Du Groenland à l'infini et retour ... What a day to be alive. Elle lit ma petite lettre. La nuit de printemps me donne vie et Sara m'embrasse. What a day to realize I'm not dead. L'amour m'a sauvée. And I realize. This is my coming-out story.
Des mains sales ne doivent pas toucher. Une âme souillée ne doit pas souiller. Un coeur sombre ne doit pas aimer.
La lumière n'éclaire pas quand on est dans l'obscurité.
Toutes les questions auxquelles je ne trouve pas de réponse reprennent vie et envahissent tous les recoins comme de petits vers. Je m’assieds et me branche sur Facebook avec mon iPad. Quatre notifications. Félicitations parce que je suis devenue tante. Quelques likes pour mes photos. Suggestion de jeu. Tag de ma sœur. J’appuie. Elle a posté une unique photo. Ma sœur tient le bébé propre dans ses mains propres. Son poids et sa taille. Le moment de sa naissance. (…) Je regarde le cher enfant, avant d’appuyer sur Evénements et de voir s’il y a du nouveau. Comme il n’y a rien, il est temps de retrouver les routines. Recherche, clic, Ivinnguaq, clic. Rien de nouveau. Est-elle en vie ? Je l’espère. Message, clic. Actif il y a 45 minutes. Yes. Elle est en vie.
One step, two steps
Counting tiles on the floor
Three steps, four steps
Guess this means that I’m a whore
Uh oh, hell no, how long ‘till I reach the door ?
Fuck me, my feet are sore
Tu te trouves sur une île sans rien autour. Tu te trouves sur une île sans possibilité de fuite. Tu te trouves sur la mauvaise île. Tu penses mal. Quand tu fuiras l’île, tu comprendras que ton mode de vie était erroné. Quand tu fuiras l’île, tu comprendras que tu peux retrouver un bon mode de vie.
Mes amis ont commencé à se poser des questions sur moi. Ils se demandaient où me situer. Quand mes amis ont commencé à se poser des questions sur moi, j'ai moi aussi commencé à me poser des questions. Je me posais des questions sur la raison pour laquelle ils se posaient des questions. Ma famille a commencé à avoir des doutes sur moi. Ils avaient des doutes sur qui j'étais. Quand ma famille s'est mise à avoir des doutes sur moi, cela m'a fait douter. Je me suis mise à avoir des doutes sur la raison pour laquelle ils avaient des doutes sur moi.
Si Dieu est une femme, elle est plus belle que Dieu. Sara. Je pique une gorgée de la vodka d’Arnaq. Pourquoi ne la vois-je que maintenant ? Qui est-elle ? J’ai envie de parler avec elle, de lui demander toutes sortes de choses. J’ai envie de lui demander d’où elle surgit soudain. Mais je ne le lui demanderai pas, puisque je viens seulement de la rencontrer !
– D’où surgis-tu comme ça, soudain ?
Je n’arrive pas à me contrôler.
– J’habite à Nuussuaq. Mon amie m’a invitée à la fête.
– Pourquoi est-ce qu’on se rencontre seulement maintenant ? je lui demande assez directement.
– Je crois bien t’avoir vue une fois dans le bus, sourit-elle d’un air étrange.
– Oui ? Quand ?
Elle se souvient de moi !
– Je sais pas. Je ne me rappelle pas. Mais si c’était toi, je crois que tu étais avec ton copain.
– Mon copain ? Piitaq ? Nous nous sommes quittés. Il y a longtemps, parce que je l’aimais pas.
Elle hoche la tête en souriant, car que pourrait-elle bien répondre ? Je viens seulement de la rencontrer, je suis obligée de me conduire plus normalement, sinon elle va croire que je suis un peu cinglée. Pourquoi est-ce que je ne peux pas mentir ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas tenir ma langue ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas me la fermer ? Est-ce que, sans le savoir, j’aurais fumé quelque chose ? Ça ne se peut pas. Je crois qu’on doit se sentir comme ça quand on a pris de la drogue.
Piitaq. Un homme. Trois ans. Des milliers de projets. Des millions d’invitations à dîner. Séances d’aspirateur et de ménage qui tendent incessamment vers l’infini. Souvenirs faux qui s’enlaidissent. Baisers secs qui se figent comme du poisson séché. Il faut éviter le mauvais sexe. Mes orgasmes simulés sont de moins en moins crédibles. Mais nous continuons à faire des projets.
Les journées s’assombrissent. Le vide en moi s’agrandit. Mon amour n’a plus aucun goût. Ma jeunesse vieillit. Ce qui me maintient en vie se dirige uniquement vers la mort. Ma vie s’est usée, flétrie. Quelle vie ? Mon cœur ? C’est une machine.
Je suis obligée d’accepter que je suis seule. Je suis née seule et mourrai seule. Ce n’est pas uniquement mauvais d’être seul. C’est surment quand quelqu’un vous aime que vous aimez quelqu’un. Si on s’aime soi-même, on n’est pas solitaire, quand on est seule. Look at me, all positive.