
Nicolas Koch réside dans le fait de recourir à un binôme aux ambitions opposées afin de mener l'enquête au coeur de ce Birmingham hostile. D'un côté, on a Paul Wesley, journaliste qui voit dans l'affaire du meurtre de Meredith Clarence, jeune fille blanche proche des mouvements pour la liberté noire, un moyen de décrocher, enfin, un scoop pour briller dans une rédaction où il se révèle être un peu le canard boiteux. de l'autre, l'agent spécial, Dwayne Olsen, débarqué à Birmingham pour rechercher Meredith et qui va se retrouver face à une situation qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Il va devoir gérer cet imprévu avec tact, malgré son inexpérience, afin d'éviter que l'influence des politiques, et surtout celle de Hoover, son patron, ne le mène à un nouveau Cold Case. de ce duo si antithétique,
Nicolas Koch va, petit à petit, créer un binôme soudé dont les objectifs vont devenir communs, et ce malgré les embûches et les tentatives d'intimidation.
Enfin, il est important de souligner que le but du roman n'est pas forcément de découvrir les noms des meurtriers car ils nous sont dévoilés rapidement au fil de l'histoire. La réussite là encore de
Nicolas Koch réside dans le fait de laisser espérer au lecteur que ces criminels seront bien condamnés même si cet espoir est fortement malmené jusqu'aux dernières pages, je peux vous le confirmer.
Concernant le style de l'auteur, eh bien, cela se lit tout seul. C'est un véritable plaisir. J'aime quand on me raconte une histoire sans partir dans des digressions stylistiques à n'en plus finir. Ici, c'est clair, net et précis à l'image d'une enquête qui se veut dure et efficace. En cela,
Nicolas Koch a rempli parfaitement le contrat et signe ici un roman qui mérite d'être découvert par le plus grand nombre.
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